Ina du Rib ou l'essence de l'Étrier

Que la Journée des Champions durant laquelle se disputent les Finales des Étrier 3, 4 et 5 Ans consacre l'entraînement de Joël Hallais et la monte de Jean-Loïc-Claude Dersoir, soit deux des références de la spécialité, avec la victoire d'Ina du Rib dans le Prix de Normandie (Groupe 1) est une juste reconnaissance. Qui plus est quand cette édition revêt un caractère sportif exceptionnel avec le record de la course à la clé en 1'11''6 !

Lequel des deux est le plus ému ? C'est peut-être parce que l'on n'a pas l'image de professionnels particulièrement sensibles que les trémolos dans les voix de Joël Hallais et de Jean-Loïc-Claude Dersoir après le triomphe d'Ina du Rib (Uhlan du Val) dans le Prix de Normandie - Étrier 5 Ans Finale (Groupe 1) sont encore plus touchants. Ils disent beaucoup de cette victoire. L'un et l'autre ont beau avoir un palmarès dans les Groupes 1 long comme un jour sans fin, être de véritables références auxquelles on pense automatiquement quand on parle de la spécialité de l'Étrier grâce à une permanence au plus haut niveau, ils savent peut-être mieux encore que quiconque toute la valeur d'un succès à ce niveau. À l'image des grands jockeys de galop que sont Lanfranco Dettori et Gérald Mossé, qui continuent à briller au plus haut niveau la cinquantaine venue, Jean-Loïc-Claude Dersoir est une exception. Vainqueur de Groupe 1 avec l'ancienne monte, il est resté compétitif quand la nouvelle monte en avant s'est imposée. "J’ai 52 ans et je suis en forme, confie-t-il alors qu'il est accueillit par ses filles, ses premières supportrices, mais je pense que je ne gagnerai plus beaucoup de Groupes 1 maintenant. C'est pour cela que je suis ému… Ce sont de grands moments. Ce sont pour des chevaux comme Ina du Rib que je continue à monter car la monte en avant est physique." Le physique est une chose, le sens de la course en est une autre et Jean-Loïc-Claude Dersoir en a donné une nouvelle illustration. "La jument ne démarre pas vite mais j’ai eu un très bon parcours dans le sillage de la jument de Camille (Levesque) qui nous a ramenés sur un plateau, poursuit-il. Elle était facile tout le parcours. Elle était parfaite." S'il lui revient la finition dans le duo qu'il forme avec son beau-père, la préparation est bien le domaine de Joël Hallais. Un domaine qu'il maîtrise complètement comme une marque de fabrique. "Je ne sais pas si c'est une marque de fabrique, c'est ce que l'on appelle l'expérience, nuance-t-il avant de revenir sur Ina du Rib qui offre à son étalon de père Uhlan du Val sa première victoire dans un Groupe 1. C’est une jument qui n’est pas simple car la moindre contrariété lui fait faire une faute."

Et Joël Hallais de poursuivre son analyse : "On a essayé de la préparer pour le jour J et tout est tombé à peu près bien. Maintenant, elle se façonne, elle a gagné un peu en maniabilité. Aujourd’hui (dimanche), elle a eu un parcours de rêve et on sentait pour finir qu’elle était à l’aise. L’apport du déferrage l’a sûrement aidée car elle avait une allure très coulante. À propos du déferrage, il ne faut pas brûler les étapes, surtout avec elle qui a une santé fragile et a été opérée des genoux. C’est pour ça que je ne voulais la déferrer que pour la "belle", quand tout paraissait bien. Sachant que je la jugeais au top, je pensais que, si la course se déroulait normalement, je lui voyais une très bonne chance.". On ne peut s'empêcher de penser que cette initiative est aussi à l'origine du nouveau record de la course qu'Ina du Rib réalise en devançant Iroise de la Noé (Tornado Bello) avant que celle-ci ne soit sanctionnée après enquête sur ses allures et laisse du coup les accessits à I Can Dream (Ubriaco) et à Idéale du Chêne (Bird Parker) dans une édition féminine dans la lignée de toutes les précédentes depuis 2016. "Je n'ai pas de regrets, dit Alexandre Abrivard au sujet de la jument de l'écurie familiale. Ina du Rib et Iroise de la Noé se sont sauvées dans le tournant final où la mienne n'a pas pu les suivre." De son côté, Paul Ploquin insistait sur le fait que sa partenaire est toujours là : "Elle est devancée par de sacrées juments mais elle se bat. La distance est un peu longue pour elle."

Au plus près du champion : Vincent Guesdon
À 45 ans, Vincent Guesdon est l'une des figures de l'écurie de Joël Hallais où il travaille depuis la fin des années 1990. Ancien élève de l'AFASEC de Graignes et Grosbois, c'est lui qui s'occupe au quotidien d'Ina du Rib comme il s'est occupé dans un passé plus ou moins proche de Memphis du Rib, One du Rib ou encore Hirondelle du Rib, déjà tous lauréats de Groupe 1. "C'est une jument gentille et calme, dit-il. Aux courses, il peut lui arriver d'être un peu tendue mais ce n'était pas le cas aujourd'hui (dimanche). On avait confiance dans la jument vue comment le chef l'avait préparée."

Je ne sais pas si c’est une marque de fabrique, c’est ce qu’on appelle l’expérience.
Joël Hallais

		Islero de Bellouet 1'14''3	Viking's Way 1'15''6
	Uhlan du Val 1'10''5		Quenavora
		Indiana Beautiful 1'16''6	Beautiful Somolli (US) 1'15''4
INA DU RIB			Dzeta des Pezeries
		Hulk des Champs 1'13''5	Blue Dream 1'14''9
	Tina du Rib 1'12''0		Olga de Riviere 1'16''9
		Une Passion 1'17''3	Chambon P
			Maleinaise 1'19''8