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Quelques-uns des gagnants de dimanche
Actualité - 24.06.2024

La nouvelle vague de Champions

Au lendemain d’une Journée des Champions à Vincennes, dont on n’a pas fini de garder les images et les émotions en tête, les notions d’avènement, de partage, de communion et de jeunesse ont été les marqueurs forts d’une réunion à nulle autre pareille. On peut encore y ajouter les dimensions de transmission, de diversité et de richesse. Chacun des cinq Groupes 1 a consacré des entourages différents, de l’éleveur à l’entraîneur en passant par le propriétaire et le pilote, pour certains habitués à ce niveau d’excellence, pour d’autres totalement novices. Plusieurs vagues se sont ainsi abattues avec force et détermination sur cette journée en particulier et, plus généralement, sur la discipline de l'Etrier.

On ne peut que ressortir ragaillardis d’une édition de la Journée des Champions comme celle vécue dimanche à Vincennes. Alors que le spectacle en termes sportifs a été à la hauteur des attentes suscitées par une telle réunion avec plusieurs éclairs de classe sur la piste - à commencer par celui d'Horsy Dream (Scipion du Goutier) "flashé" sur le pied de 1’02’’ dans les cent derniers mètres du Prix René Ballière -, les entourages de chacun des cinq Groupes 1 ont véhiculé, à des degrés plus ou moins élevés, avec les spécificités propres à chacun, des valeurs qui font la force et la richesse d’un sport comme celui des courses et, dans le cas qui nous intéresse, des courses au trot. Que l’on soit sur l’hippodrome ou devant son écran, comment rester insensible à ces histoires d’hommes et de chevaux, à ces valeurs de passion et de travail où le partage et la communion ne sont pas de façade mais profondément ancrés dans la nature des différents acteurs ?

Kyrielle des Vaux : une "Présidente" populaire

À Vincennes, l’élection du "Président" ou de la "Présidente" a lieu chaque année. Mais ce n’est pas tous les ans que les tribunes du paquebot amiral du trot sont plongées dans un maelström d’émotions tel que celui projeté par l’entourage de Kyrielle des Vaux (Rolling d’Héripré). Rien n’est prévu, encore moins calculé, juste la fougue de la jeunesse capable d'embarquer avec elle des tribunes tout entières.
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Quelques-uns des gagnants de dimanche
Charley Mottier (29 ans) et Guillaume Lenain (23 ans), respectivement entraîneur et jockey de la gagnante du Prix du Président de la République - Étrier 4 Ans Finale, sont des incarnations parmi d’autres de l’avenir et du renouvellement de la discipline du trot, au sein de laquelle ils accèdent pour la première fois au statut de vainqueur de Groupe 1. Ils sont aussi une parfaite incarnation du "c’est possible", encore très vivant au trot, de pouvoir gagner à ce niveau avec une jument achetée une somme modique (3.500 €), sur le ring des Ventes de Caen en l’occurrence. Les risques étaient minimes mais les émotions sont maximales pour ces deux-là qui en sont aussi les co-propriétaires avec Alexis Grimault, Pierre Gouin et Dominique Gallienne, dont elle défend la casaque et dont elle est le seul cheval à l’entraînement ! "C’est ce genre d’histoire qui permet aux gens qui nous regardent de rêver", a justement commenté l’entraîneur mayennais. Leur faculté à communier avec le public et à partager ce moment d’exception bien au-delà de l'aspect pécuniaire de cette victoire font de la jument élevée par la famille Blestel une "Présidente" populaire et accessible.

Lexie de Banville : un travail collaboratif

Du partage et de l’émotion, il y en a eu aussi beaucoup dans la victoire de Lexie de Banville (Réal de Lou) pour l’entraînement et la casaque de Thomas Levesque dans le Prix d’Essai-Étrier 3 Ans Finale et sous la selle d’Adrien Lamy. À 32 ans seulement, le fils de Pierre Levesque, qui s’impose plus que jamais comme le continuateur de la dynastie familiale, vient de vivre douze derniers mois durant lesquels il a remporté trois Groupes 1 sous la selle avec ses 3 ans dont deux Prix d’Essai. Ce sont les fruits d’une politique revendiquée qu’il nous avait expliquée dans ces colonnes : "Le monté propose un créneau plus abordable à mes yeux. Il y a plus de fabrication, plus de travail sur le cheval. Il faut aussi ajouter que cela ne me dérange pas de garder des poulains qui ne montrent que des aptitudes sous la selle. C'est-à-dire des éléments qui vont demander du temps dans leur préparation".
La victoire de Lexie de Banville revêt toutefois un caractère particulier en ce sens que Thomas Levesque en est aussi le co-éleveur avec la famille Duprey (G.A.E.C. du Petit Banville). Cette réussite est donc marquée du sceau d’un travail collaboratif, d’un partage de savoir-faire entre Thomas Levesque et Benoît Duprey, lequel, avec son frère Damien, prolonge aussi l’histoire familiale de cet élevage manchois basé entre les plages d’Omaha Beach et Utah Beach. Le tout dans une confiance mutuelle.

