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Actualité - 08.03.2023

Les femmes du trot de plus en plus en lumière

Et si les femmes étaient plus fortes que les hommes ? Aux courses par exemple. Les statistiques du dernier meeting d'hiver sont formelles sur ce point. Elles ont remporté 27 des 210 courses (13 % des cas) dans lesquelles elles étaient représentées et ont obtenu 111 podiums dans lesdites courses (23 % de réussite sur le podium). La place des femmes dans le trot a largement changé en une décennie. Elles occupent aujourd'hui un espace, sont visibles et revendiquent, ni plus ni moins, les mêmes traitements que leurs homologues masculins.

Quatorze femmes ont remporté au moins une course lors du dernier meeting d'hiver de Vincennes. Pour un total de 27 courses. Il s'agit sans doute d'un record. Dans le cadre de la Journée Internationale des Droits des Femmes, le constat du moment prend un sens particulier.

Les 14 femmes qui se sont imposées lors du meeting parisien avec leur nombre de victoires [les 5 premières sont en photo ci-dessus] : Camille Levesque (7 victoires), Nathalie Henry (4), Loanne Fauchon (3), Marine Beudard (2), Estelle Croisic (2), Charlène Callico (1), Emma Callier (1), Mathilde Colas (1), Marie Darbord (1), Clara Dersoir (1), Hélène Godey (1), Carine Dersoir-Hallais (1), Matilde Herleiksplass (1), Tiphaine Levesque (1). Nous avons donné la parole à deux d'entre elles, Camille Levesque, leur cheffe de file, et Marine Beudard, une des valeurs montantes.

LA PAROLE À CAMILLE LEVESQUE ET MARINE BEUDARD

Rencontre avec Camille Levesque et Marine Beudard, 9 victoires à elles deux lors du meeting d’hiver. La première est issue d'une grande famille du Trot et son prénom est désormais connu de tous, la seconde s'affirme dans les courses réservées aux d'apprentis mais pas que. Elle affiche désormais 38 victoires.
Leurs statistiques lors du meeting d’hiver
■ Camille Levesque : 44 courses | 7 victoires | 17 places | 591.190 €
■ Marine Beudard : 30 courses | 2 vict. | 5 places | 125.010 €

24h au trot.- Parlons d’abord performances et sport. Est-ce que le récent meeting a été à la hauteur de vos attentes ?
Camille Levesque.- Je m'attendais à un meeting plus calme que les précédents car nous avions moins de chevaux au trot monté pour cet hiver dans l’écurie. Logiquement, le nombre de partant a été en baisse mais, dans l'ensemble, les chevaux ont obtenu de bons résultats.
Marine Beudard.- J'ai été beaucoup sollicité avec des chevaux de qualité et cela aide énormément. Cet hiver, je me suis mise en évidence dans les courses pour apprenti(e)s et j'ai même terminé à la deuxième place du Challenge de Marolles-en-Brie. J'ai monté régulièrement dans les courses face aux professionnels. Avec 2 victoires et 5 places, mon bilan est plutôt bon.

Est-ce que vous voyez ou ressentez une évolution du côté des femmes depuis vos débuts ?
C.L..- J'ai l'impression que les femmes s'affirment de plus en plus. L'arrivée du Cornulier cette année en est la preuve avec les quatre femmes au départ de la course qui se sont classées dans les sept premiers. Maintenant, il y a encore du travail. Les statistiques affichent des chiffres encourageants, avec presque 25 % de réussite pour les femmes. Mais, en même temps, nous voyons bien que le cap des 50 victoires est difficile à passer pour beaucoup.
M.B..- Nous sommes de plus en plus nombreuses dans les écoles, les écuries et les pelotons des courses réservées aux apprenti(e)s. Ensuite, le constat est que le passage dans les rangs professionnels est très difficile et, sans doute, encore plus difficile pour les femmes. Elles sont peu nombreuses à monter régulièrement avec des chances face aux hommes à poids égal. Par contre, en province, où il y a souvent des courses avec des poids libres, les femmes sont régulièrement sollicitées.

Au galop, il existe une décharge pour les femmes jockeys, seriez-vous favorable au même principe au trot ?
C.L..- Pas spécialement ! Ce qui est beau dans notre sport est que nous nous battons à armes égales avec les hommes. La victoire est encore plus belle dans ces conditions. C'est vrai que je suis obligée de monter avec une grosse selle et de mettre du poids dans mon tapis pour arriver à 65 kg mais je n'ai pas envie de changer. Cela handicaperait également les jockeys légers qui verraient leurs montes diminuées.
M.B..- Je pense que la création d’une forme de décharge pour les femmes nous décrédibiliserait dans les rangs des professionnels et que nous aurions du mal à nous affirmer à notre juste valeur. De ma petite expérience avec les professionnels, il est difficile de trouver notre place dans les pelotons. Mais peut-être est-ce plutôt lié à la question du statut d'apprenti(e) qui accompagne la très grande majorité des femmes qu’à la question d'être une femme.


