Quand les courses parlent aux élus et décideurs locaux
Jamais, sans doute, la filière hippique n’aura autant donné des marques d’attention aux élus locaux, souvent décisionnaires, qui côtoient, sur l’ensemble de l’Hexagone, les courses. Des élus qui souvent ne connaissent pas l'univers hippique, que ce soient les hippodromes ou les acteurs de la filière, comme les entraîneurs et éleveurs. En l’espace de quelques jours, dans le cadre de ses opérations Territoires Hippiques, la Fédération Nationale des Courses Hippiques (FNCH) a invité des élus. Pour leur "parler, raconter" et donner des clés de compréhension. Et les élus ne demandent que cela.
Mercredi 5 juin, c’est en région parisienne, sur le domaine de Grosbois puis au Laboratoire des Courses Hippiques que Pierre Préaud, secrétaire général de la FNCH, et Tanguy Courtois, animateur de l’opération Territoires Hippiques, ont accueilli Corinne Vignon, présidente du groupe d'études Condition et bien-être des animaux à l'Assemblée nationale, Philippe Emmanuel, président du groupe Cheval à l'Assemblée nationale, et Géraldine Grangier, députée du Doubs. Ce vendredi, c’est en Mayenne, au sein de l’établissement de Charles-Antoine Mary que l’opération est reconduite à destination cette fois d’élus locaux. La logique est la même. Cette immersion permet aux parlementaires et aux élus locaux de découvrir l'envers du décor des courses hippiques et d'échanger avec les professionnels, en particulier sur les enjeux de bientraitance, d'emploi et de formation. Une constante : des échanges concrets sur le terrain, au contact du cheval et des acteurs socioprofessionnels avec la volonté d’incarner les courses, par des noms, des visages, des lieux.
Le programme Territoires Hippiques
Le projet Territoires Hippiques a été créé en septembre dernier pour rassembler tous les élus locaux intéressés par la filière hippique à tous niveaux. Il rassemble déjà près de 2.000 membres et a vocation à doubler au minimum d'ici la fin de l'année.
Son objectif : faire connaître concrètement la filière hippique aux élus, son fonctionnement, ses métiers, ses enjeux.
La méthode : organiser des rencontres sur le terrain dans des haras, des écuries d'entrainement, des hippodromes, des écoles de l'AFASEC.
Sujets abordés : il s’agit de parler et de développer aux élus les retombées économiques et sociales de la filière hippique, de traiter de la bientraitance animale, des enjeux environnementaux, de l'emploi, etc. On peut parler ici de tous les sujets structurants de la filière.
Le soleil est au rendez-vous ce vendredi à Grez-en-Bouère. Ce n’est pas anodin pour le succès d’une opération qui va demander à circuler au sein de l’établissement de Charles-Antoine Mary. Pierre Préaud souligne en préambule :
"Nous sommes très heureux car, pour notre première opération sur un site d’entraînement privé, nous avons réussi à mobiliser une vingtaine d’élus locaux. C’est plus que la dizaine que nous avons reçur sur l’hippodrome de Mauquenchy par exemple." Un sénateur, des élus régionaux, dont le vice président de Région délégué à l’Emploi et à la Formation, André Martin, par ailleurs président de la société des courses du Lion-d’Angers, des maires et conseillers communautaires. Toute la palette locale de représentation électorale est bien au rendez-vous en Mayenne.
La séance durera deux heures et permettra de présenter de manière didactique les courses. Dans leur acceptation le plus large. Pierre Préaud expose et déroule avec précision l’histoire, le mode de fonctionnement, de financement d’une filière qui génère
"20.000 emplois directs et 30.000 indirects pour le seul volet courses hippiques de la filière cheval". L’auditoire est attentif et s’empare des sujets au fur et à mesure.
"Nous sommes une filière agricole avec des valeurs sportives, bâtie sur un système associatif qui fonctionne à deux allures, le trot et le galop" résume ainsi le secrétaire général de la FNCH qui ajoute encore :
"Nous voulons raconter aux élus notre histoire et que, vous élus, pouvez être acteurs de cette histoire." On apprend ainsi que dans une
"toute récente étude menée par Deloitte", la contribution au PIB des courses est évaluée à 2,6 milliards d’euros. Tout est déroulé sous l’angle de la filière : le financement avec le PMU et ses 10 milliards d’enjeux collectés, la circulation et ventilation de cette masse budgétaire par la suite.
