Le Prix d’Amérique Races Qualif #1 (Prix de Bretagne) a véritablement lancé les hostilités qui mènent au grand rendez-vous de fin janvier. Mais que dire de son verdict ? Quels enseignements en tirer ? Quel premier cliché propose t-il des forces en présence (et en préparation) ? Décryptage.
Premier constat sur ce Prix de Bretagne (Gr.2) new look comme première qualification des Prix d’Amérique Races ZEturf : le chrono officiel du vainqueur Diable de Vauvert (Prince d’Espace), de 1’12’’8, le place au cinquième rang du palmarès où le temps de Roxane Griff de 2012 (1’12’’5) trône toujours en tête. C’est une performance plus que favorable qu’il convient néanmoins de disséquer plus en détail.
Une épreuve qui a fait travailler plus que sélectionner
Cinq des six premiers concurrents ont conclu en moins de 1’09’’ leurs 200 derniers mètres d’après les données Tracking. Seule Bahia Quesnot affiche un partiel supérieur mais elle avait fait un gros travail avant.
En fait l’épreuve s’est écrite comme une longue accélération sur les 1 000 derniers mètres. À 1 500 mètres du but, le leader Drôle de Jet affichait 1’14’’2, à 1 100 mètres, c'était 1’13’’7. Sans cette sélection initiale, tous les concurrents ont pu entrer dans leur course et effectuer leur dernier kilomètre à fond, sous la forme un travail (très) poussé. Il faut incontestablement se méfier du temps final. En raison de cette entrée différée dans le dur de l’épreuve, les grands sprinters n’ont pu exprimer leur supériorité habituelle dans le final. C’est aussi en ce sens qu’il faut prendre les déclarations de Gabriele Gelormini à propos du vainqueur Diable de Vauvert : « Cela ne s’est pas couru comme prévu. En connaissant ses talents de finisseur [de Diable de Vauvert], j’aurais préféré que cela aille très vite au début. »
Alors qu’apprendre d’une arrivée qui se rapproche plus de celle d’un handicap, pour recourir à une analogie du galop, qu’à celle d’une épreuve de sélection ? Peut-on tirer des conclusions ou simplement constater les faits ? Entre ceux qui n'ont pas livré leur valeur optimale (par choix, comme Davidson du Pont clairement encore en mode préparation, ou par obligation, comme Délia du Pommereux, fautive à la fin après un contact), il faut séparer le bon grain de l'ivraie.
Le profil du gagnant : le pour et le contre
Le pour : Diable de Vauvert (Prince d’Espace) est exact au rendez-vous. Malgré un parcours qui a joué contre ses aptitudes [lire juste avant], il a trouvé les ressources pour s’imposer de quelques centimètres. Une telle logique est rassurante avec un cheval au summum de sa condition. Voilà, d’un certain point de vue, de quoi conforter l’édition 2020.
Le contre : le lauréat est un très bon cheval qui a monté gentiment les échelons, au gré par ailleurs d’une santé à éclipse. Il est déjà au top de sa forme, contrairement à la plupart des battus. Il n’a pas forcément le profil d’un « pur » et d’un protagoniste au premier rôle du Prix d’Amérique. Ajoutons qu’il a effectué le grand tour pout s’imposer ce dimanche, couvrant plus de distance que la plupart de ses rivaux avec les données suivantes fournies par Tracking :
Diable de Vauvert a parcouru :
■ 8,48m de plus que Feliciano,
■ 8,61m de plus que Fakir du Lorault,
■ 26,50m de plus que Tony Gio,
■ 28,31m de plus que Davidson du Pont.
Est-ce à dire que Diable de Vauvert est plusieurs dizaines de mètres au-dessus du groupe d’élite actuel français ? N’est pas plutôt questionnant sur le niveau d’ensemble des autres ?
