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Actualité - 30.01.2023

Un triomphe parti d'une très bonne idée !

C'est l'histoire d'un mec aurait dit Coluche. D'un mec pas comme les autres dans les courses. Son label d'élevage Berry est une signature devenue fameuse et a maintenant plus de vingt ans d'existence. La "régionalité" est d'ailleurs une dimension importante de la réussite de Michel Aladenise. L'homme a lâché son activité professionnelle il y a une quinzaine d'années, mettant ses deux concessions automobiles en gérance. Depuis, il se consacre à 100 % à son élevage, à ses chevaux. "Je ne suis pas un rêveur par nature" nous avait-il déclaré l'été dernier. Il l'a encore répété tout le week-end, comme triomphateur à son corps défendant de la plus grande course mondiale. Histoire d'un éleveur pour lequel tout a commencé par une très bonne idée !

L'idée en question est une trotteuse. Idée du Corta (Battling Joe) est la jument souche de tout l'élevage de Michel Aladenise, installé dans l'Indre. Elle est la grand-mère d'Hooker Berry (Booster Winner) et sa descendance compte à ce jour 21 vainqueurs (7 comme mère, 12 comme grand-mère et 2 en position d'arrière grand-mère). Une descendance qui affiche des gains cumulés de 5.263.730 € ! Idée du Corta a été élevée dans le Cher, département voisin, par la famille Morand. On retrouve déjà la fibre régionale au lancement de l'aventure hippique qu'a rappelé l'éleveur et propriétaire berrichon dans le Grand debrief d'Equidia dimanche : "J’avais échangé à l’époque avec Bernard Morand Idée de Corta contre une voiture. Voilà le début de l’histoire."

La poulinière de base, Idée du Corta
Idée du Corta (Battling Joe et Salsa des Quartes par Chambon P)
10 produits dont 8 qualifiés et 7 vainqueurs pour un total de 51 victoires et 2.370.965 € de gains cumulés
◊ Les 7 vainqueurs d’Idée du Corta :
Dayana Berry 1'11''1 (Scipion du Goutier) (F) - 10 vict. - 431.630 €
Attila Berry 1'13''5 (Nice Love) (H) - 6 vict. - 187.485 €
Tequila Berry 1'12''0 (Kesaco Phedo) (F) - 7 vict. - 374.280 €
Roxane Berry 1'17''3 (Laetenter Diem) (F) - 1 vict. - 15.100 €
Quokine Berry 1'11''7 (Chef du Châtelet) (F) - 10 vict. - 890.580 €
Paolo Berry 1'13''6 (Camélia du Donjon) (M) - 3 vict. - 208.090 €
Osaka Berry 1'13''8 (Caballio In Blue) (F) - 14 vict. - 263.740 €
◊ 12 vainqueurs par ses filles (71 vict. et 2.857.625 € cumulés) et 2 par ses petites filles (3 vict. et 35.140 €)
◊ Total descendance : 21 vainqueurs pour 125 vict. et 5.3263.730 € cumulés

Cet épisode d'un autre temps aurait pourtant pu tourner court car Michel Aladenise a rapidement douté, continuant à expliquer : "Ensuite, après avoir obtenu Idée du Corta, je n’ai pas eu de chance... Elle était chez Loïc Lerenard et ne s’est pas qualifiée. Elle m’a fait comme premier produit Osaka Berry que j’ai mise en vente au Marault (la vente de l’Association de Trot du Centre-Est). Elle ne s’est pas vendue, je l’ai rachetée de mémoire 1.000 €. Un mois et demi plus tard, j’ai aussi mis en vente Idée du Corta. Même résultat. J’ai dû la racheter 2.000 €. Peu après Patrick Labrousse qui venait de débourrer Osaka Berry m’a dit, ça va très bien. J’ai alors décidé que plus rien n’était à vendre."

Idée du Corta comme descendante de Speedy Crown
Si le troc cheval/voiture est le début de l'histoire, le pedigree avait aussi quelque chose à voir. L'éleveur nous avait déclaré l'été dernier (à retrouver dans notre édition du 14 septembre 2022) : "Ce qui me plaisait chez Idée du Corta, c’est qu’elle véhiculait le sang de Speedy Crown comme fille de Battling Joe. Ce dernier n’avait pas vraiment bonne réputation mais devait être l’un des deux ou trois fils de Speedy Crown à exercer en France à l’époque. Or, on sait toute l’importance qu’a eue l’ouverture du stud-book français aux grands étalons américains dans les années 1980 et 1990 et c’est vraiment pour cela que j’ai "acheté" Idée qui n’était pas une très grande jument. Sa production est pleine de sang mais gentille. Une fois qu’ils ont compris, tout roule. Regardez quel amour de cheval est Hooker Berry." Ce trait commun de gentillesse à la production d'Idée du Corta est d'ailleurs repris par Jean-Michel Bazire quand il explique ses audacieuses révérences au public dans le final : "Quand le public est là, autant faire le spectacle et le show. Et j'avais un cheval qui s'y prêtait merveilleusement bien. Hooker Berry est un véritable poney, il n’a jamais galopé de sa vie."

