Nymphe d’Odyssée : un aboutissement et un commencement
Django du Bocage, son arrière-petit-fils, s’est octroyé l’étape du GNT, la semaine dernière, à Mauquenchy. S’il en est une qui mérite le qualificatif de matrone, c’est bien Nymphe d’Odyssée (1979-Seddouk), ayant essaimé, en particulier, chez Jean-Philippe Dubois, qui en a eu, principalement, Cygnus d’Odyssée, qu’il avait acheté et exploita en partenariat avec Daniel Wildenstein, et Prodigious, qu’il éleva. En amont, ce sont les élevages Persigan et Saccomandi qui sont à la base de cette réussite, dont nous vous contons ici… l’odyssée !
Originaire d’Italie, Louis Saccomandi était champignonniste dans le Perche. Mais sa grande passion fut les chevaux, les trotteurs en particulier. Au début des années 1960, il réalisa son rêve, achetant une pouliche, Odyssée P, en provenance de l’élevage sarthois de Bernard Persigan. Cette fille de Petit Jean III 1’24’’ est le premier produit d’Idylle 1’25’’ m. (Carus), une jument qui va se révéler une remarquable reproductrice, donnant, avec le concours du même Fandango, les Quito P 1’20’’ m., gagnant du Prix de Normandie et d’une demi-douzaine de semi-classiques, troisième, également, du « Cornulier », Son Idylle P 1’19’’ a.-m., vainqueur du Prix du Calvados, deuxième du Prix des Centaures, troisième du Critérium des 5 Ans ou encore quatrième des Prix de Cornulier, de Normandie et des Elites, et autres Valiant P 1’22’’, devenu le grand-père, soit dit au passage, de Quadrophénio.
"Odyssée P a été notre bonne étoile ", Denise Saccomandi, en 1994, à propos de la jument base de l’élevage familial
En course,
Odyssée P 1’24’’ ne fera pas aussi bien que ses cadets, mais elle s’imposera tout de même à Caen et à Cagnes-sur-Mer, se plaçant aussi à Vincennes. C’est au haras, en vérité, qu’elle allait combler les Saccomandi. En 1994, alors que
Cygnus d’Odyssée 1’13’’ (Workaholic) venait de gagner le Prix de Sélection, Denise Saccomandi, l’épouse de Louis, disparu quelques années plus tôt, avait relaté, en substance : «
Odyssée P a été notre bonne étoile. Son chef-d’œuvre fut Etoile d’Odyssée (N.D.L.R. : fille de Fandango et donc trois quarts sœurs des susnommés Quito P, Son Idylle P et Valiant P),
lauréate de trois semi-classiques et placée dans cinq classiques (N.D.L.R. : notamment comme deuxième du Prix d’Essai ou comme troisième des Prix des Elites et des Centaures),
sous la responsabilité de Gaston Peltier. Nous pensions alors que nous ne ferions jamais mieux, mais Etoile d’Odyssée s’est chargée de nous détromper, reprenant le flambeau laissé par sa mère au haras et devenant, à son tour, une poulinière remarquable, le meilleur de ses huit vainqueurs étant Nymphe d’Odyssée, gagnante de quatre semi-classiques et placée classique. Et c’est de « Nymphe » que naîtra, plus tard, Cygnus d’Odyssée, notre premier lauréat classique. C’est merveilleux ! »
Nymphe d’Odyssée est le fruit du rapprochement d’un fils de Carioca II et d’une fille de Fandango, une formule phare
Nymphe d’Odyssée 1’17’’ (en photo en première page associée à Alain Sionneau lors d'un succès à Vincennes), fruit du rapprochement d’un fils de
Carioca II et d’une fille de
Fandango – une formule phare, à l’époque–, remporta les Prix Edouard Marcillac, de Basly, Xavier de Saint-Palais et Hervé Céran-Maillard, tandis qu’elle se plaça dans le Prix des Elites. Ce faisant, elle confirma l’aptitude montée propre à la famille. Alliée au sang américain, celle-ci allait s’ouvrir à l’attelage,
Cygnus d’Odyssée en étant le premier exemple, puisqu’il a gagné le Prix de Sélection et le Critérium des 4 Ans, puis a été à l’arrivée du Prix d’Amérique. Cela dit, Cygnus d’Odyssée allait aussi monté, comme en témoigne sa troisième place dans l’édition 1998 du Prix de Cornulier. L’année suivante, peut-être même aurait-il enlevé la palme dans le championnat sous la selle, s’il n’avait commis une faute. Jean-Philippe Dubois, son mentor, se souvient de sa déception : «
Le cheval s’était montré fautif à l’entrée de la ligne droite, alors qu’il était plein de « gaz », sous la selle du jeune Franck Nivard. Sincèrement, je pense que nous aurions gagné, ce jour-là, sans cette incartade. D’ailleurs, une semaine plus tard, il réalisait sa meilleure performance dans le Prix d’Amérique, en quatre participations à celui-ci. »
Cygnus d’Odyssée et Prodigious, les deux joyaux de cette descendance
Par la suite, c’est d’une petite-fille de
Nymphe d’Odyssée, à savoir
Imagine d’Odyssée (Buvetier d’Aunou) que le professionnel ornais obtiendra
Prodigious 1’11’’ (Goetmals Wood), lequel lui offrira le Critérium Continental et, surtout, deviendra un étalon de première grandeur –rôle dans lequel
Cygnus d’Odyssée s’est pareillement épanoui, devenant le meilleur fils de Workaholic au haras–, et
Visite Royale 1’11’’ (Love You), placée du Critérium des 3 Ans. Autres petites-filles de
Nymphe d’Odyssée,
Miranda d’Odyssée 1’18’’ (Alpha Barbés) et
Vénitienne 1’17’’ (Dahir de Prélong) sont les mères, de leur côté, des classiques
Cincinatti Bond 1’13’’ m. (Prince Gédé), troisième du Prix d’Essai, et
Garibaldi 1’12’’ (Love You), troisième du Saint-Léger des Trotteurs.
Django du Bocage 1’11’’ (Real de Lou), dont c’était la seizième victoire, mercredi à Mauquenchy –mais la première dans une course de Groupe–, pour 366.720 euros de gains, descend, quant à lui, de
Nymphe d’Odyssée par l’entremise de
Jasmine d’Odyssée 1’16’’ (Buvetier d’Aunou), sa grand-mère, qui est aussi celle du susnommé Garibaldi. Sa mère,
Plume Bleue, qualifiée, mais inédite, est née des œuvres de
Goetmals Wood, comme
Prodigious. Un croisement qui fonctionne, donc, à l’image de celui qui a procuré
Django du Bocage, du reste, sachant que
Real de Lou est également le père d’
Excellent 1’10’’ (Prix Ténor de Baune, Doynel de Saint-Quentin et Robert Auvray, en 2019 ; placé du Critérium des 5 Ans et du Prix de l’Etoile), dont
Nymphe d’Odyssée n’est autre que la quatrième mère.
©AprhDjango du Bocage, descendant de Nymphe d'Odyssée