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Actualité - 14.01.2023

Calgary Games over, Idao de Tillard en killer

Même si on se posait la question dans notre édition de vendredi soir de savoir si on allait être un moment ou à un autre au bout de nos surprises dans le feuilleton des qualificatives des Prix d'Amérique Races ZEturf, il était difficile d'imaginer un nouvel épisode comme celui de ce samedi. En l'espace de quelques dizaines de minutes, on a appris consécutivement l'abandon de Calgary Games (Readly Express) pour son aventure française hivernale et assisté à une démonstration d'Idao de Tillard (Severino). La première information est inattendue et s'apparente à un nouveau séisme dans le camp scandinave alors que la seconde conforte l'habit de favori que devrait endosser le 5 ans de Thierry Duvaldestin dans deux semaines.

Tout a commencé par la diffusion en début d'après-midi samedi d'un communiqué sur le site de Menhammar Stuteri, copropriétaire de Calgary Games (Readly Express) avec Timos Nurmos : "L'entraîneur du cheval, Timo Nurmos, n'était pas sûr de la forme de Calgary Games depuis une semaine et, lors d'un examen vétérinaire aujourd'hui (lire samedi), des symptômes d'une légère infection de la gorge ont été découverts. Dans l'intérêt du cheval, il est décidé qu'il ne prendra pas le départ du Prix de Belgique demain. Cela signifie aussi qu'il ne pourra pas participer au Prix d'Amérique dans deux semaines. Calgary Games rejoindra la Suède et le Haras de Menhammar la semaine prochaine pour se préparer à la prochaine saison de reproduction".
Le feuilleton Calgary Games : des rebondissements à la pelle
Un plan préparé de longue date
Le projet de remporter le Prix d'Amérique 2023 avec Calgary Games prend donc fin avant même d'entrer dans sa dernière phase. L'impitoyable réalité du sport et des courses en a décidé autrement. Préparé et planifié de longue date, la mission américaine du champion suédois s'était construite sur des bases peu banales. Le pensionnaire de Timo Nurmos avait été retiré officiellement de toute compétition à 5 ans pour se consacrer à sa première saison de monte et ne pas être tenté par les sirènes suédoises de l'Elitloppet. Le tout dans une logique de carrière à plus long terme. Son premier objectif était depuis l'hiver dernier le Prix d'Amérique 2023.

Un rétroplanning initial avec deux courses préparatoires dont une qualificative
Le timing avait ensuite été construit sous la forme d'un rétroplanning qui partirait du 29 janvier 2023, le jour J. Après avoir travaillé sur le site du haras de Menhammar (par ailleurs éleveur et copropriétaire du cheval), le 5 ans invaincu s'est requalifié en un temps record le 2 novembre à Solvalla. Il a ensuite réintégré l'établissement de son entraîneur Timo Nurmos pour monter dans les tours. Vainqueur lors de sa rentrée, à Solvalla toujours, le 14 décembre, il a ensuite rejoint Grosbois trois jours avant le Prix d'Amérique Races ZEturf Q4 - Prix Ténor de Baune (Gr.1) où il a été disqualifié sur faute en plaine, connaissant alors sa première défaite. Un tsunami dans le camp suédois mis sur le compte de pieds sensibles lors d'une tentative déferrée sur la piste de Vincennes qu'il découvrait. Le sujet de la qualification, obligatoire pour un candidat insuffisamment argenté (655.000 €), s'impose alors comme une épée de Damoclès prête à tomber. Le plan B passe par le Prix d'Amérique Races ZEturf Q6 - Prix de Belgique (Gr.2) ce dimanche.

Une validation de partant tardive et la réapparition des fers
Dès lors que la possibilité de lui trouver une place au départ du Prix de Belgique était acquise, en début de semaine, la certitude de retrouver Calgary Games dans les partants est devenue une évidence. Pourtant, son entourage n'a pas voulu communiquer immédiatement. Il a fallu attendre jeudi à neuf minutes de la clôture des partants (11h51) pour voir valider la monte de Björn Goop sur Calgary Games, après un ultime travail de contrôle par Timo Nurmos à Grosbois. On découvre alors que le cheval, dans son ultime chance de se qualifier, évoluerait ferré - contrairement donc à son échec dans la Q4 et à ses deux victoires de Groupe 1 en Suède, obtenues pieds nus. Le projet américain de Calgary Games trouve ce samedi sa fin prématurée avec le retrait du champion et la confirmation que des doutes existaient ces derniers jours, selon les propres mots du communiqué de Menhammar : "Timo Nurmos n'était pas sûr de la forme de Calgary Games depuis une semaine et, lors d'un examen vétérinaire aujourd'hui (lire samedi), des symptômes d'une légère infection de la gorge ont été découverts."

