L'Italie et Buvetier d’Aunou, les grands vainqueurs de dimanche
La victoire d’Ampia Mede Sm 1’09’’ (Ganymède) dans le Prix de Paris remet à l’honneur l’élevage italien dans la Marathon Race, ce qui n’avait pas été le cas depuis des décennies. Elle signale également, à notre attention, la lignée mâle de Buvetier d’Aunou, très en verve, d’une manière générale, dans cette compétition. En regard, une fois n’est pas coutume, celle de Ready Cash marque un peu le pas dans les grands internationaux de l’hiver.
La deuxième victoire de l’Italie, en quatre-vingts ans
Il va de soi que la longue distance du Prix de Paris Marathon Race – se situant, historiquement, légèrement au-delà de 3.000 mètres, puis, à partir du milieu des années 1990, sur un peu plus de 4.000 mètres – ne favorise généralement pas les trotteurs étrangers d’origine américaine, bien plus à l’aise sur le créneau de la vitesse du Prix de France Speed Race, voire sur celui, intermédiaire, du Prix d’Amérique Legend Race (N.D.L.R. : voir notre encadré).
Depuis la création du marathon de Vincennes, en 1942, Ampia Mede Sm est ainsi, seulement, le neuvième trotteur étranger à s’y imposer. Ses prédécesseurs se nomment : Mistero (1948), Scotch Thistle (1952), Apex Hanover (1965), Timothy T (1974), Piper Cub (1990), Remington Crown (1999), Maharajah (2011) et Lionel (2016).
Les succès étrangers dans le grand triptyque hivernal, les finales des Prix d'Amérique Races ZEturf
◊ Victoires de trotteurs étrangers dans le Prix d’Amérique (création 1920) : 25.
◊ Victoires de trotteurs étrangers dans le Prix de France (création 1956) : 19.
◊ Victoires de trotteurs étrangers dans le Prix de Paris (création 1942) : 9.
N. B. : il est entendu que la notion de "trotteur étranger" signifie "né et élevé à l’étranger" et ne concerne pas les trotteurs français ayant été vendus et courant sous d’autres pavillons que le nôtre.
© AprhParmi ceux-ci, un seul était de nationalité italienne, comme elle. Il s’agit de
Mistero (Prince Hall), le vainqueur de 1948. Issu d’auteurs américains, ce lauréat du Derby et du Grand Prix d’Italie avait aussi vaincu dans le Prix d’Amérique, un an plus tôt. Les autres gagnants étrangers de la course sont, soit américains, à savoir
Scotch Thistle (Scotland),
Apex Hanover (Star’s Pride) et
Timothy T (Ayres), soit scandinaves, tels
Piper Cub (Tibur),
Remington Crown (Lord of All) et
Maharajah (Viking Kronos), pour la Suède, épaulés par
Lionel (Look de Star), pour la Norvège. Deux des trois sujets américains susmentionnés,
Scotch Thistle et
Timothy T, représentaient l’Italie, mais ils avaient été importés pendant leur carrière de course, étant bel et bien nés aux Etats-Unis, à l’instar du troisième,
Apex Hanover, sous bannière soviétique, quant à lui, ce qui, en pleine guerre froide – nous sommes, lors de son succès parisien, en 1965 –, ne manqua pas de faire sensation !
Via un étalon français, à l’exemple de Piper Cub et de Lionel
En prolongement, il faut souligner que trois de ces neuf vainqueurs étrangers du Prix de Paris Marathon Race sont par des étalons français, ce qui leur a, sûrement, facilité la tâche pour tenir la distance. De la sorte,
Piper Cub est un fils de
Tibur, le plus suédois des continuateurs de
Fandango, exceptionnel géniteur là-bas, père également de
Mustard,
Callit ou encore
Big Spender, fameux champions internationaux.
