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La manifestation de 2017
Actualité - 06.11.2024

Mobilisation générale

C’est le jour J pour la filière hippique. Ce jeudi, ses acteurs sont appelés à défiler dans Paris. La manifestation "On marche ou on crève" aura pour enjeu de montrer un secteur en colère contre le projet de surtaxation des paris hippiques. Ce projet a (momentanément ?) disparu mais la possibilité de son retour n’est pas complètement exclue et la mobilisation générale, ce jeudi dans les rues de Paris, se transforme en opposition par anticipation et prévention. Un acte aux vertus de communication aussi, pour mettre en perspective toutes les dimensions d’une filière "complexe et acteur essentiel de la ruralité", selon les propos repris de députés lors des récents débats.

Au gré d’apparitions et disparitions successives, l’épée de Damoclès fiscale via une surtaxation des paris hippiques, qui priverait la filière d’un montant de ressources estimé entre 30 et 50 millions d’euros, ne fait plus partie du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale en cours. Mais le front commun d’opposition demeure. Il s’agit maintenant de verrouiller toutes ses possibilités de retour. Et de voir plus loin aussi. Pour mettre en lumière une filière dynamique, autofinancée, pourvoyeuse de richesses dont la dernière évaluation de sa contribution au PIB national, dans le cadre d'une étude par Deloitte, s’élève à 2,6 milliards d’euros.
Les événements des derniers jours ont recontextualisé l’opération de manifestation de la filière hippique dans les rues de Paris. Elle se double désormais d’une dimension de communication grand public plus forte que jamais. Elle n’est plus une simple opposition, une formulation bruyante d’un NON à un projet de taxation augmentée. L’amendement du gouvernement de surtaxation des paris hippiques n’a pas résisté à son passage à l’Assemblée nationale. Mais le projet funeste pour les courses peut revenir dans la suite du processus de formalisation du projet de finances 2025. "Il ne faut surtout rien lâcher, car le processus législatif de la loi de finances n'est pas terminé", rappelait il y a quelques heures Stéphane Meunier, le Président du SEDJ.

Des signaux favorables mais…
Le Ministre du Budget et des comptes publics, Laurent Saint-Martin, s’est rangé aux arguments déployés par les députés intervenus sur le sujet lors des échanges à l’Assemblée nationale sur l’amendement de surtaxation déposé, rejeté lundi par les députés. Depuis dimanche dernier, il martèle que les paris hippiques ne sont pas concernés par la hausse de la taxation prévue en revanche sur "les jeux les plus dynamiques en termes de consommation et les plus addictogènes". À la demande de la députée de la Mayenne Géraldine Bannier ("Que pouvez-vous dire à la veille d’une forte mobilisation des acteurs de la filière prévue jeudi pour les rassurer ?"), ce mardi dans le cadre des Questions au gouvernement, il a répondu : "Plusieurs députés nous ont alertés sur la réalité qu’il y avait derrière le PMU. Le PMU finance la vie agricole de notre pays à hauteur de 600 millions d’euros par an. Cela permet à la filière hippique de vivre. Cela permet la formation des métiers, la promotion de l’élevage, le développement des territoires. Nous avons besoin de la filière équine et nous voulons la protéger. C’est pourquoi nous avons donné un avis favorable au sous amendement permettant de stabiliser la fiscalité à 7 % (soit le taux actuel de 6,9 %) et pas au-delà que ce soit pour les paris physiques ou les paris en ligne."
Message rassurant et d’apaisement mais il est le seul pour l’instant, de manière aussi nette et précise au niveau du gouvernement. Aucune prise de position n’a filtré du cabinet du Premier ministre, qui aura le dernier mot dans le cadre d’une procédure par 49.3. Et la filière des courses se veut unie ce jeudi pour montrer sa détermination et faire diffuser ses messages dans toutes les sphères gouvernementales.

Des objectifs clairs et formalisés
Les organisateurs de la manifestation, sous le hashtag #haltealataxe, réunissent bien toutes les composantes des courses. Dans le volet du trot, on trouve les associations représentatives socioprofessionnelles, la société-mère (SETF) et les différentes entités régionales des fédérations des courses hippiques, coordonnées par la structure nationale (FNCH). Le constat vaut aussi au galop.
Trois objectifs sont assignés à la manifestation :
■ pour faire connaître la filière hippique,
■ contre la hausse de la fiscalité qui la menacerait,
■ pour que le parlement et le gouvernement donnent les moyens de la déployer.

Une volonté d’adhésion et non d’opposition
En précisant que "la manifestation n’est pas contre le gouvernement, ni contre un parti, ni contre des personnes", les organisateurs jouent la carte de l’adhésion et de la persuasion. Il s’agit pour eux de manifester "pour embarquer le gouvernement et les parlementaires sur leur cause". Les quatre slogans retenus ne colportent aucun message de dénigrement envers quiconque :
● Halte à la taxe
● Sauvons le cheval, nos emplois et nos campagnes !
● Sauvons nos emplois
● Filière hippique en danger

L’expérience de 2017 dans tous les esprits
La précédente et seule référence de la manifestation en préparation renvoie à celle de l’ensemble de la filière cheval contre le live betting en mars 2017. Dans une ambiance "bon enfant", avec une figure comme Mario Luraschi en tête de défilé, la manifestation avait réuni plusieurs milliers de personnes et fait naître un sentiment d’unité de la filière. Ce sont les mêmes ingrédients et réflexes qui sont à l’oeuvre cette fois, y compris Mario Luraschi en ouverture de la foule et des camions professionnels en clôture de défilé.

Retrouvez les infos pratiques et organisationnelles sur la manifestation par ce LIEN. Le document comprend également des éléments de langage utiles pour ceux qui pourraient être interrogés pendant la manifestation par des médias généralistes.

