Forum de l'emploi : le temps des actes
Le 15 mars 2022, l’Afasec mobilisait à ParisLongchamp de nombreux acteurs des courses et du secteur associé de la formation autour de la thématique de l’emploi. On y a parlé du marché de l’emploi en forte tension, de futur. On y a envisagé et défini les projets à développer. Bref on a scruté l’horizon et posé les fondations de la stratégie de toute la filière pour les années à venir. Sans oublier d’aller plus loin en élaborant des premiers travaux à mener. Un an après où en est-on ?
En mars 2022, l’initiative fait immédiatement consensus et obtient le soutien des sociétés mères, LeTROT et France Galop, avec comme partenaire privé Together For Racing International, une organisation transnationale qui réunit de grands acteurs des courses et s’implique dans le développement de l’industrie hippique. Le "Forum sur le futur de l’emploi et de la formation dans les courses et l’élevage" réunit une soixantaine de personnalités de tous horizons, avec chacun une expertise dans la filière des courses et de l’élevage. Ce moment d’échanges a consolidé les axes stratégiques en matière d’emploi dans la filière des courses et a posé les pierres fondatrices des actions à développer. C’était il y a un an. La feuille de route définie, il restait à se mettre en chemin et à réaliser le travail. Elise David, directrice de l’emploi à l’Afasec, nous aide à voir plus clair dans ce que l'on peut désormais appeler le temps des actes.
Les travaux à entreprendre désignés par le Forum de l’emploi
Propositions directement sorties du Forum, trois projets avaient été identifiés. Ces idéations (le processus qui conduit à la production et développement de nouvelles idées) nous sont présentées par Elise David : "Les douze groupes de travail du Forum ont brainstormé sur différentes thématiques. Il est en sorti trois priorités :
1. sur le thème de l’attractivité : il s’agissait de travailler sur une campagne de communication sur les métiers des courses et de l’élevage sous le concept 52 métiers en 52 semaines ;
2. sur le thème de la fidélisation des salariés : la mise en place d’un véritable réseau de Ressources Humaines hippiques dénommé RRH ;
3. sur le thème du développement des talents : mise en place d’un programme pour déployer les bonnes pratiques à l’intention des employeurs mais aussi accompagner le développement professionnel de chaque salarié notamment par la formation professionnelle continue."
Le niveau de réalisation de chaque projet est présenté en pages suivantes.
La filière hippique s’est dotée depuis d’une stratégie claire, largement débattue lors du Forum de l’emploi et confirmée il y a quelques semaines par Guillaume Herrnberger, le directeur emploi et formation des courses hippiques, en charge de l'Afasec [lire notre
édition du 15 février]. Et Elise David, directrice de l’emploi à l’Afasec, nous la rappelle :
"Les deux axes stratégiques de la filière sont :
1. de recruter car, de façon immédiate, on a vraiment besoin d’aller en soutien du recrutement,
2. et de fidéliser les salariés en travaillant sur les perspectives et l’attractivité des métiers."
1. Actions entreprises sur le recrutement
C’est un ensemble d’actions qui sont actuellement développées ou en développement sur la thématique du recrutement.
■ Création d’un service de recrutement international
"qui fonctionne bien au galop comme au trot", selon notre interlocutrice. On compte une trentaine de dossiers en cours.
"Les courses françaises ont une très belle image à travers le monde et jouent leur dans leur attractivité de candidats étrangers. Au trot, nous commençons à avoir des profils de gens d’Asie centrale, du Kirghizistan, Ouzbékistan, Kazakhstan par exemple."
■ Création d’un accord avec un cabinet de recrutement pour aller chercher des candidats employables rapidement.
"Il y a deux profils : ceux qui devront passer par la formation professionnelle continue et ceux qui sont tout de suite embauchables." Cet accord d’une durée initiale de trois mois vient d'être lancé (depuis trois semaines).
"Cela débute bien avec déjà une dizaine de candidatures déposées, nous apprend Elise David.
