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Actualité - 31.01.2023

Le cinq majeur de Jean-Michel Bazire

En l'espace de vingt-quatre ans, il aura remporté cinq fois le Prix d'Amérique. En menant au succès dimanche Hooker Berry (Booster Winner), il a rejoint au rang des quintuples lauréat Franck Nivard, lequel a fini 2ème de cette édition 2023. Énumérer les succès de Jean-Michel Bazire c'est comme feuilleter le grand livre du trot français moderne avec son général en chef cinq étoiles, commenté par lui-même.

1999 : Moni Maker, l’envol de la future icône
Lorsque Jean-Michel Bazire s’installe sur le sulky de Moni Maker le 31 janvier 1999, il n’a évidemment pas son statut de légende d’aujourd’hui. À 27 ans, le driver vient juste de décrocher son premier Sulky d’Or et affiche 732 victoires dont 529 à l’attelé à la veille du Prix d’Amérique. Il est déjà désigné comme le futur grand du trot français et a été choisi dans une short-list des meilleurs pilotes du moment par l’entourage américain de la championne pour être son partenaire attitré en France. La prise de contact dans le Prix de Bourgogne, un mois avant le jour J est impressionnante, soldée par une victoire sous forme de leçon pour ses rivaux. Le jour J, il en sera de même avec un Jean-Michel Bazire sûr de son fait. Installée en tête en plaine, Moni Maker n’a jamais été approchée par la suite, avec un Jean-Michel Bazire qui lève la main… cinq mètres avant la ligne finale. C’est le jour de sa grande révélation publique.
"J’étais jeune. C’était la première fois que je menais une première chance dans le Prix d’Amérique. Je n’avais pas bien dormi la semaine précédente mais ce fut finalement une réelle balade en mer. Il n’y avait eu que le départ de stressant. Après j’avais gagné toute la route, pouvant savourer toute la ligne droite : j’étais sur un nuage. Pour un driver, entrer en tête dans la ligne droite d’un Prix d’Amérique quand tu ne l’as encore jamais gagné c’est un moment des plus magiques. En revanche, zéro pression de la part de l’entourage américain car je ne comprenais rien à ce qu’ils me disaient en anglais (rires). La seule chose qui m’inquiétait, c’était la volte. Ils ne voulaient pas que je fasse de canter donc il ne fallait surtout pas se manquer. J’ai d’ailleurs failli être au galop. Avec le recul je me rends compte ne pas avoir tout compris ce qu’il m’arrivait."


■ 2004 : Kesaco Phédo, au nom du père

C’est avec le statut de favori, associé à Kesaco Phedo, que Jean-Michel Bazire se présente au départ de l’édition 2004. Sa dimension d’entraîneur s’est démultipliée en quelques années grâce à une organisation copilotée par son père Michel. JMB a d’ailleurs un deuxième partant avec Jardy, lui aussi sous les couleurs bleues Wildenstein, confié à Jean-Philippe Mary. La victoire est une nouvelle fois très nette et trouve un écho particulier grâce au micro porté par le driver pour Canal+ et son historique 'fais pas le con Christophe'. Depuis 2001, la chaîne cryptée a récupéré la retransmission des courses. Durant cette période, JMB se prête volontiers au jeu des plateaux télé, interviews en tous genres, forçant au passage un naturel plutôt réservé et retenu. Il enfile sans rechigner son costume de leader de sa discipline. Sa notoriété grimpe en flèche. Jean-Michel Bazire fait une révérence au public quelques mètres avant le poteau d’arrivée puis lève ses jambes dans un V victorieux… après la ligne. Voilà l’image iconique de l’épreuve. Ce Prix d’Amérique reste unique au sein de la collection Bazire comme celui de la réunion père – fils. Un triomphe au nom du père.

Les drivers les plus titrés dans l'Amérique
Avec cinq victoires, Jean-Michel Bazire rejoint Franck Nivard au 3ème rang des drivers les plus titrés dans le Prix d'Amérique. Il en faudra un de plus pour rejoindre Alexander Finn et trois pour égaler le recordman Jean-René Gougeon.

"Il y avait beaucoup de stress. Mon cheval était au top, il avait super bien travaillé mais je ne pouvais aller devant. Prenant confiance au canter, je me suis dit que j’irai finalement en tête. Mais en course, je me suis fait charger par deux/trois chevaux sans chance : pas question de lutter car on serait allé à la mort. Dans la montée, j’ai réussi à me décaler de plusieurs épaisseurs et aux 500m c’était gagné. Une grande victoire familiale. C’était le résultat du travail de toute une équipe pour une casaque prestigieuse. La pression toute la semaine avait été bonne. J’ai tout lâché à la fin parce que c’était la première pour mon entraînement avec mon père à mes côtés. Et la dernière avec lui mais ça je ne le saurai qu’après…"

la première pour mon entraînement avec mon père à mes côtés
Jean-Michel Bazire

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2015 : Up And Quick, le patron fait la loi

Après avoir découvert Up and Quick en fin d’année 2013, Jean-Michel Bazire en devient le partenaire attitré. Dauphin en 2014 de Maharajah dans le Prix d’Amérique, il s’impose en patron l’année suivante, sous le statut de favori. Plus sobre, JMB se contentera d’un simple baiser à la tribune quelques mètres avant la ligne. Le tandem remportera le Prix de Paris quatre semaines plus tard.

