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Actualité - 10.01.2021

Fado du Chêne vainqueur d’un duel au sommet

Le Prix du Calvados (Gr.2) a tenu toutes ses promesses, délivrant un vainqueur, Fado du Chêne, dorénavant revenu à son meilleur niveau. L’épreuve envoie également sur orbite à deux semaines du Prix de Cornulier un Freeman de Houelle remarquable de pugnacité. Ces deux 6 ans ont offert un duel au sommet mais ne dissimulent pas totalement d’autres prestations plus que prometteuses. Le casting sera dense et fort dans la grande finale.

Vingt-quatre heures après la démonstration de Gladys des Plaines (Opus Viervil) dans le Prix Emile Riotteau (Gr.2), synonyme par ailleurs d’une place réservée dans le Prix de Cornulier (Gr.1), Fado du Chêne (Singalo) a aussi posé ses jalons. Il lui a fallu plus se donner que sa cadette d’un an pour remporter le Prix du Calvados (Gr.2) mais l’opposition était également plus consistante. En deux jours, les deux épreuves prouvent que les trotteurs d’âge, ou du moins de 5 ans et plus, nous proposent une belle concordance des temps. Car plusieurs éléments que l’on pensait en perte de vitesse ou dans une condition actuelle insuffisante montrent ensemble un retour à leur meilleure forme. Mieux encore, certains n’ont sans doute jamais été aussi bons. C’est notamment le cas de Freeman de Houelle (Vigove), formidable dauphin de Fado du Chêne ce dimanche. Le grand enseignement de ce week-end est que le casting sera dense et fort dans deux semaines dans le Prix de Cornulier. Les prétendants plus nombreux que prévu. Il ne faudra pas oublier dans la liste Flamme du Goutier (Ready Cash) qui se prépare par des chemins de traverse et a signé ce dimanche un brillant succès dans le Prix de Lille à l’attelé.
L’absence du tenant du titre Bilibili n’a pas eu que pour conséquence d’affûter les ambitions des opportunistes, elle a permis l’affichage de grandes ambitions de candidats on ne plus légitimes dans un Prix de Cornulier. C’est évidemment le cas de Fado du Chêne. Ce triple vainqueur de Groupe 1, au bagage classique par excellence, a le profil d’un vainqueur de Cornulier. Voilà ce que nous a résumé Julien Le Mer, l'entraîneur du vainqueur : « Super ! Il nous fallait confirmer sa récente victoire pour nous prendre au sérieux pour le « Cornulier », c’est chose faite. Le chrono est canon. Il n’y a plus qu'à attendre la belle maintenant mais forcément on ne peut que détenir une très bonne chance. »


6e | PRIX DU CALVADOS
M - 2850 m - Groupe 2 - 130 000 €
FADO DU CHENE 1'12"5
Singalo x Star du Chene (Coktail Jet)
Jockey : P. Ph. Ploquin - Entraîneur : J. le Mer
Propriétaire : Cl. Guedj - Eleveur : Y. Guedj
2e Freeman de Houelle 1'12"5 Vigove x Rafina de Houelle
3e Daida de Vandel 1'12"7 Real de Lou x Gallia de Vandel
4e : Dynamite Marceaux - 5e : Etoile de Bruyere - 6e : Jerry Mom - 7e : Dexter Fromentro

D'où vient-il ?

Le Prix de Cornulier est, plus que jamais, d'actualité, pour un Fado du Chêne retrouvé, qui aura pour suprême objectif d'imiter son père, Singalo 1'11'' m., en s'imposant, comme lui, dans le championnat monté. C'est tout le mal qu'on lui souhaite, ainsi qu'à son propriétaire-éleveur, Claude Guedj, qui est l'homme de toute la lignée, jusqu'à Caresse du Chêne 1'16'' (1990-Quarisso), la troisième mère, gagnante de sept courses et de 185.000 €. Kim du Chêne 1'15'' (Podosis) sera le meilleur produit de celle-ci, à la faveur de cinq succès et de 60.000 € de gains. De même, la contribution la plus aboutie de cette dernière, au haras, sera la fille de Coktail Jet, Star du Chêne 1'14'' a.-m. (quatre victoires et 70.000 €). Or, Kim du Chêne et Star du Chêne sont, respectivement, la grand-mère et la mère de Fado du Chêne. En 2018, Star du Chêne a eu une propre soeur de "Fado", Idole du Chêne, puis, en 2019, une fille de Diablo du Noyer, Jazzie du Chêne, et, en 2020, un mâle de Niky, Khalife du Chêne.