Lionel, de son côté, a pour auteur Look de Star, dont il est le produit le plus riche et le plus titré. Quant à
Ampia Mede Sm, on la sait fille de
Ganymède, l’un de nos reproducteurs de tête, deux fois sacré numéro un des pères de vainqueurs sur notre sol, en 2008 et en 2014. Ganymède avait 21 ans, lorsqu’il a conçu
Ampia Mede Sm, et il en avait 19, lorsque est né
Dijon, autre de ses contributions majeures à notre sport, quadruple vainqueur de Groupe 1, notamment à la faveur de l’Elitloppet. Cela pour dire que, quand un étalon est bon, il est bon, et que sa qualité ne décline pas avec les années. Les vieux étalons ont à lutter l'âge en poche avec l’attrait de la nouveauté, promulguée quelquefois, pour des raisons commerciales, sur la base de leur propre descendance. Une forme de jeunisme à l'assaut des aînés comme une version de la querelle des anciens contre les modernes en quelque sorte.
Buvetier d’Aunou et le Prix de Paris : une histoire d’amour
Ganymède donne un lauréat du Prix de Paris Marathon Race, dans les pas de son père,
Buvetier d’Aunou (Royal Prestige), géniteur d’
Up and Quick, deux fois gagnant de l’épreuve, en 2014 et en 2015. Préalablement, il y eut
Gobernador, vainqueur en 2001. C’est une compétition qui réussit à cette lignée, avec, aussi, la victoire de
Défi d’Aunou (Armbro Goal), frère cadet de
Buvetier d’Aunou, dans l’édition 1997. Le fils de
Royal Prestige participa d’ailleurs lui-même à la course, à l’âge de 5 ans, en 1994, se classant quatrième, derrière des aînés de la trempe de
Vourasie,
Queen L et
Abo Volo.
Ganymède [en haut] a conçu Ampia Mede SM à 21 ans et en avait 19 lorsqu’est né Dijon, autre de ses produits majeurs. Buvetier d'Aunou [en bas], dont la lignée mâle est en verve dans le Prix de Paris.
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Harlem de Bucy, dans la cour des grands
Pour sa première tentative dans une course de Groupe (sic !), Harlem de Bucy (Lilium Madrik) a failli réussir son pari, faisant preuve d’une grande dureté et de beaucoup d’abnégation dans son entreprise, pour n’échouer que de peu face à Ampia Mede Sm. Il s’agit d’un fils de Lilium Madrik et d’une poulinière par Idéal de l’Iton, un croisement qui lui confère un profil sortant des sentiers battus. La liste des pères de mères mentionne, ensuite, Buffet II, puis une série d’étalons quelque peu oubliés, allant de Picardy, un vainqueur du Prix de… Paris, à Moulis, en passant par Ledollar, un lauréat du "Cornulier", tout de même, et Fleuret II. La souche est fort ancienne, remontant à une jument standardbred, importée à la fin du dix-neuvième siècle, à l’origine, par filles interposées, de Roi Albert, qui fut trois fois troisième du Prix d’Amérique, entre 1923 et 1925, avant de devenir un étalon de valeur, père, au premier chef, d’Eléagnus, lequel défit l’américain Net Worth dans un Prix de Cornulier. Dans l’intervalle, pour aller jusqu’à lui, les mères d’Harlem de Bucy, ont produit fort utilement, mais sans accéder à la notoriété classique ou même semi-classique.
Ready Cash, un peu en retrait
Pour la deuxième année consécutive, les trois grands internationaux du meeting – Amérique, France, Paris – n’ont sacré aucun produit de
Ready Cash. Les six hivers précédents, il y en avait, tout le temps, au moins un sur la première marche du podium :
Face Time Bourbon, dans le Prix d’Amérique, en 2021 ; le même en 2020 ;
Readly Express, dans le Prix de France, en 2019 ; le même, dans le Prix d’Amérique, en 2018, accompagné par
Bird Parker, dans le Prix de Paris ;
Bold Eagle, dans les trois championnats, en 2017 ;
Bold Eagle, encore, en 2016, dans les Prix d’Amérique et de France. Il n’y a même, lors du présent meeting, qu’un "
Ready Cash" qui ait pu faire l’arrivée de l’une des trois courses, soit
Italiano Vero, troisième de la Legend Race. Pour un étalon qui nous a habitués à tant de merveilles, c’est un relatif effacement, sa production, dans les rangs des chevaux d’âge, ne pouvant plus compter sur les locomotives que furent, tour à tour,
Bold Eagle et
Face Time Bourbon, voire
Readly Express.