Belina entretient le rêve Josselyn
La Journée des Champions sera exceptionnelle. Sept Groupes sont à l’affiche dont cinq Groupes 1. Les champions du moment, génération par génération, répondront à l’appel. Pour tout éleveur, se voir représenter dans ces temps forts de l’année est une consécration et toujours le fruit d’une passion dévorante. Cette semaine, 24h au trot vous emmène à la rencontre de trois éleveurs qui vivront la journée en très haute intensité. Episode 3 avec Pascal Bernard, l’animateur de l’élevage des "Josselyn". Retrouvez l'intégralité de cette rencontre en images par ce LIEN.
Le soleil, pourtant discret en ce mois de juin, était au rendez-vous de l’après-midi passé au Haras du Bois Josselyn, en plein cœur de la Normandie. Pascal Bernard nous reçoit sur ses terres où sont nés tant de champions depuis plus de cinquante ans. Dans un pré, devant la maison, celle qui a été la ballerine de Vincennes, la championne Bélina Josselyn (Love You), profite du beau temps avec son foal de l’année, Olivia Josselyn (Ready Cash), né quelques jours plus tôt. La pouliche est la propre sœur de Liza Josselyn et l’un des derniers produits de Ready Cash (Indy de Vive). Liza sera à l’affiche dimanche du Prix Albert Viel (Gr.1), dans ce qui constitue sa première tentative au niveau Gr.1.
©ProvinceCoursesPascal Bernard Liza Josselyn, la réunion des perfections
Née des œuvres de deux champions, chacun au palmarès du Prix d’Amérique Legend Race,
Ready Cash (Indy de Vive) et
Bélina Josselyn (Love You),
Liza Josselyn est une rareté sur la planète trot. Pascal Bernard nous confie à son sujet :
"Liza Josselyn nous a fait monter en pression dès le début. Déjà, de par son papier exceptionnel. Ensuite, Hédi Le Bec m’a informé rapidement de son potentiel. Lors de sa qualification à Caen, elle s’est montrée fautive dans les premiers mètres avant d’entamer une magnifique remontée et de s’envoler à la fin. Cela reste la seule fois où elle s’est mise au galop. Liza a rapidement affiché ses belles dispositions et sa facilité en course. Elle est capable de s’adapter à tous les trains. Des tribunes, cela semble facile avec elle. Jean-Michel la trouve extraordinaire. Il me confiait qu’il était admiratif de sa façon d’être. Elle possède du caractère mais reste cool et appliquée. Elle fait tout ce qu’on lui demande. Le rêve continue avec une telle pouliche. Nous prenons les courses une par une, sans faire de plan sur la comète. Elle vient de gagner son premier Groupe 2 dans le Prix Ozo. Le 23 juin, dans le Prix Albert Viel, ce sera une autre histoire face aux mâles."
La rencontre
24h au trot.- Pascal, nous sommes dans un lieu chargé d’histoire. Racontez-nous !
Pascal Bernard.- Mon père est arrivé au haras en 1976. Cela fait presque cinquante ans. Le premier grand vainqueur maison auquel on pense est bien évidemment
Nodesso (Quioco), lauréat du Critérium des 4 Ans en 1983 qui a mis rapidement en avant l’écurie. Le label Josselyn est arrivé avec la génération des "C" nés en 1990. Mon père avait fait à l’époque le pari des croisements franco-américains rendus possibles par l’ouverture du stud-book. Et le premier à se démarquer a été
Cézio Josselyn (Armbro Goal), vainqueur de plusieurs semi-classiques.
Ezira Josselyn (Royal Prestige) nous a aussi apporté aussi, à l'époque, de grandes satisfactions.
Ce qui frappe est que votre élevage a connu une réussite constante depuis ses débuts.
P.B.- C’est vrai mais pourtant, comme beaucoup de haras, nous avons connu une période un peu plus délicate vers 2010 avec moins de bons performers. Puis la belle histoire est vite repartie avec, entre autres, l’arrivée d’
Uza Josselyn mais aussi et surtout de
Bélina.
Que représente une telle jument pour un élevage comme le vôtre ?
P.B.- Avoir fait naître une telle jument est un pu comme un rêve qui se réalise. Ce qui est encore plus grisant avec
Bélina, c’est que son parcours a été crescendo. Elle a démarré tranquillement sous la coupe d’Hédi Le Bec avec lequel elle a gagné quelques courses avant de rejoindre l’écurie de Jean-Michel (Bazire). Elle a monté les échelons en passant par les courses A puis les courses de Groupe. C’est alors qu’elle a dû affronter le champion
Bold Eagle contre lequel elle a d’abord souvent pris les accessits d’honneur, ce qui était déjà extraordinaire. Sa victoire dans le Prix Ténor de Baune (Gr.2) lui a donné un ticket pour le Prix d’Amérique où elle a bataillé un instant avec
Bold Eagle avant que celui-ci ne s’envole pour finir mais c’était déjà formidable. Nous avons patienté trois ans avant de voir
Bélina remporter l’épreuve reine sans parler de ses succès dans le Prix de Paris. Pour moi et mon entourage, cela a été une période de presque six ans, très intense, que nous avons pleinement savourée.
Tout n’a pas pourtant pas été simple avec Bélina.
P.B.- C’est vrai et c’est drôle parce ce que, finalement, elle n’a pas été si délicate que cela. Nous regardions l’autre jour sa musique et elle n’a pas autant de disqualifications que nous le pensions. Nous gardons pourtant en mémoire le fait qu’elle était capable de faire des blagues. Je me souviens des Prix de Bretagne et du Bourbonnais lors de l’hiver 2016-2017 où elle avait enchaîné deux disqualifications et c’était un peu lourd.
Qu’a Liza Josselyn en commun avec sa mère ? Qu’a-t-elle de différent ?
P.B.- Liza est peut-être plus autoritaire que
Bélina. Cette dernière est, depuis toute petite, sympa et gentille.
Liza est aussi sympa mais, lorsqu’elle a décidé, par exemple, de rentrer dans son box, elle y va. Peu importe si c’est le moment ou pas. En courses, la pression n’est pas la même entre les deux car
Bélina était capable de partir au galop, ce qui n’est pas le cas de
Liza. Ce que
Liza a, par-dessus tout, en commun avec sa mère
Bélina, est qu’elle nous fait rêver.
© Province CoursesBélina Josselyn et son foal 2024