Patrick David : "notre priorité est la défense des allocations"
Au lendemain du Conseil d’Administration de LeTROT qui a fait l’annonce d’une augmentation des encouragements de 7,2 millions d’euros en 2023, soit +3 % sur 2022, il s’agit de comprendre la méthode qui a permis à la société mère de proposer de tels engagements. Le volume global des encouragements distribués avoisirena les 300 millions d’euros l’an prochain. Patrick David, l’homme des chiffres de l’équipe dirigeante, nous décrypte les données prévisionnelles de 2023.
Le contexte économique du moment n’a rien pour porter à l’optimisme béat. Après deux années estampillées Covid et avec la traîne des conséquences de la toujours et même crise sanitaire, 2022 a vu la montée en puissance dans l’économie mondiale d’un choc énergétique et du réveil de l’inflation dans des zones qui en étaient largement protégées ces deux dernières décennies, dont l’Europe au premier chef. Impossible de ne pas faire ce bref rappel des faits avant d’entrer dans un échange sur la construction d’un budget pour 2023.
Montant des encouragements au trot (allocations, primes à l’éleveur, autres primes)
■ prévisionnel 2023 : environ 300 M€
■ estimatif 2022 : environ 290 M€
■ 2019 : 250 M€
24H au Trot.- Sur quelles bases de travail avez-vous opéré pour construire le budget 2023 ?
Patrick David.- Il y a deux événements qu’il faut dissocier et qui nous ont permis de décider cette augmentation de 3 % des encouragements pour l’an prochain. Commençons d’abord par la clôture de l’année 2022. On peut parler d’une bonne gestion de l’année qui se termine, grâce notamment aux équipes du PMU qui ont fait un exercice un peu meilleur que ce que nous avions provisionné. De notre côté, nous n’avons pas connu d’événements exceptionnels défavorables de type Covid. Tout ceci nous permet de finir l’année avec un excédent de 11 millions d’euros alors que nous avions budgété 7 millions d’euros. On dégage un résultat positif supérieur de 4 millions à ce qui était prévu. Ce sont ces 4 millions d’euros que nous avons décidé d’allouer aux socioprofessionnels sous forme de "prime inflation", en considérant que nous avons tous mieux travaillé que ce qui était initialement prévu. Et dans ce "on", j’intègre tous les contributeurs : les professionnels qui ont offert des courses attractives, les équipes du PMU et de LeTROT qui ont su respecter leurs budgets de fonctionnement.
La prime inflation
Patrick David : "Elle sera à l’image que ce nous avions fait avec la prime Covid. Elle sera destinée aux chevaux qui n’ont pas particulièrement performé. Cette prime vise à soutenir tout un ensemble de professionnels dont ceux qui ont pu connaître une mauvaise année mais qui contribuent au succès de notre système de courses. Notre force est notre modèle pyramidal et cette prime inflation, comme l’était la prime Covid, sera orientée vers les acteurs qui sont un peu moins au devant de la scène."
Et que faîtes-vous des 7 autres millions excédentaires de 2022 ?
On les met dans les réserves de la société. On a beaucoup amélioré les réserves depuis qu’on est arrivé aux manettes de LeTROT. Ces réserves sont la garantie de pouvoir faire face à une ou plusieurs mauvaises années en particulier pour sécuriser les allocations.
Revenons à l'année 2023 pour laquelle le Conseil d’Administration a décidé une augmentation des encouragements de 7,2 millions d’euros.
Ce n’est pas une année propice pour faire un exercice budgétaire "tranquille" avec des sujets comme l’inflation et le pouvoir d’achat qui s’y invitent. On est toujours en situation de crise, la sortie de Covid laissant la place à une crise économique. Nos bases de travail pour cet exercice budgétaire ont été les suivantes :
1/ le PMU doit continuer à nous apporter une progression de son résultat, soit parce qu’il continue à réduire ses charges, soit parce qu’il augmente son chiffre d’affaires ;
2/ tous les services de LeTROT continuent à travailler avec la même envie de ne dépenser que ce qu’il est utile. C'est-à-dire d’avoir une gestion très stricte. La variable énergétique jouera ainsi un rôle important. Un exemple : ce sera 4 millions d’énergie (électricité et gaz) en plus en 2023 pour tous nos sites ;
3/ on se doit de continuer à redresser les allocations dans ce contexte difficile pour les socioprofessionnels.
Les chiffres clés de 2022
■ excédent budgétaire 2022 de LeTROT : 11 M€ (contre 7 M€ initialement prévu)
■ ventilation des 11 M€ : 7 M€ portés en réserve et 4 M€ reversés en 2023 sous forme de "prime inflation"
■ global des encouragements pour 2022 de l’ordre de 300 M€
On a construit notre budget 2023 avec un résultat nul en termes de résultat (c'est-à-dire à l’équilibre strict). C’est une année où on aurait pu accepter un déficit budgétaire, ce que nous n’avons pas voulu. Par contre, en compilant toutes nos données, on a la place pour permettre une hausse des encouragements de 7,2 millions d’euros, à partir de la fin du meeting d’hiver. On a vraiment actionné tous les leviers pour arriver à ce budget optimisé. Cela donnera une enveloppe d’environ 300 millions d’euros en 2023. On a gagné 50 millions depuis 2019 (N.D.L.R. : l’équipe actuelle s’est installée en 2020).
L’aménagement du futur siège Thémis impacte t-il les comptes 2023 ?
L’année 2023 sera quelque part l’année la plus défavorable avec à la fois les charges de Thémis, du siège actuel de la rue d’Astorg et du déménagement. À partir de 2024, on pourra dégager entre 1 et 1,5 million d'euros lorsqu’on n’aura plus qu’un seul site à charge. Le Comité décidera de l’orientation à prendre avec Astorg incluant par exemple le scénario de conservation du patrimoine avec une revenu locatif.
Par rapport à votre mandat qui promettait de créer de la valeur pour la filière et de lui reverser, quel bilan tirez-vous de la clôture de votre troisième exercice ?
Nous avions mis en avant au début de notre mandat trois aspects fondamentaux :
1/ Mieux s’occuper de notre rôle d’administrateur du PMU. Cela a été mis en œuvre par Jean-Pierre Barjon et le lien étroit entre les sociétés mères et le PMU se traduit aujourd’hui par des bonnes performances de l’opérateur. On ne peut que constater la contribution positive du PMU à la filière à travers ses résultats ;
2/ La saine gestion de LeTROT sous forme d’une entreprise. C’est une association qui délivre en termes de résultat des allocations de courses. Son résultat ne peut donc être une variable d’ajustement au détriment du versement des allocations. Nous réaffirmons que LeTROT est une association qui doit avoir un esprit et un fonctionnement d’entreprise dans sa recherche de performances et de résultat. Je pense qu’on a atteint cet objectif ;
3/ Dès que les performances s’amélioreraient, nous avions annoncé qu’il y aurait une redistribution vers les socioprofessionnels – dans lesquels j’inclus les propriétaires – par l’intermédiaire des encouragements. C’est ce que nous avons fait.
Pour résumer, nous avons fait ce que nous avions annoncé dans ces trois aspects (1/ mieux s’occuper de ce qui rentre avec le PMU -2/ mieux gérer l’interne et tout son écosystème (l’AFASEC, la FNCH, Equidia, etc.) dans une logique d’entreprise -3/ orienter les bénéfices dès qu’ils existent vers les encouragements).