À la santé d'Hurricane Carter !

Le boxeur Rubin Carter, surnommé Hurricane par Bob Dylan, avait gagné 27 de ses combats. Le trotteur Hurricane Carter (Niky) en est lui à 14 victoires consécutives ! Il est le cheval du moment et nous avons voulu savoir comment cette histoire s'est construite malgré une santé fragile. Et tout a commencé autour d'un verre comme nous l'a conté son co-propriétaire Florent Fonteyne.

Vainqueur lundi à La Capelle de sa 14ème course consécutive, Hurricane Carter (Niky) défraie la chronique hippique. Lancée dans une quête de record, il ne manque plus que deux succès pour faire aussi bien numériquement qu'Aubrion Du Gers (Memphis du Rib), son équipe vit une histoire au long cours : cela fait 788 jours que la série victorieuse a débuté ! Et ajoutez encore une dizaine de jours pour le tout début de l'association. Florent Fonteyne se rappelle : "Cette histoire part de Galius quand on a démarré la syndication du cheval. J’ai alors appris à connaître Séverine (Raimond) et Cyril (Raimbaud) avec lesquels cela s’est bien passé. Je me rappelle être passé chez eux un soir au printemps 2022 et au cours de la conversation alors que l’on boit un verre, je demande à Séverine si elle n’a pas une part de cheval à vendre car je n’avais pas grand-chose à courir. Elle me fait une liste et je lui dis le premier de la liste. Il s’agit de Hurricane Carter.

Dix jours après, il gagne en effet à Dozulé. Ensuite, il n’a cessé d’enchaîner les courses et les victoires, sans s'arrêter. Depuis que je suis co-propriétaire, il n'a fait que gagner !."



Mais la santé de ce proche parent de deux cracks de la maison "Raimond", Galius (Love You) et Quif De Villeneuve (Coktail Jet), est sujette à caution. Son entraîneur doit faire preuve d'une très grande vigilance pour garder le meilleur de son petit champion : "Il "chauffe" des suspenseurs aux postérieurs au niveau de l’attache du jarret, à droite comme à gauche. Un coup c’est l’un, un coup c’est l’autre. Dès que l’on voit qu’il n’est plus bien, on fait une échographie. On l’a toujours arrêté à temps. Il n’y a eu jamais eu de "casse". On a toujours été à son écoute. Quand vous avez un cheval comme lui qui est déclassé aux gains, c’est facile d’enchaîner les victoires et d’être compétitif dès sa rentrée, même s’il est imposant physiquement. Il a certes un physique mais il a beaucoup de sang, ce n’est pas un endormi (sic)."


Plus haut, plus vite, plus fort. La maxime emblématique des Jeux Olympiques est totalement d'actualité pour Hurricane Carter, lancé donc dans un défi exceptionnel du nombre de victoires consécutives. Maintenant qu'il a fait aussi bien que Pearl Queen (Carpe Diem), la prochaine étape ? Les 16 d'Aubrion du Gers ! Séverine Raimond y croit mais tempère : "On se prête au jeu. C’est sympa et marrant. Mais on ne cherche pas du tout à se comparer à un cheval comme Aubrion du Gers. Cela s’est fait naturellement." Pour Florent Fonteyne, courtier sous le très actif label Trotting Bloodstock, l'ambition n'est pas un gros mot et il veut voir loin : "Au début, on a pris les courses comme elles venaient. On n’avait jamais trop pensé au challenge des victoires. C’est par un récent article qui relevait les séries de victoires depuis le début des années 2000 que l’on a vu qu’il était dans le top 5. On s’est alors pris au jeu. Ce qui serait bien c’est d’aller jusqu’à 16 victoires de suite comme Aubrion du Gers et pourquoi pas 17. Maintenant, s’il peut faire plus, on ne va pas l’en empêcher. Il a un bon programme à la sortie de l’été. Il faut se fixer des objectifs. C’est une aventure qui poursuit un peu celle de Galius. Séverine et Cyril sont des orfèvres dans leur travail. Depuis que j’ai acheté une part, il n’a jamais connu la défaite. C’est incroyable. On ne connaît pas ses limites."

Arrivé à son apogée à l'âge de 7 ans et alors qu'il n'a pas encore passé la barre des 200.000€, ce qui le différencie des cas d'Aubrion du Gers et de Pearl Queen, nettement plus riches au moment de leurs séries victorieuses, Hurricane Carter a de très belles opportunités s'offrant à lui dans les mois à venir afin de poursuivre ce challenge. Et s'il porte l'étiquette du cheval à battre, ses rivaux le considèrent aussi comme le boss des pelotons dans lesquels il évolue, comme lundi à La Capelle où il ne fut pour ainsi dire pas attaqué. Séverine Raimond a déjà des plans en tête : "Le cheval n’a cessé d’évoluer. Au début, il était plus un cheval de train. À 3 et 4 ans, il manquait de force et avait un peu de mal à finir ses courses. À prendre de l’âge, il s’est endurci. Aujourd’hui, il a un coup de jarrets impressionnant. C’est venu avec le temps. Mentalement, il est cool de nature même s’il avait tendance à tirer un peu. Je n’osais pas trop lui mettre un lasso mais Yoann (Lebourgeois) me disait qu’il serait mieux avec. Ce que j’ai fait. Maintenant, il est au bout des doigts. Je pense que ça doit être un régal à piloter. La suite pourrait être à Enghien le 14 août. Le cheval se prête à ce genre de challenge. Maintenant, il peut très bien être battu la prochaine fois et on sait d'ailleurs très bien qu’il le sera un jour. Je pense qu’actuellement il peut courir une étape du GNT en tête avec une première chance."