La commande est d’aller chercher des candidats là où on ne les aurait pas touchés par nos réseaux actuels et habituels. Ce sont des personnes qui proviennent de zones non explorées jusque là grâce au sourcing des spécialistes du recrutement et notamment Randstad."
On veut aller chercher des candidats là où on ne les aurait pas touchés par nos réseaux actuels et habituels.
Elise David
© Afasec Avancement des travaux désignés par le Forum de l’emploi
1. Sur le thème de l’attractivité : 52 métiers en 52 semaines. "Ce projet sera intégré à une campagne organisée par l’agence Néo où on racontera de belles histoires, des success stories, précise Elise David. La campagne sera déployée dans la presse généraliste pour montrer tous nos beaux métiers et leur diversité. Ce sera aussi l’occasion de mettre en avant qu’on peut avoir plusieurs vies dans les courses avec la possibilité d’évoluer et de changer de métier. La campagne est programmée dans l’année 2023 avec notre service communication."
En complément, et sur la même thématique de l’attractivité des courses, il faut citer le rôle de la racing job mobile, vitrine durant l’été des métiers des courses sur les hippodromes.
Elise David parle encore du rôle "des Trophées du personnel et de l’élevage. Ils ne concernent que le galop pour le moment mais notre volonté, comme co-organisateur, est d’accroître le nombre de nominés et de l’ouvrir au trot par exemple. La présence des métiers des courses au concours du Meilleur Apprenti de France (MAF) est aussi un moyen de donner de la visibilité à nos métiers et les faire entrer dans l’excellence".
■ Accompagnement des retraités de la filière pour les aider à trouver un statut adéquat aux missions qu’ils peuvent encore entreprendre.
"L’idée est de pouvoir les accompagner vers un cumul emploi-retraite car on voit bien que la valeur travail des seniors est forte qu’ils ont quelquefois du mal à rompre totalement avec leur écurie. On les met alors en lien avec la CASREC (la caisse des anciens salariés des établissements d’entraînement de chevaux de courses du Trot et du Galop) pour leur proposer de l’intérim. Du coup, via une téléthèque, un employeur peut commander une prestation d’un senior. Cela peut aussi initier des envies de reprendre une activité partielle pour certains seniors qui ne savait pas comment s’y prendre."
■ Organisation de job datings. Une expérience a été menée sur le centre d’entraînement de Chazey-sur-Ain.
"Cela permet de voir le maximum de gens en un minimum de temps. Ces rencontres se jouent beaucoup sur le feeling. La formation professionnelle continue peut venir en relais pour préparer les gens à l’employabilité. Nous allons multiplier ces expériences avec, sans doute, prochainement, une session sur le centre d’entraînement de Grosbois."
■ Renforcement de la présence de l’Afasec sur des salons de l’emploi et du travail pour présenter les courses.
"Nous allons dans des manifestations où nous n’étions jamais allés comme dernièrement au salon du travail et de la mobilité professionnelle à Paris. Nous étions entre l’APEC (Association pour l’emploi des cadres) et une entreprise de portage salarial. Nous avons parlé des métiers des courses et cela a vraiment pris avec des prospects intéressants, directement employables ou qui peuvent aller vers de la formation pour se préparer aux métiers des courses." La filière sort des sentiers battus.
"On n’a plus le choix" complète encore Elise David.
2.Actions entreprises dans le domaine de la fidélisation
Là encore, un catalogue d’actions est en cours.
■ Création d’une déclinaison du label EquuRES sur le volet humain sur le thème "Bien-être au travail" (EquuRES BET). Le travail a été conduit avec des représentants socioprofessionnels de toute la filière cheval, dont le SEDJ présidé par Stéphane Meunier au trot.