Un verrouillage de l'information
Peu d'information (pour ne pas dire aucune) n'avait fuité cette dernière semaine sur Calgary Games. Timo Nurmos et les siens ont procédé dans le silence à tel point que le site suédois sulkysport.se relevait jeudi dernier : "Ces derniers temps, il y a quelque chose qui n'allait pas avec Calgary Games. Je comprends que Timos Nurmos veuille éviter la pression (...) mais il aurait pu mieux gérer les relations avec les médias."

Quels enseignements ?
La course perd dimanche son protagoniste le plus attendu et l'un de ses principaux leviers scénaristiques, avec la course à la qualification de Calgary Games. Elle ne fera pas le plein non plus avec une place désormais vide. En cette nouvelle année, à l'heure des vœux, on se dit que c'est dommage. Et si la mise en place d'un système de réserviste(s) corrigeait cette absence ? Pour la beauté du sport, une telle course, convoitée pour ses tickets d'or, culminerait en intérêt avec 18 partants. Happy Valley (Royal Dream), 19e engagée classée sur la liste au moment des partants et première éliminée, aurait pu, comme réserviste prioritaire, réintégrer le casting pour participer aussi au spectacle. Dans un tel scénario, avec un non partant connu à 24 heures de la course (impossible évidemment de le faire à quelques heures seulement de l'échéance), la réintroduction d'un réserviste ne serait-elle pas la preuve d'un système agile et réactif ? Moderne en un autre mot ?


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Happy Valley, première éliminée de la Q6
Prix de Croix–Sulky World Cup 5 Ans Q4

IDAO DE TILLARD FAIT LE JOB

Grand favori, il va de soi, de ce Groupe 2, où il ne rencontre que ses seuls contemporains, Idao de Tillard ne déçoit pas en s’imposant sûrement, aux dépens d’un quatuor féminin cosmopolite et talentueux. Auteur du même doublé, Critérium Continental-Prix de Croix, que celui réussi par Hohneck, l’an passé, il assoit ses prétentions à la plus haute marche du podium dans le Prix d’Amérique Legend Race. À plus forte raison en l’absence du suédois Calgary Games, non partant dans le Prix de Belgique, dimanche, et voyant, ce faisant, s’envoler en fumée tout espoir de participation au championnat du 29 janvier.

Thierry Duvaldestin avait annoncé la couleur : à quinze jours de l’échéance, il ne voulait pas voir son champion avoir une course dure. La prévision était de courir prudent, dans les autres, comme l’on dit, et de venir sur les premiers en progression, sachant, de surcroît, qu’Idao de Tillard (Sévérino) n’en fait pas plus qu’il ne le faut, le matin, se montrant placide et froid ; c’est la compétition qui lui permet, seule, de donner le meilleur de lui-même et il faut préserver cela, si l’on veut le voir s’épanouir et durer.

Le plus rapide au signal et, après un intermède, le premier au poteau
Idao de Tillard est prompt sur jambes, le plus rapide au signal, en vérité, mais, comme on pouvait s’y attendre, il a tôt fait de se laisser déborder. Habilement, Clément Duvaldestin le place derrière Callmethebreeze (Trixton), qui va le ramener sur un plateau, dans une course menée sans grand train –1’14’’5 au kilomètre, pour le tour de piste ; 1’15’’3, pour ce qui est de la réduction kilométrique finale–, où le favori va se contenter de contrôler la situation dans la dernière ligne droite, décourageant les velléités successives d’Inoubliable (Prodigious), à l’extérieur, de l’italienne Cash Bank Bigi (The Bank), en dedans, et de la suédoise Imhatra AM (Muscle Hill), Idylle Speed (Carat Williams) complétant, à la cinquième place, ce tir groupé de femelles.