C’est ce genre d’histoires qui permet aux gens de rêver. (Charley Mottier)

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Tous les gagnants du jour ? Non, seulement l'entourage de Kyrielle des Vaux

Élevage : une déferlante venue de la Manche

Si l'on veut rester dans la thématique de la mer, c'est une véritable déferlante qui est venue de la Manche sur les trois Finales Étrier en cette Journée des Champions. Dans l'ordre de leur âge, Lexie de Banville (Real de Lou) chez les 3 ans, Kyrielle des Vaux (Rolling d'Héripré) chez les 4 ans et Jeroboam d'Erable (Prodigious) chez les 5 ans ont en effet tous été élevés dans le département de la Manche. L'élevage du G.A.E.C. du Petit Banville (les frères Duprey), en association avec Thomas Levesque, pour la première est situé à Catz, tandis que celui de la famille Blestel pour la deuxième est basé à Turqueville, à une vingtaine de kilomètres du précédent. Quant au troisième, il a grandi à côté d'Avranches où les chevaux de l'Écurie du Haras d'Érable (Philippe Olivier) sont placés sous la responsabilité de Pierre-Jean Loivel. À cette réussite déjà exceptionnelle, on peut ajouter qu'Horsy Dream (Scipion du Goutier) a grandi à partir du sevrage dans les prés de Yann Pottier, l'associé des frères François, à Vicq-sur-Mer dans le Cotentin.

Les frères Thomain : transmission réussie

Vingt-neuf mois après avoir pris le relais de son père, Jean-Pierre, à la tête de l'écurie familiale avec David, son aîné de cinq ans, Clément Thomain devient un entraîneur classique avec la victoire de Jeroboam d'Erable (Prodigious) dans le Prix de Normandie - Étrier Finale 5 Ans. Là encore, la transmission au sein d'une famille majeure du trot a parfaitement prise, peut-être même au-delà encore des espoirs de Jean-Pierre Thomain qui nous avait déclaré au moment de l'annonce de sa décision de passer le relais à ses fils : "On doit savoir laisser la place aux jeunes. (...) Clément a les armes pour réussir dans sa nouvelle entreprise, d’autant que, si besoin est, je serai là pour l’épauler dans les premiers temps. David est également un solide point d’appui, notamment sur l’hippodrome, "aux commandes" de nos différents pensionnaires, tout en volant de ses propres ailes par ailleurs". Alors que Philippe Olivier (Écurie du Haras d'Érable), comme d'autres propriétaires fidèles de l'écurie, ne peut que se féliciter d'avoir accompagné cette transmission, Clément et David forment un tandem particulièrement redoutable - déjà 170 victoires pour un peu plus de 1.300 courses - que la décision du second de stopper sa carrière de jockey au mois de mars n'a nullement perturbé. À deux, et même à trois avec le soutien de leur père, on est toujours plus fort !


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Clément et David Thomain
© B. Vandevelde/SETF
Clément Thomain vient de remporter sa première victoire de Gr.1

Horsy Dream : la prise de pouvoir

On voulait voir et on a vu ce que l'on attendait d'un duel entre les vainqueurs de l'année du Prix d'Amérique Legend Race (Idao De Tillard) et de l'Elitloppet (Horsy Dream), duel qui n'avait plus eu lieu depuis plus de quarante ans dans le Prix René Ballière. Personne ne sait de quoi sera fait demain et encore moins le prochain meeting d'hiver. Mais il est une chose que l'on ne peut pas enlever au fils de Scipion du Goutier, c'est bien d'être le champion incontesté du printemps, comme son cadet l'a été l'hiver dernier. Après l'Elitloppet dans un temps record (1'08''), il triomphe dans le "René Ballière" à l'issue d'un changement de vitesse surréaliste, comme une vague qui avale tout sur son passage, alors que l'on ne donnait pas cher de ses chances jusqu'au début de la ligne droite, tant le piège semblait s'être refermé sur lui.

"C’était important pour la suite des événements de montrer les dents." (Pierre Belloche)

Mais rien ne semble pouvoir à l'heure actuelle s'opposer au champion entraîné par Pierre Belloche et drivé avec l'absolue confiance d'Éric Raffin. Cette prise de pouvoir vient valider la décision de son entraîneur d'affronter son rival numéro un avec une ambition revendiquée et un esprit conquérant. "Je ne voulais pas me défiler d’un duel avec Idao. C’était important pour la suite des événements de montrer les dents", a ainsi dit Pierre Belloche.

Lombok Jiel : d'une génération à l'autre

Voir perdurer l'une des casaques très populaires au trot, et l'élevage où elle puise son renouvellement, à travers les années a quelque chose de rassurant. Tout juste un an après une première consécration dans un Groupe 1 à l'attelé avec Hokkaïdo Jiel (Brillantissime), l'Écurie Luck se hisse de nouveau sur la plus haute marche du podium dans le Prix Albert Viel grâce à Lombok Jiel, lequel est le premier vainqueur classique de son père Enino du Pommereux. Cette réussite souligne une fois encore la transition réussie d'une génération à une autre au sein de la famille alsacienne, de Jean Luck, le créateur, à son petit-fils Éric Frémiot, qui manage au quotidien l'écurie. "C'est la victoire de toutes nos équipes, élevage et entraînement comprises", souligne ce dernier qui s'était confié en début d'année dans 24h au trot sur l'organisation de l'écurie (lire ICI). Dans cette team, Jean-Luc Dersoir joue depuis quarante-cinq ans un rôle primordial, alors que Pierre-Yves Verva, qui a oscillé durant sa longue collaboration avec cette casaque entre joies et déceptions, notamment avec Hokkaido Jiel, dont il était le driver durant ses premières années de compétition, voit cette collaboration récompensée par sa première victoire dans un Groupe 1 à l'attelé à l'aube de ses 50 ans. Comme une nouvelle vague en somme !
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Horsy Dream pose pour les photographes

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