Liste non exhaustive des participants :
Guillaume Chevrollier, sénateur de la Mayenne, André Martin, président de la Fédération régionale des courses et vice-président de la Région, Jean-Luc Catanzaro, délégué à la formation et à l’emploi à la Région, Eric Tour, référent régional pour la filière équine, Claude Tarlevé et Gérard Dujarrier, vice-présidents du Département de la Mayenne, Jean-Pierre Foucher, Jacky Chauveau et Nicolas Chéré, respectivement maires de Grez-en-Bouère, Bouère et Saint-Martin-du-Bois.
© Province CoursesLes vertus et les conditions d'utilisation de la piscine présentées par Charles Antoine Mary Les opérations Territoires Hippiques passées en régions :
◆ décembre 2023 : Hippodrome de Mont-de-Marsan
◆ mars 2024 : Hippodrome de Mauquenchy en mars 2024
◆ 7 juin 2024 : établissement de l’écurie d'entrainement de Charles Antoine Mary à Grez-en-Bouère, en Mayenne
Les opérations à venir :
◆ 4 juillet 2024 : hippodrome d'Aix-les-Bains
◆ septembre 2024 : un haras d'élevage de pur sang
◆ ensuite : l'hippodrome de Pornichet
On parle emploi et formation. Jean-Luc Catanzaro, délégué à la formation et à l’emploi à la Région Pays de la Loire, obtient des éclairages sur l'AFASEC et les cursus de formation qui gravitent autour et pour les courses. Elise David, directrice Emploi de l'AFASEC, est présente et donne les clés de compréhension. Charly Mary explique son métier, le mode de fonctionnement de son entreprise - suivant le modèle de l'entraîneur public - avec deux grandes sources de revenus pour sa société : les allocations et les pensions payées par les propriétaires. Il présente aussi son projet de centre d'entraînement multifonctionnel, avec couloir de nage, balnéothérapie, grands boxes ouverts, etc. Le professionnel commente :
"Je pense cheval, je me mets à la place du cheval dès que je conçois quelque chose pour l'entraînement."
Les questions
"Combien de temps un cheval reste au box dans une journée ? Quelle représentation ont les femmes dans la filière ? Que faites-vous des chevaux en fin de carrière ?" s'enchaînent. Les réponses apportées par les différents représentants de la filière et les socioprofessionnels présents suivent.
Les politiques des contrôles anti-dopage et de médication sont détaillées et documentées par Pierre Préaud qui résume :
"Les courses sont l'activité sportive la plus contrôlée et ce contrôle évolue dans sa stratégie." On parle encore de bien-traitance animale. Sur le sujet, Jean-Philippe Mary, président du Comité Régional du Trot Anjou-Maine et président de la Commission du Programme de la SETF, rappelle les dernières évolutions parues ce jeudi au Bulletin Officiel sur les nouvelles règles de déferrage et de plaquage.
Les élus semblent satisfaits de cette séance à très haute valeur pédagogique et explicative. La découverte par l'exemple, sur site, dans un contexte professionnel, rend la théorie du discours concrète et palpable.
La Filière Cheval se mobilise en amont des élections européennes
Si les actions se multiplient aux niveaux local et national, la filière Cheval dans son ensemble a aussi décidé de prendre la "parole" dans le cadre des élections européennes qui auront lieu ce dimanche. La filière Cheval a ainsi fait parvenir à chacun des candidats une présentation de la filière équine française, de ses enjeux notamment européens et des attentes qui sont celles de la filière française dans la perspective de la prochaine législature. Le constat est le suivant :
"de nombreuses réglementations européennes ont un impact direct sur les acteurs de la filière équine nationale et il est important de sensibiliser les futurs eurodéputés à ces sujets."
Olivier de Seyssel, Président de la Filière Cheval, rappelle pour sa part :
"Malgré son importance, notre secteur n’a pas toujours bénéficié du soutien attendu pour être pleinement valorisé. Pourtant, investir dans la filière cheval, c'est soutenir une agriculture diversifiée et durable, propice à la création d'emplois, et à la mise en valeur de la richesse des régions et des territoires ruraux."
Retrouvez le document conçu par la Filière Cheval pour les élections européennes par
ce LIEN.
La Filière Cheval représente les 5 maisons-mères de la filière équine française : la Fédération Française d’Equitation (FFE), France Galop, la Société d’Encouragement à l’élevage du Trotteur Français (SETF), la Société Française des Equidés de Travail (SFET) et la Société Hippique Française (SHF). Elle vise à unir et à promouvoir la collaboration au sein de la filière équine, coordonner les initiatives et actions de la filière, élaborer les projets d’intérêt général, et représenter la filière auprès des institutions en France et en Europe.
© Solène Bertron / Fédération AMCOEchanges en Mayenne