L’année 2020 restera comme une succession d’épreuves. Confinement, arrêt des courses pendant deux mois, un mois de reprise de courses en mode huis-clos, des règles d’accueil du public drastiques durant l’été et l’automne avant une nouvelle période de courses en huis-clos renforcé, dans le cadre du confinement en phase II de l’ensemble du pays. Nous avons voulu « sonder » quelques professionnels, aux profils différents, rencontrés lors de la réunion lavalloise du 1er novembre.
Au travers nos différentes rencontres, dimanche 1er novembre à Laval, trois grands thèmes se dégagent sur la période que nous traversons : 1/ l’inquiétude générale sur le présent reconfinement avec les craintes par tous de son impact sur les enjeux PMU ; 2/ l’actualité propre à la filière du trot avec notamment les opérations à destination des parieurs comme les émojis ; 3/ l'obligation pour certains de faire encore plus et différent dans cette période.
1/ l’inquiétude générale sur le présent reconfinement avec les craintes par tous de son impact sur les enjeux PMU
La gravité du moment est partagée par tous. Avec en filigrane, le sentiment que la filière s'en sort plutôt bien en pouvant encore exercer. L'entraîneur Sylvain Dupont explique ainsi : « Il faut qu’on s’estime à peu près heureux de pouvoir courir déjà. C’est vrai que la formule du huis-clos casse tout le charme des courses. Après le problème vont être les enjeux PMU. C’est le nerf de la guerre : il faut qu’on arrive à sauver les enjeux PMU du mieux qu’on peut. »
Sur le même sujet, Joël Van Eeckhaute analyse : « Le huis-clos, je pense qu’il est nécessaire par rapport à toutes les directives nationales. Le Covid est là et les restrictions sont légitimes. On peut courir et continuer à travailler, c’est le point positif pour notre profession car décider tout de suite de ne pas courir pendant un ou deux mois aurait été catastrophique pour l’ensemble de la filière. Le sentiment est qu’il faut que le jeu continue. S’il n’y a pas de jeu, il n’y a pas de courses. La crainte est de savoir si les enjeux vont continuer et suivre par rapport au fait que des points PMU sont fermés. Je pense que les prochaines semaines seront décisives de ce point de vue. Les premières tendances annoncent des chiffres à -40 %. Il ne faudrait pas que cela soit plus catastrophique que cela. »
Alice Dubert, de son côté, oscille entre espoir et inquiétude : « Le reconfinement actuel ne nous impacte pas vraiment car on peut continuer à travailler. Le souci c’est le pari et on est tous d’accord qu’il y aura moins d’enjeux. Je veux rester optimiste sur le présent car je pense qu’il y a de plus en plus de gens qui jouent sur internet et on a vu que les chiffres, après le premier confinement, quand on a recouru à huis-clos, n’étaient pas si catastrophiques que cela. Cela nous donne un peu d’espoir. Mais en même temps, ce confinement me fait un peu sourire car je trouve qu’on n’est pas si confinés que cela. En fait, je pense que dans quinze jours, cela ne va pas être la même musique. En France, on n’a pas de discipline collective et je vois bien dans mon village [dans la Manche], tout le monde bouge, se promène… J’ai peur pour les courses dans quinze jours. »
Pour Jean-Pierre Dubois, les courses s'en sortent plutôt bien : « Il faut s’estimer heureux de pouvoir courir et de faire encore rentrer de l’argent. Demander plus pour les courses en période de confinement, quand beaucoup d’activités sont arrêtées, semble difficile. » Aymeric Thomas se projette dans les prochaines semaines avec un certaine inquiétude : « Par rapport à d’autres corps de métiers, on a la chance de pouvoir travailler. On est pour l’instant carrément privilégiés. Mais les chiffres du PMU risquent de nous rattraper dans très peu de temps. À moyen et court terme, cela me semble compliqué. Le "online" [l'internet] a décollé pas mal mais, si on arrive à faire 50 % du chiffre d’affaires, ce sera déjà beau. Et c’est insuffisant pour continuer sur plus d’un mois. Si j’ai une inquiétude aujourd’hui, ce sont les chiffres du PMU dans les semaines et mois qui viennent. » On retrouve ce même discours dans la bouche d'Arnaud Desmottes : « Professionnellement, le jour des courses, il n’y a rien qui change, sauf évidemment qu’il n’y a pas de public. J’appelle juste les joueurs à jouer, le plus grand nombre à jouer. Le nerf de la guerre est financier. On est satisfaits de courir et d’avoir des allocations. Tant que c’est possible, tant mieux. Un deuxième arrêt des courses serait très dur pour notre profession. »
2/ L’actualité propre à la filière du trot
Les discours autour des parieurs et des propriétaires, présentés par les actuels dirigeants de LeTROT, trouvent un écho favorable dans les expressions des différents professionnels rencontrés. Mais Sylvain Dupont tient à replacer ces priorités dans un contexte général : « Il ne faut pas oublier qu’on est globalement en peine depuis déjà longtemps. On traversait une période difficile avant le Covid. On voyait que les champs de courses se vidaient, que les enjeux diminuaient. C’est vrai que tout le monde se pose la question de vouloir ramener du public et des nouveaux et jeunes joueurs. » Tous les acteurs des courses perçoivent les nouvelles actions entreprises actuellement par LeTROT. Il y a l'expression d'une reconnaissance à l'action. Pour Sylvain Dupont : « Il est fait des choses. Il y a des efforts de fait. » Pour Arnaud Desmottes : « On ne peut pas reprocher aux dirigeants d’essayer. Ils tentent de faire bouger les choses avec les émojis par exemple. Il faut avoir un peu de recul pour juger. » Aymeric Thomas : « Il ne faut pas jeter la pierre. Je trouve que les dirigeants ont le mérite de bouger depuis un petit moment et dans une période qui n’est pas simple. »
J’appelle juste les joueurs à jouer. Le nerf de la guerre est financier.
Arnaud Desmottes
Si on veut avoir de jeunes joueurs, je pense qu’il faut les amener à un jeu très simple : on gagne ou on perd comme le "1-N-2" des paris sportifs.
Sylvain Dupont
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