Le risque pour Diable de Vauvert est d’avoir déjà effectué la course de son meeting, voire de sa vie dimanche. Comment gérer maintenant pour lui les semaines à venir jusqu’au dernier dimanche de janvier ? Son entraîneur nous livre des éléments de lecture (en page 3) mais il faudra à Diable décompresser, reprendre de la fraîcheur avant de remonter en pression. Pas simple même si le fait de posséder d’emblée une wild card pour le Prix d’Amérique-la Legend race- apporte un confort de préparation à l’entourage du vainqueur. Mais ce constat vaut pour les trois premiers, Diable de Vauvert, Feliciano et Bahia Quesnot, et constitue en quelque sorte le fondement de la règle des tickets réservés dans les épreuves qualificatives.
La hiérarchie à l’arrivée : le pour et le contre
Le pour : la présence de Feliciano, deuxième et battu de peu, solidifie le rating de l’épreuve. C’est le 5 ans qui s’est montré le plus intense et constant lors des derniers mois, évidemment derrière Face Time Bourbon, complètement hors catégorie. Feliciano combine pur classicisme et lignes avantageuses contre ses aînés. Il n’a été battu que par Cleangame cet été à Enghien dans le Prix Jean-Luc Lagardère (Gr.2) et a conclu troisième un peu plus tôt du Prix René Ballière (Gr.1). Il fera partie des prétendants aux plus belles places dans le Prix d’Amérique. La présence à la troisième place de Bahia Quesnot accrédite aussi la bonne tenue du podium. La pensionnaire de Junior Guelpa est devenue depuis plus d’un an un véritable marqueur au top niveau français et européen. Elle n’avait trouvé que Dorgos de Guez la dernière fois pour la précéder alors qu’elle dominait bien des concurrents du Bretagne déjà. Et n’oublions pas qu’il s’agit de la septième du Prix d’Amérique 2020. Voilà de quoi composer une ligne solide.
Toujours dans les « pour », il faut mettre au crédit de l’épreuve la performance platonique de Délia du Pommereux. Elle a connu tous les malheurs dans le final (elle a touché la roue de Diable de Vauvert et pris le galop) et aurait pu s’imposer selon Sylvain Roger. La sixième du dernier Prix d’Amérique est en progrès avérés et aurait été évidemment totalement légitime sur un podium du Prix de Bretagne.
Le contre (et le pour) : Davidson du Pont reste toujours l’inconnu du classement. Le pensionnaire de Jean-Michel Bazire est normalement monté dans les tours mais cela n’est pas encore flagrant sur les pistes de compétition. Le dernier cheval à avoir battu Face Time Bourbon en France a néanmoins conclu avec des ressources pas si loin que cela des premiers. Si on considère qu’il s’est contenté de progresser physiquement, cela n’est pas rassurant pour ceux qui le précèdent. Si on considère qu’il a quelque peu mouillé la chemise ce dimanche, cela consolide les performances des autres. Dans cette rubrique, on peut aussi ajouter la performance de Valzer di Poggio. Le candidat italien a été loin, très loin même. S’il a lâché prise pour finir, il a prouvé que la différence entre lui et l’élite n’était pas si importante que cela. Pas forcément une raison de créditer plus encore le niveau de cette élite.
Diable de Vauvert a gagné en parcourant 8,48m de plus que Feliciano.
le jour du Prix d’Amérique, je vais venir !
Bertrand Le Beller
Disqualifié par deux fois lors de ses premières courses de la saison 2025, Floréal (Up And Quick) se réhabilite pleinement ce vendredi dans le Prix Pierre-Désiré Allaire (Groupe 3) à Cagnes-sur-Mer. Décalé en deuxième épaisseur au second ...
Lire la suiteLa crise existentielle que connaît le pari hippique dépasse très largement nos frontières françaises. De l'autre côté de la Manche, les Britanniques sont en proie aussi à de nombreuses questions sur l'avenir du pari et, ...
Lire la suiteHéros du Prix Comte Pierre de Montesson (Groupe 1), Maître Jacques est, en matière de pedigree, au carrefour des influences entre le trotting moderne et celui des origines. Ainsi son « papier » est-il vivement empreint de « jeune » sang amé...
Lire la suiteJacques Cottel est comme un dénominateur commun entre le Prix de France Speed Race, le Critérium des Jeunes et le Prix de Paris Marathon Race qui s’enchaînent en ces dimanches de février à Vincennes. Sa casaque ...
Lire la suite