Les mâles, c'est l'heure de montrer les muscles !

Course à enjeux multiples que cette édition 2022 du Prix du Calvados. D’abord, il s’agit de savoir si les femelles confirment leur suprématie du moment sur les mâles, au monté. Ensuite, un certain nombre de concurrents ont à revoir leur copie, à deux semaines du jour J, et à démontrer leur efficacité retrouvée. Enfin, à la faveur d’une « perf », la qualification au « Cornulier » et à l’ « Ile-de-France » est à la portée de quelques-uns d’entre eux, par ailleurs insuffisamment pourvus en gains. Autrement dit, c’est la course de tous le suspenses !

Si Expresso Good (Prince Gédé) peut être rangé dans la catégorie des outsiders, pendant que Freeman de Houelle (Vigove) doit se racheter, après une série d’échecs, Fado du Chêne (Singalo) vient de laisser une très bonne impression à l’attelage –une spécialité qui ne passe pourtant pas pour être son fort–, concluant à une belle cinquième place dans le Prix Jean Dumouch (Groupe 3), et il est tout à fait à même de se rappeler au souvenir de ses homologues féminines, d’autant qu’il a déjà remporté la
course de demain ; c’était en 2021 et il y avait pour dauphin Freeman de Houelle (voir notre photo de une). À tous les deux de montrer à nouveau leurs muscles, demain, et de se réapproprier une spécialité qui échappe à leur sexe ces derniers temps. Mentor de Freeman de Houelle, Franck Leblanc ne cache pas partir un peu dans l’inconnu : « À l’entraînement, le cheval paraît très bien. Benjamin Rochard va le découvrir, dimanche. On va changer de tactique, le monter différemment, en le faisant attendre et en venant de derrière ; devant, cela ne va plus. On va bien voir. »

L'attrait de l'aspect qualificatif

Good Girl Marceaux (Jag de Bellouet) tente, de son côté, un drôle de pari, franchissant plusieurs paliers d’un coup, sachant qu’elle reste sur trois victoires dans des courses D et s’attaque, cette fois, à un Groupe 2. C’est ce qui s’appelle monter de catégorie ! Mais ce Prix du Calvados qualifie ses trois premiers aux Prix de Cornulier et de l’Ile-de-France. Ses gains, inférieurs à 200.000 euros, ne lui permettant pas l’accès direct à une participation aux deux compétitions reines de l’hiver, Good Girl Marceaux tente là son va-tout, sous la selle de l’Etrier d’Or, Alexandre Abrivard, en la compagnie duquel elle est invaincue. Sa contemporaine, Get Lovely Délo (Hulk des Champs), est un peu dans le même cas, au même titre qu’une ou deux autres. C’est là tout l’attrait de ces tournois qualificatifs.

Quant à Julien Le Mer, il compte sur Fado du Chêne : « Cette course est un objectif. Mon cheval revient à ses amours de jeunesse, ayant été un an sans porter l’homme (N.D.L.R. : le fils de Singalo n’a pas reparu sous la selle depuis sa disqualification, dans ce même Prix du Calvados, l’hiver dernier). Il est bien, en très belle condition. Il reste sur de bonnes courses, attelé. Il est devenu plus « cool » en compétition. Il vieillit bien. Je suis impatient de le voir à l’œuvre. La course de dimanche va nous dire si on va sur la belle ou non. Avant le coup, j’y crois. »


Fado du Chêne n’est pas le seul, au départ, à s’être déjà imposé dans le Prix du Calvados, puisque la tenante du titre, Fantaisie (Un Mec d’Héripré), est également en lice. La protégée de Nicolas Bridault a, toutefois, présentement, besoin de rassurer, car elle demeure sur une disqualification dans les premiers mètres du Groupe 2 Prix Paul Buquet ; préalablement, elle avait aligné cinq succès. Hirondelle du Rib (Rolling d’Héripré) vient, pareillement, de commettre l’irréparable, en début de parcours, dans le Prix Bilibili (Groupe 1), et nous doit, elle aussi, une revanche. Après avoir souffert d’une jambe, Gladys des Plaines (Opus Viervil), gagnante des Prix du Président de la République, en 2020, et de Normandie, en 2021, revient au mieux, selon son entraîneur, Gilles Curens, mais va devoir le prouver in situ, sous la monte d’Eric Raffin. Une autre incertitude plane sur la candidature de l’individualité la plus riche du lot, la presque millionnaire Etoile de Bruyère (Kénor de Cossé), dont la forme est sujette à caution et qui n’aura assurément pas la tâche facile, ferrée des quatre pieds ; cela dit, il faut avoir en mémoire que, ces trois dernières années, la pensionnaire de Charles Dreux a été à l’arrivée tant du Prix du Calvados que du Prix de Cornulier : troisième et deuxième, en 2020, puis cinquième et troisième, à la fois, en 2021 et en 2022.


Les femelles dominent, actuellement, la discipline du trot monté. Absentes, ce dimanche, mais annoncées dans le championnat du 22 janvier, les Flamme du Goutier (Ready Cash), dernière lauréate en date de celui-ci, Granvillaise Bleue (Jag de Bellouet), récente signataire d’un exceptionnel record, Hanna des Molles (Village Mystic), qui s’est imposée dans le nouvellement créé Prix Bilibili (Groupe 1), voire Happy and Lucky (Ready Cash), qui s’en est classée deuxième, après avoir enlevé le Prix de Normandie (Groupe 1), témoignent largement de cette hégémonie. Celle-ci est corroborée par les résultats des trois derniers Groupes 1 ayant rendu leur verdict dans la spécialité, avec cinq juments aux cinq premières places dans le susnommé Prix Bilibili et, plus encore, sept pouliches aux sept premiers rangs du Prix Jag de Bellouet, tandis que c’est aussi une femelle, Jessy de Banville (Boccador de Simm), qui a brillé dans le Prix de Vincennes. Dès lors, en prolongement, il est significatif que les « filles » soient largement majoritaires au départ de cette édition du Prix du Calvados. Ainsi sont-elles au nombre de neuf, face à trois « garçons » seulement. Le réveil de ceux-ci va-t-il enfin sonner ?

Cette course est un objectif. Mon cheval revient à ses amours de jeunesse, ayant été un an sans porter l’homme. Je suis impatient de le voir à l’œuvre
Julien Le Mer