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Actualité - 30.09.2022

Les raisons du succès du marché des yearlings de Caen

L’édition 2022 des ventes de Caen se place à un niveau d’activité jamais vu à ce jour. Même si ce jeudi a été plus terne (lire en page 3), au soir du sixième des huit jours de vente de yearlings, le chiffre d’affaire cumulé affiche +21,1 % sur celui de 2021, pourtant l’année des records. Le marché de Caen est actif, c’est incontestable avec un niveau d’activité remarquable, compris entre 75 % et 80 % de vendus à chaque vacation. Quels sont les secrets de cette réussite ? Une première réponse émerge d’emblée et de manière très partagée. Le catalogue et la qualité des chevaux présentés est en hausse. Pourquoi ? Comment ? Notre dossier.

Commençons par le constat partagé. "La qualité des yearlings proposés à Caen, par leur pedigree et leur présentation, a progressé de manière importante. Particulièrement lors des trois ou quatre dernières années", précisent certains observateurs, acheteurs et vendeurs, dans les allées des ventes. Monette Lemelletier, coordinatrice de ces ventes, confirme : "C’est vrai que les choses ont bien changé depuis les débuts en 1986. Aujourd’hui, les éleveurs se sont rendu compte qu’il fallait sélectionner, bien élever et bien présenter pour vendre. Je constate qu’il y aussi de l’émulation entre les éleveurs qui regardent ce que font ceux qui vendent le mieux. Dans ce sens, je pense que les ventes de Caen ont apporté leur contribution à cette évolution vers le haut de l’élevage. Dès lors, le yearlings type de Caen se vend plus cher." L’émulation est un de mots-clés de ce constat. Mais l'émulation est plus générale encore.


L’émulation concerne l'ensemble du marché des yearlings. Dans ce cas, on peut parler de sélectivité augmentée, portée dans le segment de la sélection par Arqana Trot par exemple. "L’ensemble du marché a évolué vers le haut. Et les ventes de Caen ont fait de même dans la partie de son marché", ajoute encore Mme Lemelletier. "Nous sommes en fait un acteur de complémentarité à Arqana Trot et aux autres acteurs de ventes publiques. Il ne faut pas oublier nos origines, celles de donner la possibilité à des éleveurs de vendre leur produit quand, dans les années 1980, ils n’avaient pas de réseaux pour le faire. Et aujourd’hui, un vrai marché intermédiaire s’est créé de plus en plus professionnel."

Des vertus de la concurrence
Il y a encore d’autres facteurs qui doivent être évoqués concernant le cas de Caen. L’arrivée d’un nouvel opérateur comme Auctav a pu jouer aussi, développant une forme de concurrence entre les acteurs des ventes et, par contrecoup, définir des critères de présentation à la hausse. Dans le même temps, le retrait d’Osarus Trot de sa place normande d’Argentan, pour se redéployer en Mayenne (avec une prochaine vente le 6 octobre), a pu laisser un nouvel espace à la place caennaise.

La place accrue des consignataires
En quelques années, la présence des consignataires – ceux qui présentent les poulains dans le cadre d’une préparation spécifique – s’est renforcée. Aujourd’hui, la plupart des grands acteurs du secteur est présente à Caen – à l’exception notable d’Emmanuel Leclerc (Élevage Madrik). On y trouve le Haras d’Écouché, de l’Être, de la Paumardière, d’Atalante, de Vire, l’Ecurie Foxglen, Gaby Pension Equine, etc.
Nicolas Menand du Haras d’Écouché nous éclaire sur la façon dont il aborde les rendez-vous caennais : "Ce qui est essentiel à nos yeux, et c’est le message que nous passons à nos clients, c’est qu’il faut trouver le bon marché pour chaque yearling. Cela dépend des papiers et de la maturité des poulains au moment de la présentation en vente. C’est un peu comme aux courses, il faut mettre un poulain dans sa bonne catégorie. Il y a aussi la dimension financière. La préparation pour Caen est plus courte que pour Deauville car nous recevons les yearlings après les ventes d’Arqana Trot. Ils ont donc souvent trois semaines au maximum de préparation, sachant que nous ne présentons qu’en deuxième session, vers la fin septembre. Les coûts sont donc inférieurs et mieux vaut quelquefois vendre un peu moins cher à Caen que plus cher à Deauville car la marge finale est supérieure. Et pour nous, c’est important de présenter un meilleur résultat pour un éleveur qui va ensuite réinjecter dans la filière. Le fait aussi que les ventes de Caen affichent dorénavant des prix plus élevés font qu’elles sont plus regardées de la part de certains éleveurs. Tout cela concourt à ce qu’il y a de plus en plus de préparateurs à Caen."

Dominique de Bellaigue : "Tout a changé en quelques années"
Vendeur-éleveur fidèle des ventes de Caen, Dominique de Bellaigue fait le même constat d'évolution qualitative de l'offre : "Le trot a beaucoup changé ces dernières années, depuis l'élevage jusqu'à l'entraînement. On n'a plus les mêmes poulains à Caen. Il suffit déjà de regarder le catalogue dans son index étalons. Les pratiques d'élevage et la présentation se sont améliorées. Pour ma part, les yearlings travaillent dans un marcheur par exemple, ce que je ne faisais pas avant. Un autre atout de la vente de Caen est qu'elle reste un marché direct entre vendeurs et acheteurs en comparaison au marché d'intermédiaires de Deauville par exemple, un marché plus "sophistiqué"."

Malgré la présence accrue des consignataires, il reste encore beaucoup d'éleveurs qui interviennent en direct à Caen, comme Dominique de Bellaigue (lire ci-dessus). À 74 ans, Christian Germain est aussi du rendez-vous. Il présente six lots cette année à Caen après s'y être lancé l'an dernier avec deux élèves. Il remarque le rôle grandissant des courtiers : "À Caen, c’est le modèle qui compte le plus. Et il faut constater que les chevaux sont mieux présentés qu’avant. On peut aussi remarquer que les courtiers venaient peu à Caen dans le passé. Ils sont plus présents dorénavant et, sur les beaux lots, leurs interventions génèrent des hausses des prix, peut-être de 30 à 40 %."
Courtier, Thomas Bernereau est ainsi présent à Caen : "On constate une professionnalisation de la présentation à Caen. C’est le résultat d’un ensemble d’éléments mais tout part des éleveurs qui font de plus en plus d’efforts. Les yearlings sont désormais préparés, présentent des masses musculaires, sont manipulés, souvent ferrés devant, la crinière faite. Je trouve qu’il y a aussi de plus en plus de présentateurs professionnels. On peut d’ailleurs remarquer que cette année le top price a été réalisé par Écouché, comme aux ventes de Deauville il y a quelques semaines. Aujourd’hui, c’est le cheval qui n’est pas bien présenté qui se fait remarquer (dans le mauvais sens). Je considère que c’est toute une filière d’élevage qui s’améliore, depuis l’alimentation jusqu’à la préparation des ventes."
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