1’12’’5 pour le vainqueur. Le chrono est effectivement très bon et ne trouve que les 1'12’’4 de Bilibili en 2019 pour le surpasser depuis 2010. Après une année 2020 en grande partie synonyme de disette sportive et de doute dans l’esprit de l’entourage, Fado du Chêne venait de signer sa résurrection dans le Prix de Joseph Lafosse (Gr.2) en dominant Feeling Cash. Dans une épreuve qui a aussi été marquée par plusieurs faux départs, Julien Le Mer nous a débriefé : « Le cheval évolue vraiment dans le bon sens dans son mental. Il y a six mois encore, il n’aurait pas apprécié les faux départs. On a décidé avec Paul [Ploquin] de le courir comme ça, en ne faisant que le dernier kilomètre. C’est un monstre dans cette partie-là du parcours. On a été gênés par un concurrent dans la montée [N.D.L.R. : Dynamite Marceaux] et, heureusement, il s’est montré gentil aujourd’hui. Il change. On lui a modifié sa ferrure cet hiver, passant de plaques à des fers collés. Il a plus de confort mais autant de poids. En plus, il tourne désormais mieux [dans le dernier virage]. Il a failli être battu car il s’est un peu repris et notre adversaire est venu en dedans. Avec sa Murphy, il ne l’a pas vu. »

Auteur du meilleur dernier kilomètre
C'est en lançant la course dans la montée que Fado du Chêne a construit son succès, rejoignant l'animateur Freeman de Houelle en entrant dans le dernier tournant. Jockey du gagnant, Paul Ploquin nous a confié : « Il a été fort car on s’est fait sortir dans la montée [N.D.L.R. : par Dynamite Marceaux]. Il a fait un vrai dernier kilomètre [1’11’’7 au tracking, de loin le meilleur chrono sur la portion finale, le suivant étant l’apanage de Daïda de Vandel en 1’12’’2]. En montant, c’est là qu’il est le meilleur. Les faux départs ne nous ont pas arrangés même s’il est plus « sympa » qu’avant. Il est beaucoup plus maniable qu'auparavant et même un peu froid en début de parcours mais ce n'est pas plus mal avec lui. On est sur les bons rails pour la belle. »

Le dernier tournant en juge de paix
Il y quelques mois encore, le dernier tournant était un supplice pour Fado du Chêne. Il a démontré beaucoup de progrès dans sur ce segment notamment ce dimanche où il s’est tout simplement permis de prendre plusieurs longueurs sur son rival Freeman de Houelle. Ce dernier vit pour sa part les pires affres dans l’ultime tournant qu’il négocie en se « cassant ». Mais, une fois en ligne, il s’est relancé, comme lors de son succès du 15 décembre dernier, quand il laissait à distance Fakir de l’Ecluse. À ce sujet, Eric Raffin, le jockey de Freeman de Houelle, nous a déclaré : « C’est un super, un vrai dur. Dommage qu’il ait du mal à tourner : ça nous coûte la victoire. Dans le « Cornulier », il peut être compétitif. »



C’est un monstre dans la montée et le dernier kilomètre.
Julien Le Mer

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Vue intérieure du dénouement du Prix du Calvados - © Aprh
Grâce à ce premier accessit, Freeman de Houelle décroche son billet de participation au Prix de Cornulier, à la grande satisfaction de Franck Leblanc : « Il redevient le cheval qu’il était. Il a été malade l’hiver dernier, ce qui explique qu’il était passé à côté de son meeting, mais là il revient au top. Il a toujours du mal dans le dernier tournant. C’est son défaut. Il n’est pas si compliqué que cela mais, forcément, je préférais avoir Eric [Raffin] sur son dos pour la belle. Ce n’est pas grave : il va quand même participer maintenant qu’il est au mieux. » Reste donc maintenant à l'entraîneur à trouver le pilote du jour "J", Eric Raffin étant retenu sur Feeling Cash.