Les meilleurs apprenti(e)s de l'hiver au monté avec 3 femmes


Un Prix de Cornulier 2023 très féminin
Quatre femmes jockeys ont participé au dernier Prix de Cornulier (Gr.1). Et les quatre ont conduit leur partenaire dans les sept premiers classés. La première d'entre elles a été Camille Levesque avec Granvillaise Bleue (2e). Nathalie Henry s'est classé quatrième avec Vaprio, Matilde Herleiksplass cinquième avec Zarenne Fas et Gaëlle Godard septième avec Edition Géma.
En termes d'exposition médiatique, il faut aussi rappeler que Gaëlle Godard avait bénéficié d'un reportage de 5 minutes dans le journal de TF1 en présentation de sa tentative dans le Prix de Cornulier.

Est-ce que vous avez l'impression d'aborder les chevaux différemment de vos confrères masculins ?
C.L..- Le trotteur a beaucoup évolué durant ces dernières années. Il est plus facile dans son caractère et beaucoup moins compliqué dans les allures. Désormais, les entraîneurs cherchent plus des "passagers clandestins" pour leurs chevaux. Les femmes sont plus douces et, pour certains chevaux, cela est un véritable plus. Je vais prendre l'exemple de Flicka de Blary qui était très nerveuse et ne comprenait pas ce qu'on lui demandait. Mon frère Thomas a fait un super travail avec elle le matin et je me suis ensuite évertuée à lui faire aimer son métier, et ce, dans la douceur. Flicka de Blary a réussi à gagner le Prix Camille Blaisot (Gr.2). C'est une satisfaction personnelle que nous avons avec mon frère.
M.B..- Oui, nous sommes plus douces que les garçons et les chevaux le ressentent directement. Lorsque nous montons sur un cheval qui a l'habitude d'être associé à des hommes, tout de suite, il nous teste et essaie de nous dominer. Ce qui est plutôt positif, c’est que nous leur redonnons beaucoup de moral.

Est-ce que vous sentez une solidarité entre femmes dans les vestiaires ?
C.L..- Non, pas vraiment. C'est un métier de compétition et, que vos adversaires soient des hommes ou des femmes, l'important est de se donner à fond et de les devancer. Il est vrai que lorsqu'une femme est à la lutte pour la victoire face à un homme, je vais la pousser un peu plus, mais cela s'arrête là.
M.B..- Comme Camille, je n'ai pas l'impression qu'il y ait une solidarité supplémentaire entre les femmes. Dans les vestiaires, nous avons plus d'affinités avec certaines mais comme dans la vie de tous les jours. Pas plus, pas moins.

Qu'est-ce qui pourrait faire évoluer les conditions des femmes dans un avenir proche ?
C.L..- Le bien être animal est une priorité dans notre métier et le fait d'être plus douce avec eux pourrait nous faire encore plus évoluer. L'arrivée des agents est également une aide supplémentaire pour les futures professionnelles.
M.B..- Le fait d'être reconnue à notre juste valeur fera déjà avancer les choses. Nous voyons de plus en plus de femmes dans les écuries évoluer à tous les niveaux et avec des responsabilités.

En guise de conclusion, que pourriez-vous ajouter dans le cadre de la Journée Internationale des Droits des Femmes ?
C.L..- Personnellement, je n'ai jamais ressenti de discrimination dans les pelotons du fait que je sois une femme.
M.B..- J'espère continuer sur ma lancée et toujours exercer mon métier avec passion à l’avenir. Mais cela vaut pour tout le monde, peu importe que l'on soit un homme ou une femme.

Des femmes du trot aussi à l'honneur aux Etats-Unis
Samedi 4 mars, avec quelques jours d'avance sur le calendrier officiel, l'hippodrome de Meadowlands a organisé sa réunion sous le thème des femmes. "Je suis ravie de la réponse que nous avons reçue pour cet événement", a déclaré Jessica Otten, coordinatrice du marketing de l'événement. "Nous avons eu 19 femmes qui se sont affrontées dans nos deux courses à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Il y avait parmi elles, certaines qui sont venues du Danemark pour participer à notre manifestation. Cette soirée a été formidable."
L'une des deux épreuves de la soirée proposées aux femmes a été remportée par l'Irlandaise Lauren Tritton. Elle a mené au succès Harry Knows (Amstrong Jet), un représentant de son mari Shane né et élevé en Irlande avec le statut Trotteur Français [lire notre précédente édition].
Les femmes de la soirée de Meadowlands

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