© DR
Tous les acteurs de la filière dont la formation
Présentée lors des récents débats à l'Assemblée nationale comme un secteur complexe et complet animant un écosystème, la filière hippique mobilisera bien tous ses acteurs ce jeudi. Les fournisseurs, de matériels et d'aliments, les transporteurs, tous sont attendus sur le pont. Tout comme la formation, un des cœurs de la filière. C'est ainsi que l'AFASEC, l'organisme de formation de référence aux métiers des courses hippiques et de l’élevage en France, s'associe pleinement au mouvement en organisant une journée blanche (sans enseignement) sur l'ensemble de ses sites par solidarité aux acteurs de la filière hippique. Un grand nombre de ses collaborateurs, résidents et apprenants se joindront à la manifestation parisienne. Le directeur général de l'AFASEC, Guillaume Herrnberger, déclare sur cette journée : "Il est essentiel que nous soyons tous unis pour défendre notre secteur et assurer son développement durable."

Une "journée morte" qui sort les courses de leur cadre
Les médias grands publics relaient déjà l’événement levant le voile simultanément sur la filière hippique, sa multiplicité d’acteurs et d’intervenants, sur son auto-financement via les paris hippiques. La cause d’une filière en danger par une fiscalité écrasante est relayée, souvent avec témoignages à l’appui d’acteurs de terrain. Comme dans un reportage du journal télévisé de France 2 ce mercredi. Le fait que la journée soit morte pour les courses avec l’annulation de toutes les compétitions (une configuration proprement exceptionnelle) est aussi l’autre porte d’entrée sur le sujet pour de nombreux médias. La presse écrite (Ouest-France, Le Figaro, Le Parisien, 20minutes, La Montagne, Les Echos, Challenges et bien d’autres), les chaînes TV (France 2, BFM Tv, etc.) et les radios (Europe 1, RTL, France Bleu, etc) se sont emparés du sujet des courses.

Ils vont participer

Trois professionnels rencontrés à Deauville ce mercredi dans le cadre des la Vente d’Automne partagent leurs impressions, analyse et état d’esprit.
◆ Jean-Philippe Raffegeau (entraîneur - fédération Anjou-Maine) : "On sent une vraie mobilisation dans les comités régionaux et c’est évidemment le cas au sein de l’Anjou-Maine. Aujourd’hui (lire mercredi) à Deauville lors des ventes, c’est un sujet sur toutes les lèvres. La mobilisation devrait être forte, comme il y a sept ans. On sait que le système législatif est assez complexe et on voit très bien que le Sénat peut encore réintroduire la taxation et que le 49.3 peut toujours tomber. Il faut rester mobilisés. Nos porte-parole savent trouver les mots auprès des parlementaires. On a l’appui du Ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, et de certains députés, comme celle de mon département (la Mayenne) avec Géraldine Bannier. Il faut aussi se mobiliser pour se montrer solidaire derrière ces piliers pour notre secteur. Plus on sera, plus on fera du bruit et plus cela portera mais le nombre ne fera pas tout. Il y a un enjeu de mobilisation mais on ne peut pas en vouloir à des gens de ne pas traverser la France et faire dix heures de bus quand on sait les contraintes de notre métier. On ne peut pas abandonner les chevaux ne serait-ce qu’une journée. Je pense qu’il faut surtout faire confiance à nos représentants dans leur rôle de lobby et je sais que l’on sera assez nombreux demain (jeudi) pour porter notre voix."
◆ Franck Marty (entraîneur - fédération Sud-Ouest) : "Je trouve que la mobilisation du Sud-Ouest est assez molle pour le moment en dépit de tous les efforts des élus régionaux. On fait un métier où on a tous la tête dans le guidon, souvent très repliés sur nous-mêmes, et la prise de conscience de la gravité de la situation est tardive dans ma région. Là, on a un enjeu immédiat qui peut être déterminant pour la filière. Le fait que l’amendement sur la taxation ait été rejeté incite peut-être certains à penser que c’est gagné mais il faut rester très vigilant car, si on n’est pas capables de convaincre au niveau du Premier ministre, on a toujours le risque que cela passe dans un 49.3."
◆ Gaetano Pezone (courtier italien actif sur les courses françaises) : "Cette mobilisation est importante pour la filière et l’ensemble du monde du cheval. Si la filière ne bouge pas, j’ai peur que, dans trois ou quatre ans, on se retrouve en France dans la même situation qu’en Italie, avec moins de jeux, moins d’allocations, etc. En Italie, nous n’avions pas eu un tel mouvement car chacun n’a fait que parler de ses propres intérêts. En France, je constate une unité et une vraie mobilisation. J’y serai pour ma part."

Nouvelle réunion sur le secteur des jeux d'argent ce mercredi
Organisée à l'initiative du Ministre de Budget et des comptes publics Laurent Saint-Marin, une réunion de tous les acteurs de la filière des jeux d’argent a eu lieu ce mercredi matin à Bercy en vue d’une concertation sur une éventuelle légalisation des casinos en ligne.
Si le sujet ne touche pas directement les paris hippiques, ce rendez-vous a été l’occasion pour les présidents des deux sociétés-mères des courses, Jean-Pierre Barjon pour la SETF et Guillaume de Saint-Seine pour France Galop, d’inviter le gouvernement à une grande vigilance sur cette perspective de légalisation. Ils ont pu rappeler que la priorité doit être de rétablir l’équilibre des filières de jeux d’argent comme la loi le prévoit. Et que ce rééquilibrage au profit de l'hippique doit se faire à fiscalité constante et en lui permettant d’accéder à de nouveaux jeux hippiques.
© DR
Les Présidents des courses mercredi à Bercy

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