"Il était très attendu après sa 2ème place l’année précédente. Je l’ai mené très sereinement, étant dans la course sans être non plus dans la bagarre complètement. J’ai contrôlé toute la montée avant d’attaquer franchement en haut de la côte avec un rival. J’ai tout lancé dans la bataille fin de tournant et c’était gagné. Je me rappelle avoir été attentif jusqu’au bout et même ne pas trop faire fort pour la course d’après. Franck {Leblanc} n’avait pas encore gagné le Prix d’Amérique et je savais qu’il avait préparé minutieusement son cheval. Pourtant il ne me disait rien mais je savais qu’il ne comptait pas être battu. Merci à lui."


2019 : Belina Josselyn, la danseuse sur la pointe

La longue histoire entre Bélina Josselyn et Jean-Michel Bazire qui sera son partenaire quasi exclusif pendant toute sa carrière connaît son apogée dans le Prix d’Amérique 2019. Deuxième en 2017 puis troisième l’année suivante, Bélina Josselyn est la favorite de l’épreuve aux dépens de Bold Eagle et Readly Express, les deux derniers vainqueurs. Il faut dire qu’elle vient de remporter en se tordant de rire le Prix de Belgique avant d’être distancée pour avoir gêné Valko Jenilat à la sortie du dernier tournant. C’est sur une pointe finale que la danseuse alezane viendra s’imposer devant son compagnon d’entraînement Looking Superb tandis que l’autre mousquetaire Bazire, Davidson du Pont, conclut quatrième. Du grand art.

Irritant ou inspirant
Dimanche en conférence de presse, nous avons demandé l'avis de Franck Nivard et David Thomain sur Jean-Michel Bazire : est-il inspirant ou irritant ? La réponse a fusé avec spontanéité pour l'un comme pour l'autre : "les deux !"


"Elle a couru 4 fois le Prix d’Amérique et a toujours fini sur le podium ! Je ne m’attendais pas forcément à gagner mais grâce à un très bon déroulement de course, elle était venue s’imposer au courage car, à l’entrée de la ligne droite, je m’étais dit que ce serait dur. Pourtant, à 200m du poteau, je lui ai demandé un dernier effort et elle a répondu. Ce fut donc une grande victoire pour toute l’équipe d’autant qu’on finissait 1er, 2ème et 4ème. Quand j’y repense, c’était un grand Prix d’Amérique pour nous. Avec Pascal (Bernard), on a débuté ensemble avec la génération des « H », ceux d’avant, et depuis on ne s’est plus quittés. Et notre entente est totale."



Quand j’y repense, c’était un grand Prix d’Amérique pour nous
Jean-Michel Bazire

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2023 : Hooker Berry, la somme de toutes les audaces
Avec Hooker Berry, Jean-Michel Bazire signe un premier succès sans porter le statut de favori. Le résultat enregistré par son partenaire dans la Q6 - Prix de Belgique, à la peine dans le dernier tournant, a en même temps semé un peu de doute et posé les bases d’une relance. JMB expliquera sur ce point : "J’ai décidé de le préparer différemment avant le Prix d’Amérique. Auparavant, je le laissais s’entraîner dans mon dos avec sa lad. Je l’ai alors pris en charge en le travaillant en leader pendant une semaine. Je pensais l’améliorer ainsi de quinze mètres. Et c’est ce qu’il s’est passé." La victoire est éclatante de limpidité avec un driver star qui commence ses révérences au public… cent mètres avant la ligne finale. Il lève une jambe largement au-dessus du sulky et largement avant l’arrivée aussi. Une audace inédite comme la somme de toutes les précédentes. On peut encore parler de victoire de la plénitude d’un Jean-Michel Bazire absolument sûr de son fait, en liberté totale face à tous les enjeux.

"Je suis aux côtés de Michel {Aladenise} depuis le début aussi. On est toujours sur la même longueur d’onde. Il a entre les mains un cheval sortant de l’ordinaire, magnifique dans sa façon de faire et dans son changement de vitesse. Le cheval bondissait dans les mains aux premier et second heats. Ensuite on a connu un parcours sur mesure, et, un peu à l’instar de ce que j’avais connu avec Kesaco, je savais qu’on avait gagné aux 500m. Malgré l’expérience qui est la mienne maintenant, je ne me lasserai jamais de ces moments-là, difficile à décrire tellement c’est fort ! Avec l’expérience là aussi, je savoure encore plus, percevant dans les yeux de ceux qu’on croise le bonheur qu’on procure mon cheval et moi. Et j’adore communier avec le public. Après la course, j’ai trois minutes à moi pour être avec eux et ça, c’est toujours du grand plaisir."

je ne me lasserai jamais de ces moments-là
Jean-Michel Bazire

1/2 Krafft

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