Ces galopeurs passionnés aussi de trotteurs

Les noms de deux pilotes de haut niveau au galop, l’un jockey d’obstacles et l’autre de plat, viennent de recevoir une réponse positive de leur demande d’agréments en qualité de propriétaire au trot. Clément Lefebvre et Cristian Demuro ont désormais leurs couleurs et poursuivent, à leur façon, de construire des ponts entre les deux disciplines des courses françaises.

Pour Clément Lefebvre c’est même la totale. Il cumule pour ainsi dire toutes les casquettes possibles : jockey d’obstacle, titulaire d’une licence d’entraîneur, détenteur d’une licence d’amateur au trot et maintenant aussi propriétaire au trot ! Alors qu’il est convalescent suite à une mauvaise chute en début d’année et bien qu’il prépare aussi son mariage prévu en juin, cet hyper-actif a répondu à nos questions pour comprendre ses motivations à devenir propriétaire au trot et décrypter ses ambitions.
Comment vous est venue la passion des chevaux et des courses ?
Je suis originaire de Craon (Mayenne). Mon père était permis d’entraîner et ma mère propriétaire, difficile dans ses conditions de ne pas attraper le virus du cheval. J’ai un frère Fabien Lefebvre, jockey de plat et deux soeurs, Aline et Marie qui sont également passionnées. Je suis allé à la MFR de Craon et lors de ma scolarité, je me suis lié d’amitié avec Corentin Hérivaux qui lui était en apprentissage au trot. Nous avons beaucoup d’hippodromes mixtes dans l’Ouest ce qui permet un certain rapprochement entre les disciplines.

Avez-vous hésité entre le galop et le trot un moment ?
Non, le galop a toujours été ma priorité. J’ai eu une période où j’étais « off » le lundi et j’en profitais pour aller régulièrement à l’entraînement chez Didier Dauverné. C’est à cette période que j’ai pris ma licence d’amateur. J’ai couru à treize reprises sans avoir la chance de goûter à la victoire. Ma meilleure performance est une 2ème place à Dinan avec Eugénie de Chenu (Orlando Sport) pour l’entraînement de Clémence Beiléard. J’ai même drivé à trois fois pour l’entraînement d’Eric Leray, entraîneur de galopeur à Senonnes. Ma dernière drive remonte au 21 août 2021. Le temps me manque pour assouvir cette passion, la priorité va à mon métier mais j’ai toujours ma licence d’amateur.

La suite logique était d’investir dans un trotteur ?
Oui mais rien n’était écrit. C’est lors du récent meeting de Cagnes-sur-Mer que j’ai rencontré Mike Izzo via Pierre Fertillet. Avec un groupe de copains, nous avons alors décidé de lui confier l’achat d’un cheval prêt à courir. Depuis quelques semaines, nous sommes les propriétaires de Jaguar Spirit qu’il a acheté sur le site Trotting Flash. Lors de son prochain engagement à Laval ou à Caen, en fin de mois, il va pouvoir porter ma nouvelle casaque.

Comment avez-vous choisi vos couleurs ?
J’ai déjà mes couleurs au galop, bleu et chevron orange, puisque je suis entraîneur de quelques chevaux à côté de Durtal. Malheureusement, le chevron au trot est dans le sens inverse et n’a plus la symbolique du V de victoire, j’ai donc échangé pour une ceinture. J’aime beaucoup l’association bleu marine avec l’orange, qui reste ma couleur préférée. Pour moi c’était une évidence d’avoir ma casaque comme cela (voir page suivante).

Vous vous projetez dans le long terme avec les trotteurs ?
Pas pour le moment, avec Jaguar Spirit c’est avant tout une aventure entre copains. Je pense avoir encore ma place dans les pelotons d’obstacles pour quelques temps. J’aimerai bien, dans le futur, investir dans un cheval d’amateur et me faire plaisir en portant ma casaque.

Lors de son prochain engagement à Laval ou à Caen, il va pouvoir porter ma nouvelle casaque
Clément Lefebvre

En rouge et noir pour Cristian Demuro
L'Italien Cristian Demuro, top-jockey habitué lui aussi à figurer dans le TOP 5 des meilleurs pilotes en France, est issu d'une famille d'hommes de chevaux. Lui aussi vient donc d'avoir ses couleurs, mêlant celles "d'une coccinelle et du Milan AC" nous a-t-il expliqué amusé. Habitué à venir à Vincennes durant l'hiver, il dit "adorer l'ambiance du trot notamment grâce à ses connexions privilégiées avec Antonio Somma, le patron de la Scuderia Bivans et Gaetano Pezone son manager. L'aventure se lance avec Matthieu Abrivard et Cristian espère pouvoir "venir vibrer sur l'hippodrome lorsque sa pouliche courra si mon emploi du temps me le permet. Je souhaitais avoir mes couleurs car voir sa casaque courir est un sentiment très particulier que je ne peux pas avoir dans ma spécialité. Je suis très sensible aux ponts qui peuvent être faits entre les disciplines et j'ai participé à plusieurs éditions de la course trot-galop en août à Cabourg. J'ai à chaque fois adoré. En revanche, je me suis mis une fois au sulky, et ce n'est vraiment pas fait pour moi (rires) !! Avoir ses couleurs est un début mais on pourrait faire en sorte de voir plus loin, pourquoi pas. C'est une première étape et je serai déjà très heureux de voir mes couleurs en course."

Faire la liste des professionnels des courses évoluant d'une façon ou d'une autre serait trop long mais citons les récentes réussites des l'entraîneur de plat Yann Barberot avec Kocktail Love ou de l'homme d'obstacle François Nicolle, double vainqueur durant le meeting d'hiver de Vincennes avec Jolie Poupée. Quant aux "trotteurs" brillant au galop, c'est à Auteuil qu'ils se sont récemment illustrés comme Jean-Philippe Monclin ou encore Damien Bonne premier propriétaire de celui qui est peut-être aujourd'hui le meilleur sauteur du monde : Galopin des Champs.

Mes couleurs sont entre la coccinelle et celles du Milan AC
Cristian Demuro