Le remerciement à Hooker Berry dimanche

© JLL - LeTROT
Le choix de Booster Winner pour Love You
Le mariage de Booster Winner avec Osaka Berry (Caballio in Blue), qui donnera Hooker Berry, est à la fois dicté par la raison ("J’aime bien cet étalon d’autant plus que mes juments croisent bien avec Love You") mais aussi par l'opportunité. Après avoir été à l'étalon, on lui offre l'année suivante une saillie gratuite pour une jument de première catégorie : "On ne m’avait jamais fait un cadeau pareil ! Je ne pouvais pas refuser, je leur ai proposé de mettre Osaka Berry qui avait déjà commencé à bien reproduire." La mère d'Hooker Berry a une yearling, Mosaka Berry, de Royal Dream (Love You encore) et a été pleine de Galius (Love You toujours).

Des grands résultats mais aussi des épreuves
Michel Aladenise est au mitan de la soixantaine. Tout a commencé dans les courses il y a presque quatre décennies par l'intercession d'un ami, Philippe Joyeux. L’homme a ensuite tout appris à pas de course, en autodidacte, par l’observation, le questionnement et les rencontres. Après ses premiers chevaux, à la fin des années 1980 (première victoire de sa casaque avec Sire des Bertrands (Héros de Biziat), le 17 avril 1988 à Lyon-Parilly), il devient vite éleveur avec Calinamamia (Quadrophénio). Cette dernière conclut sa carrière avec 199.030 € de gains et donnera un produit à Michel Aladenise en Lorenzo Malia 1’18 (Tarass Boulba). Morte au haras après son premier produit, elle sera aussi à l’origine d’une épreuve importante et fondatrice pour l’éleveur (à retrouver dans notre édition du 14 septembre 2022) qui nous avait confié : "Sa disparition a été un coup de bambou qui m’est tombé dessus. J’ai alors hésité à arrêter. Et je me souviens encore de mon père qui m’a dit "N’arrête pas". J’avais besoin d’entendre ces mots et ils résonnent encore dans ma tête. Mon père m’a aidé pendant mes travaux et me soutenait mais n’avait jamais eu de chevaux à lui. Cet encouragement a été déterminant à ce moment de doute." Depuis d'autres épreuves ont accompagné la vie d'éleveur de Michel Aladenise qui nous a confié ce dimanche : "L’élevage n’est pas toujours facile. J’ai eu droit à des catastrophes. C’est comme cela, il faut se relever. Et un jour, on a un poulain comme les autres dans les boxes à la naissance qui gagne le Prix d’Amérique (Hooker Berry)."

Quokine Berry permet la bascule vers l'élevage comme seule activité
Depuis 2008, à l'âge de 51 ans, Michel Aladenise s'est retiré de son "business" initial, laissant ses deux concessions automobiles en gérance. "Si j'avais continué, j'aurais fait un burn out tellement je me donnais à ma vie professionnelle", nous a-t-il confié. Les premiers produits d’Idée du Corta, Osaka Berry (Caballio In Blue – 263.740 €), la future mère d’Hooker Berry, et Paolo Berry (Camélia du Donjon – 208.090 €), sont (très) bons. Mais c’est la suivante, Quokine Berry (Chef du Châtelet – 890.580 €) qui projettera vraiment l’élevage dans la sphère classique. Et grâce à elle donc, en 2008, il se lance dans ce qui est devenu sa passion : "Quokine a été un déclic. Avant elle, les chevaux ne pouvaient pas nourrir quelqu’un, par exemple en lui procurant des revenus. Pour moi, ce n’était que la passion qui comptait. Avec Quokine, et ses victoires classiques et semi-classiques, cela a changé. Ensuite Tequila Berry a pris aussi pas mal d’argent puis Dayana, Darling. À mes débuts, je cherchais à faire des compétiteurs et j’ai eu des vainqueurs parisiens ! Pendant longtemps, je n’ai eu que quatre ou cinq juments. Des gens me demandent des recettes mais je n’en ai pas. L’élevage réclame beaucoup d’humilité et de mettre en pratique ce qu’on a envie de faire. Pour ma part, il y a, je pense, des choses à ne pas faire, comme la consanguinité très rapprochée. J’ai étudié les lois de Mendel (le "père" de la génétique) à l’école et la génétique m’intéressait déjà beaucoup. Il m’en reste cette conviction que les croisements consanguins trop rapprochés sont contreproductifs."

Michel Aladenise vu par Jean-Michel Bazire
"Michel est quelqu'un de très réservé qui ne veut jamais déranger. C'est une belle personne. Il m'amène tous les ans quatre ou cinq poulains prédébourrés et bien éduqués. Les décisions sont faciles à prendre avec Michel."
crédi© Province Courses
Avec Osaka Berry et Mosaka Berry en juillet 2022

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