"On a constitué et finalisé les différents critères qui composent cette notion de bien-être au travail. On lancera ce produit sans doute cette année. Il sera vraiment opérationnel en 2024. On s’est imaginé toucher rapidement 250 entreprises d’entraînement du trot et du galop sur les 773 que recence notre base d’employeurs de salariés d’écurie de courses. La démarche du label, c’est aussi donner des clés aux employeurs pour déployer les bonnes pratiques dans leur entreprise. On peut aussi dire que, pour un employeur, c’est une démarche de soutien en management et gestion du personnel. Il s’agit bien sûr d’une démarche volontaire. Cela va nous permettre de travailler la marque employeurs des écuries de courses. Un jour, un salarié pourrait se dire "Je vais chez tel entraîneur parce qu’il est labellisé bien-être au travail"." Ce label EquuRES BET s’adresse à tous les employeurs de la filière cheval, y compris les entreprises de l’équestre par exemple.
■ Création d’une rubrique emploi sur le site de l’Afasec, dans le cadre de son nouveau site lancé en juin prochain.
"Il y aura des informations sociales et ressources humaines notamment" ajoute Elise David.
Nouvelle charte graphique de l’Afasec prochainement
La charte graphique de l’Afasec va évoluer dans les prochains mois. Elle devrait être dévoilée en juin prochain dans le cadre du lancement de son nouveau site internet.
Logo EquuRES Bien-être au travail (BET)
Avancement des travaux désignés par le Forum de l’emploi
2. Sur le thème de la fidélisation des salariés : la mise en place d’un véritable réseau de Ressources Humaines hippiques dénommé RRH. C’est effectif avec l’intégration de la plateforme Equi-ressources depuis janvier par l’Afasec.
En cours d’année, l’Afasec va entériner un accord national avec une agence d’interim. Cette dernière devrait être en mesure de proposer une base nationale de prestataires tout en s’occupant de toute la gestion dudit prestataire. "C’est dans une logique d’interim avec un coefficient appliqué au coût du prestataire. Mais nous allons le négocier à l’échelle nationale pour minimiser ce coût supplémentaire."
3. Sur le thème du développement des talents : plusieurs actions entreprises par l'Afasec répondent à cette problématique comme le sujet de la formation continue ou la création d'un welcome kit (lire plus bas dans cette page).
■ Déploiement de sessions de formation sur le management en régions, au plus près des écuries pour attirer le maximum de personnes. Une formation qui comprend les notions de gestion du personnel, gestion des conflits, intégration de nouveaux salariés, etc. Une vingtaine de personnes ont suivi cette formation en 2022.
■ Accompagnement des salariés via les services d’action sociale de l’Afasec.
"Ce sont les missions transversales de l’Afasec qui viennent en soutien sur la recherche de logement, la problématique de la santé, la présentation des aides disponibles pour les employés lorsqu’ils entrent dans la filière des courses. C’est un service unique à notre secteur."
■ L’insertion des gens à la filière hippique par la voie de la formation professionnelle proposée par l’Afasec.
"Il s’agit ici de répondre aux attentes de personnes qui peuvent entrer dans la filière de disposer des formations nécessaires. C’est, par exemple, donner la possibilité à des jeunes cavaliers ou des équitants, rencontrés dans des salons sur l’emploi, de développer un projet professionnel dans les écuries de courses. Il s’agit d’ouvrir le champ des possibles pour des jeunes ou des adultes dans le cadre d’une reconversion. Au trot, on connaît beaucoup de gens qui sont venus de l’équestre."
■ Création d’un kit d’intégration des salariés sous forme d’une web série en plusieurs épisodes. Les contenus vidéos parleront de la hiérarchie dans une écurie de trot, du bottinage, de la lecture d’un pedigree, du contenu de l’accompagnement social de l’Afasec, etc.
"C’est un welcome kit que l’on enverra à l’employeur pour chaque nouveau salarié que l’on identifie sur la base AG2R. Ce sera à l’employeur de remettre ce kit avec une clé USB qui contiendra la web série. Ce welcome kit sera disponible l’hiver prochain car nous avons des contraintes de tournage pour réaliser la web série."