On pourrait croire à une histoire belge. Voici un homme qui demande à revivre en 2021 les mêmes plaisirs que l’an dernier, l’annus horribilis de la Covid-19. L’homme, belge forcément, a ses raisons à lui. Yannick Desmet a en effet réalisé une formidable saison sous ses différentes casquettes, principalement de propriétaire et d’entraîneur.
La casaque bleue munie d’un chevron blanc de Yannick Desmet signe un incroyable début d’année à Vincennes. Elle s’est déjà imposée cinq fois depuis le 1er janvier en seulement 9 présentations. En terme d’efficacité, le propriétaire belge est tout simplement en tête. Et derrière ces succès, il y a une particularité, comme une signature. On compte en effet quatre entraîneurs différents comme artisans des cinq succès : Thierry Duvaldestin (2 fois, avec Dusty Wood et Gitano), Jean-Michel Bazire (avec Empereur de Reux), Loïc Charbonnel (avec Gaultheria) et Yannick Desmet lui-même (avec Guerrier Castelets). Car Yannick Desmet est sur tous les fronts et tous les tableaux : propriétaire, entraîneur et même driver amateur. Ce début d’année 2021 ne fait que réaliser la continuité avec 2020 qui l’a vu finir au 37e rang des propriétaires avec 32 victoires et plus de 540 000 € de gains en France. L’homme nous déclare à ce sujet : « 2020 a été une très bonne année. Je veux bien même signer pour que 2021 soit la même. Je vais vendre cette année un peu de yearlings et de poulinières car j’en ai hérité de mon père mais je ne veux pas faire d’élevage. Je veux acheter des chevaux de courses, c’est cela qui m’intéresse. Pour moi, les chevaux, c’est surtout du plaisir. Mais il faut aussi faire attention à faire tourner la boutique. Je ne me plains pas et, si je peux réaliser une année 2021 comme 2020, je signerai tout de suite. Je fais partie des 40 premiers propriétaires français et je ne peux pas me plaindre. »
Son père, Étienne Desmet, récemment disparu et dont la casaque avait brillé il y a peu à Vincennes avec la semi-classique Désirée, lui a inculqué la passion trotteuse. Yannick nous apprend : « En Belgique, j’ai des chevaux depuis très longtemps. Mon père avait déjà des chevaux et, quand j’ai commencé à travailler avec lui, jeune, pour le plaisir, j’ai vite eu des chevaux. J’ai continué depuis. Évidemment, mon effectif s’est énormément développé. Mais j’ai toujours eu des chevaux de courses par plaisir et je drive aussi en amateurs de temps en temps pour me faire plaisir. »
Mais on n'est pas dans la simple continuité familiale car Yannick Desmet n'emprunte pas toutes les voies du père : « Mon père faisait beaucoup d’élevage mais moi je n’aime pas l’élevage. Je préfère voir mes chevaux courir. J’ai toujours préféré investir dans les chevaux de courses. »
La Belgique est devenu un terrain de jeu trop petit
Comme beaucoup de professionnels belges, l'essentiel se passe au trot aujourd'hui en France : « Il a fallu que je sorte de la Belgique pour me faire plaisir. Il y a encore de belles courses à Mons mais pas grand-chose à côté. Il fallait que je continue en France. Il faut dire que mon père avait aussi déjà des chevaux en France. »
Un homme aux différentes vies
Si Yannick Desmet exerce comme entraîneur en Belgique, avec des partants aussi en France, ce n'est pas sa seule activité professionnelle : « J’ai cinq terrains de camping en Belgique et je vends pas mal de mobile-homes. Ça, c’est mon métier de base. Pour mes chevaux, j’ai une ferme de vingt hectares en Belgique et ai également trente-cinq à quarante boxes chez moi. Je vis sur la côte belge, entre Ostende et Middelkerk, non loin de l’aéroport d’Ostende. Je suis bien, pas loin de la plage et à proximité des autoroutes. »
Propriétaire depuis 30 ans
La casaque de Yanncik Desmet a fait son apparition en France pour la première fois en 1991. Trente ans déjà. Elle revendique 251 victoires à son tableau de marque depuis (source Letrot.com).
Mais jamais le professionnel multi-cartes de 54 ans n'a autant gagné en une saison. Il a remporté 32 courses l'an dernier dans l'Hexagone, 38 si l'on ajoute les quelques victoires glanées à l'étranger (en Belgique) comptabilisées également par Letrot [voir statistiques en bas de page].
Son effectif de 2020 est conséquent : 46 trotteurs différents présentés par 14 entraîneurs. Le propriétaire achète et répartit son effectue comme il nous l’explique : « Un jour, Luc Roelens m’a emmené chez Jean-Etienne Dubois et j’ai commencé à acheter pas mal de chevaux là-bas, des yearlings. Comme Désir Castelets (Quaker Jet) qui a été un des premiers chevaux que j’ai acheté avec Luc Roelens. On est copains, Luc et moi. Récemment, j’ai acheté sept jeunes chez Bertrand de Folleville. Il m’a fait plaisir en me vendant aussi Complice. Depuis mes 18 ans, je fais la route avec des chevaux un peu partout, en France notamment. J’ai beaucoup d’amis et mes chevaux sont maintenant dispersés chez de très nombreux entraîneurs. J’en ai chez Thierry Duvaldestin, Jean-Michel Bazire, chez les « Roubaud » dans le sud, chez Pierre Vercruysse et d'autres. »
Une méthode et une organisation
Voilà comment présente sa méthode Yannick Desmet : « J’achète les poulains et je les débourre. Je fais appel à différents professionnels pour cela et pour les façonner. J’essaie de les qualifier moi-même et je travaille pour cela maintenant avec Loïc Charbonnel. Ensuite, une fois qu’ils sont bien façonnés, je les reprends à la maison pour leur donner un peu de repos et après je les mets « de gauche et de droite » chez des grands entraîneurs. Voilà ma méthode. Je répartis mon effectif chez les entraîneurs et garde une bonne trentaine de chevaux à la maison. J’ai cinq personnes chez moi qui travaillent tous les jours dans les chevaux. J’ai une vingtaine d’ouvriers au total et tout le reste travaille dans les campings. »
J’ai beaucoup d’amis et mes chevaux sont maintenant dispersés chez de très nombreux entraîneurs.
Yannick Desmet, ici avec Jean-Michel Bazire
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