L'entourage d'Idao de Tillard aux balances

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Dans les pas d’Upsalin…
Le Prix de Croix n’est pas, forcément, le meilleur tremplin en vue du Prix d’Amérique. Il est vrai que celui-ci n’est pas gagné si souvent que cela par un 5 ans, puisqu’ils ne sont que seize, depuis les origines de la course, créée, rappelons-le, en 1920, à s’y être imposés à cet âge. Pour le plaisir, énumérons-les, de Face Time Bourbon, en 2020, à Pro Patria, un siècle plus tôt, en passant par Bold Eagle, en 2016, Offshore Dream, en 2007, Verdict Gédé, en 1992, Delmonica Hanover, en 1974, Upsalin, en 1969, Roquépine, en 1966, Ozo, en 1963, Newstar, en 1962, Masina, en 1961, Jamin, en 1958, Feu Follet X, en 1954, De Sota, en 1939, Javari, en 1936, et Reynolds, en 1922. Or, il faut remonter à cinquante-quatre ans, c’est-à-dire en 1969, pour trouver un auteur du doublé, la même année, du Prix de Croix et du Prix d’Amérique. Il s’agit, en l’espèce, du champion d’Henri Levesque, Upsalin, qui avait remporté, préalablement, comme Idao de Tillard, deux Groupes 1 à l’attelage, à 4 ans, à savoir le Critérium des 4 Ans et le Critérium Continental (N.D.L.R. : Upsalin s’était aussi octroyé, monté, le Prix du Président de la République). Inutile de chercher plus loin l’exemple à suivre, dans deux semaines, pour le représentant de Cyril Sevestre.

Dans le bon timing
À chaud, Thierry Duvaldestin commente, en ces termes, la prestation de son protégé : "Il n’y a pas eu beaucoup de rythme, mais ce n’est pas grave, car il s’adapte à tout. Il remplit son contrat et fait son travail. Aussi, je suis satisfait. Mais, en même temps, je suis conscient que nous n’avons pas une marge énorme. Ce n’est pas un extra-terrestre ! Le jour J, cela va se jouer au parcours." Au sulky du champion, Clément Duvaldestin a eu de bonnes sensations : "Je suis content pour mon cheval. On n’est pas allé très vite et il n’a pas pris dur. C’était l’objectif, avant le coup, car, dans deux semaines, cela va être, sûrement, la course la plus difficile de sa carrière. Alors, on se doit de le ménager. Il n’y a pas cent mètres à l’arrivée. Il faut rester concentré. On est dans le bon timing. Aujourd’hui, il n’avait pas d’artifices, ni enrênement, ni quart d’œillères ; il avait juste un débouche-oreilles, que je n’ai pas utilisé, car il a bien répondu, de lui-même, aux attaques finales."
Du côté des dauphines, les regards sont tournés vers le Groupe 1 Sulky World Cup 5 Ans - Prix Bold Eagle, disputé le jour du Prix d’Amérique, sans Idao de Tillard, ce qui leur retire une épine du pied, ainsi que le souligne Benjamin Rochard, partenaire de Cash Bank Bigi, deuxième aujourd’hui : "J’avais ma jument au bout des doigts, avec du bon "gaz". Le gagnant était au-dessus. Si on a la bonne course dans le Prix de Bold Eagle, on est en droit d’espérer la victoire."
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4e | SWC 5 ANS Q4 - PRIX DE CROIX
Att - 2850 m - Groupe 2 - 120 000 €
IDAO DE TILLARD 1'15"3
Severino x America de Tillard (First de Retz)
Driver : C. Duvaldestin - Entraîneur : Th. Duvaldestin
Propriétaire : C. Sevestre - Eleveur : Ec. Chaunion
2e Cash Bank Bigi 1'15"3 The Bank x Settenote Club
3e Inoubliable 1'15"4 Prodigious x Dream Life
4e : Imhatra Am - 5e : Idylle Speed - 6e : Mister Invictus - 7e : Chance Ek

D'où vient-il ?

Idao de Tillard provient de l’élevage de Francoise Chaunion. Vendu 27.000 euros yearling sur le ring de Caen, il est le fruit du rapprochement de deux gagnants de Critérium Continental (Gr.1), Sévérino 1’11’’, son père – un "Tillard", même si son nom ne l’indique pas –, et Classe de Tillard 1’12’’ (Workahoklic), sa grand-mère. Avant "Idao", ces deux-là étaient deux des trois meilleurs représentants de l’élevage maison, le troisième étant le millionnaire Bonheur de Tillard 1’11’’ (Podosis).

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