Les mots d'ordre de tous : "progrès attendus dans les quinze prochains jours"
Deux juments ont signé de belles fins de course, du même ordre que les deux premiers : Daïda de Vandel (Real de Lou), troisième, et Etoile de Bruyère (Kénor de Cossé).
Pour la première, son partenaire Alexandre Abrivard nous a déclaré : « La jument court bien et est qualifiée pour le Prix de Cornulier. Aujourd’hui, le chrono est très bon. Elle n’était pas encore au top. Elle n’a pas été bousculée le matin pour pouvoir monter encore en puissance sur cette course-là. Il faudra qu’elle soit meilleure dans quinze jours pour être compétitive mais cela sera le cas et je pense qu’elle pourra viser la troisième ou quatrième place. » À noter que Daïda de Vandel est l'auteure du meilleur chrono sur les 500 derniers mètres (1'13''0 contre 1'13''2 à Freeman de Houelle et 1'13''6 à Fado du Chêne).
Au sujet d'Etoile de Bruyère, Adrien Lamy nous a appris : « Ce n’est ni bien, ni mal. On s’est retrouvés un peu loin et il a fallu contourner beaucoup de rivaux. Sa fin de course est honnête. Elle n’est pas pieds nus et pas encore affûtée comme elle le sera dans quinze jours. Elle aura sa chance pour les petites place dans la belle et, si on a le même parcours que l'année dernière, elle peut faire mieux encore. »

La perdante du jour : Dynamite Marceaux
Quatrième et donc sans place assurée au départ du Prix de Cornulier, Dynamite Marceaux (Ready Cash) a pourtant fait preuve de courage dans le final après s'être dévoilée dans la montée. Son jockey, Christopher Corbineau, qui a été sanctionné de deux jours de mise à pied, revient sur leur parcours : « J’ai dû venir trop tôt, à 800 mètres du but alors qu’elle aurait été mieux à ne faire que les 400 derniers mètres. Mais le cheval devant moi n’avançait plus. Elle ne démérite surtout pas. C’est dommage car on rate notre ticket pour le Prix de Cornulier. Il faut espérer qu’elle pourra participer par les gains. Si elle court, elle sera déferrée de quatre pieds, ce qui est un plus pour elle mais on ne peut le faire que très rarement. »

La génération des F en force
Ce dimanche, pendant ce temps-là, Flamme du Goutier (Ready Cash) a effectué une véritable démonstration dans le Prix de Lille, le Quinté+ du jour. La lauréate du dernier Prix de Normandie (Gr. 1), dans lequel elle mettait à sa botte Feeling Cash et Fado du Chêne, fait incontestablement partie des « grosses » impressions dominicales. Grâce à ses gains du jour (36 000 €), elle figurait dimanche soir au 18ème rang des engagés du Prix de Cornulier. Mais Freeman de Houelle passe devant elle grâce à sa wild card et Daïda de Vandel n’apparaît pas encore sur cette liste. Pour être de la fête, il faudra donc quelques défections parmi les engagés, ce qui reste tout à fait réalisable.
Avec Flamme du Goutier, Feeling Cash, Fado du Chêne et Freeman du Houelle, la promotion des 6 ans semble définitivement très bien armée. Mais n’oublions pas une 5 ans qui survole actuellement sa génération, Gladys des Plaines.
Et, pour revenir à nos propos du début, le Prix du Calvados met en lumière un ensemble de trotteurs d’âge qui arrivent à leur summum suivant un timing parfait pour alimenter des ambitions nombreuses le Prix de Cornulier. Voilà sans doute la belle des concordances des temps.
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