Jean-Pierre et Jean-Paul Gauvin frères de toutes les disciplines
Jean-Paul Gauvin n'avait pas de partants dimanche dernier. Aucun de ses représentants Julry n'a foulé un hippodrome. Et pourtant le professionnel de la Loire était bien aux courses. À ParisLongchamp précisément. Et il a connu l'un de ses plus grands succès. Il est en effet l'un des propriétaires associés d'Iresine, le vainqueur du Prix Royal-Oak, le Groupe 1 de fin d'année des stayers, ces athlètes de la tenue par excellence. Et pour faire bonne figure, le cheval est entraîné et copropriété de son frère Jean-Pierre. Triomphe complet des frères Gauvin qui emmènent avec eux une bande des copains comme nous l'apprend Jean-Paul dans le feu de l'action dimanche, juste après la grande victoire.
Ce n'est pas une victoire comme les autres. Pour aucun acteur et/ou membre de l'entourage d'Iresine (Manduro). Ni pour Jean-Pierre Gauvin, pourtant entraîneur chevronné et classique avec le Prix du Jockey Club (Gr.1) à son palmarès grâce à Saônois (Chichicastenango), qui remporte avec ce Royal-Oak son deuxième Groupe 1. Ni pour la jockey Marie Vélon qui décroche son premier titre au niveau suprême. À 23 ans, la pilote est déjà capée et va conclure sa saison en tête de la Cravache d'Or féminine pour la troisième année consécutive. Ni bien sûr pour Jean-Paul Gauvin (à droite sur la photo) et les autres amis associés sur Iresine. Le professionnel du trot parle à chaud de "grande victoire avec beaucoup d’intensité".
Ces hommes, femmes et familles qui font tomber les frontières
Les connexions trans-disciplinaires aux courses sont souvent rattachées à des figures hippiques. Les familles Dubois et Baudron sont depuis toujours sur tous les fronts hippiques. Leurs succès de Groupe 1 au galop ne se comptent plus y compris comme éleveurs. Citons
Ask For The Moon (Dr Fong) pour Jean-Pierre Dubois dès 2004. Ils sont cette année au cœur de la réussite d'
Onesto (Frankel) - lire notre
édition du 30/09.
Philippe et Gitte Allaire viennent d'investir lors des dernières ventes de yearlings deauvillaise (310.000 € pour
Aqua Augusta, une fille de
Lope de Vega) alors que leur fille Elisabeth est désormais entraîneur au galop. Ils sont actifs au galop depuis plusieurs saisons avec un effectif qui monte en puissance. Sous l'angle des connexions familiales, le professionnel du trot Aymeric Thomas est le frère de Ronan, jockey de plat.
Des grands propriétaires de galop ont développé ou développent un effectif au trot. La casaque bleue Wildenstein ou celle de Gérard Augustin Normand en est une illustration. Dans l'autre sens, de nombreux professionnels du trot ont des représentants au galop, souvent en obstacle comme Franck Leblanc, Jean-Michel Bazire et d'autres.
Le schéma frères entraîneurs en plat et au trot reste aujourd'hui représenté par les frères Gauvin.
Une association ancienne qui a connu des hauts et des bas
Jean-Paul Gauvin a ses propres couleurs au galop - les mêmes qu'au trot : bleu clair et orange. Mais cela fait plus de trois ans qu'elles n'ont pas été vues en piste (le 5 janvier 2019 avec
Viomenil). Désormais, ses chevaux, en association, courent sous les noms d'amis et associés, Bertrand Millière dans le cas d'
Iresine. Quand est née l'histoire de Jean-Paul Gauvin au galop ? Il y a longtemps nous apprend-il :
"Notre association au galop avec mon frère est une vieille histoire qui remonte à trente ans. Cela ne se passait pas trop bien à une époque et Jean-Pierre ne voulait plus me faire prendre de risque. Il y a donc eu une pause jusqu’à ce que je relance mon frère il y a cinq ou six ans. J’ai acheté avec lui trois yearlings à Deauville. On s’est arrêtés sur la route du retour pour appeler des copains et s’associer sur ces achats. Maintenant, on est quatre ou cinq associés sur une dizaine de chevaux. On partage de bons moments et aujourd’hui c’est la cerise sur le gâteau. On vit pour les chevaux et par les chevaux. Et tous mes moments de plaisir, je les passe encore avec les chevaux dans un milieu différent mais dans le même esprit, avec mon frère qui est quelqu’un d’exceptionnel."
Des échanges fraternels entre des métiers différents mais avec des dénominateurs communs
De prime abord, Jean-Paul Gauvin parle des différences entre son métier d'entraîneur de trotteurs et celui de son frère, son homologue au galop :
"On discute, on échange beaucoup entre nous mais cela reste des métiers différents autour de disciplines différentes, avec la même matière première qui est le cheval." Puis, très vite, les similitudes apparaissent aussi avec un frère
"qui a l’esprit trotteur. Il se met à cheval, entretient lui-même sa piste. C’est sa force et sa faiblesse mais surtout sa force à mon avis. Je dis toujours qu’on fait un travail d’artisan. La réussite, c’est le résultat d’une chaîne avec plein de maillons qui ont tous leur importance. S’il en manque un, vous ne gagnez pas un Groupe 1. Tout a son importance. L’observation des chevaux, leur nourriture, leur travail avec le rôle essentiel tenu par la piste. La piste, c’est le Stradivarius du violoniste. Si vous avez l’oreille mais pas le bon instrument, vous ne ferez jamais de belle musique. Il faut sentir sa piste, ses chevaux. Notre travail est une addition d’observation, d’analyse et de passion. Comme dans beaucoup de domaine, ce sont le travail et la passion réunis qui paient".
Iresine, un achat judicieux et une carrière en progression
Acheté 6.000 € à la vente d’octobre de yearlings d’Arqana 2018 à Deauville,
Iresine n'a débuté qu'à 3 ans. Une sorte de carrière
"à la trotteur" qui l'a vu monter en progression vers le sommet Groupe 1. Il a remporté sa première Listed à 4 ans à Vichy avant d'enchaîner sur un premier Groupe 3. Cette année, il est passé à l'étage supérieur des Groupes 2 en s'imposant dans le Prix Foy (Gr.2) précédant des candidats au Qatar Prix de l'Arc de Triomphe (Gr.1). Et il a monté la dernière marche dimanche dans le Prix Royal-Oak (Gr.1).
Au trot : des associations synonymes de pression
L'éleveur des Julry partage aussi au trot certains de ses représentants avec des amis mais avoue ne pas vivre dans ce cas-là le même plaisir qu'au galop. Il nous en donne les raisons :
"Je suis déjà associé avec d’autres copains au trot. Mais l’association d’amis, avec moi et sur mes chevaux, c’est une pression supplémentaire. Quand je cours pour une association d’amis, cela me met une pression supplémentaire. C’est encore une nouvelle responsabilité et on en a déjà bien assez comme cela."
Installés à moins de 30 kilomètres l'un de l'autre
Jean-Paul et Jean-Pierre Gauvin sont installés dans la Loire. Un point commun qui les lie aussi dans leur "originalité". Leurs sites d'entraînement sont distants de moins de 30 kilomètres, au nord de Saint-Etienne.