C’est le jour J pour la filière hippique. Ce jeudi, ses acteurs sont appelés à défiler dans Paris. La manifestation "On marche ou on crève" aura pour enjeu de montrer un secteur en colère contre le projet de surtaxation des paris hippiques. Ce projet a (momentanément ?) disparu mais la possibilité de son retour n’est pas complètement exclue et la mobilisation générale, ce jeudi dans les rues de Paris, se transforme en opposition par anticipation et prévention. Un acte aux vertus de communication aussi, pour mettre en perspective toutes les dimensions d’une filière "complexe et acteur essentiel de la ruralité", selon les propos repris de députés lors des récents débats.
Au gré d’apparitions et disparitions successives, l’épée de Damoclès fiscale via une surtaxation des paris hippiques, qui priverait la filière d’un montant de ressources estimé entre 30 et 50 millions d’euros, ne fait plus partie du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale en cours. Mais le front commun d’opposition demeure. Il s’agit maintenant de verrouiller toutes ses possibilités de retour. Et de voir plus loin aussi. Pour mettre en lumière une filière dynamique, autofinancée, pourvoyeuse de richesses dont la dernière évaluation de sa contribution au PIB national, dans le cadre d'une étude par Deloitte, s’élève à 2,6 milliards d’euros.
Les événements des derniers jours ont recontextualisé l’opération de manifestation de la filière hippique dans les rues de Paris. Elle se double désormais d’une dimension de communication grand public plus forte que jamais. Elle n’est plus une simple opposition, une formulation bruyante d’un NON à un projet de taxation augmentée. L’amendement du gouvernement de surtaxation des paris hippiques n’a pas résisté à son passage à l’Assemblée nationale. Mais le projet funeste pour les courses peut revenir dans la suite du processus de formalisation du projet de finances 2025. "Il ne faut surtout rien lâcher, car le processus législatif de la loi de finances n'est pas terminé", rappelait il y a quelques heures Stéphane Meunier, le Président du SEDJ.
Des signaux favorables mais…
Le Ministre du Budget et des comptes publics, Laurent Saint-Martin, s’est rangé aux arguments déployés par les députés intervenus sur le sujet lors des échanges à l’Assemblée nationale sur l’amendement de surtaxation déposé, rejeté lundi par les députés. Depuis dimanche dernier, il martèle que les paris hippiques ne sont pas concernés par la hausse de la taxation prévue en revanche sur "les jeux les plus dynamiques en termes de consommation et les plus addictogènes". À la demande de la députée de la Mayenne Géraldine Bannier ("Que pouvez-vous dire à la veille d’une forte mobilisation des acteurs de la filière prévue jeudi pour les rassurer ?"), ce mardi dans le cadre des Questions au gouvernement, il a répondu : "Plusieurs députés nous ont alertés sur la réalité qu’il y avait derrière le PMU. Le PMU finance la vie agricole de notre pays à hauteur de 600 millions d’euros par an. Cela permet à la filière hippique de vivre. Cela permet la formation des métiers, la promotion de l’élevage, le développement des territoires. Nous avons besoin de la filière équine et nous voulons la protéger. C’est pourquoi nous avons donné un avis favorable au sous amendement permettant de stabiliser la fiscalité à 7 % (soit le taux actuel de 6,9 %) et pas au-delà que ce soit pour les paris physiques ou les paris en ligne."
Message rassurant et d’apaisement mais il est le seul pour l’instant, de manière aussi nette et précise au niveau du gouvernement. Aucune prise de position n’a filtré du cabinet du Premier ministre, qui aura le dernier mot dans le cadre d’une procédure par 49.3. Et la filière des courses se veut unie ce jeudi pour montrer sa détermination et faire diffuser ses messages dans toutes les sphères gouvernementales.
Des objectifs clairs et formalisés
Les organisateurs de la manifestation, sous le hashtag #haltealataxe, réunissent bien toutes les composantes des courses. Dans le volet du trot, on trouve les associations représentatives socioprofessionnelles, la société-mère (SETF) et les différentes entités régionales des fédérations des courses hippiques, coordonnées par la structure nationale (FNCH). Le constat vaut aussi au galop.
Trois objectifs sont assignés à la manifestation :
■ pour faire connaître la filière hippique,
■ contre la hausse de la fiscalité qui la menacerait,
■ pour que le parlement et le gouvernement donnent les moyens de la déployer.
Une volonté d’adhésion et non d’opposition
En précisant que "la manifestation n’est pas contre le gouvernement, ni contre un parti, ni contre des personnes", les organisateurs jouent la carte de l’adhésion et de la persuasion. Il s’agit pour eux de manifester "pour embarquer le gouvernement et les parlementaires sur leur cause". Les quatre slogans retenus ne colportent aucun message de dénigrement envers quiconque :
● Halte à la taxe
● Sauvons le cheval, nos emplois et nos campagnes !
● Sauvons nos emplois
● Filière hippique en danger
L’expérience de 2017 dans tous les esprits
La précédente et seule référence de la manifestation en préparation renvoie à celle de l’ensemble de la filière cheval contre le live betting en mars 2017. Dans une ambiance "bon enfant", avec une figure comme Mario Luraschi en tête de défilé, la manifestation avait réuni plusieurs milliers de personnes et fait naître un sentiment d’unité de la filière. Ce sont les mêmes ingrédients et réflexes qui sont à l’oeuvre cette fois, y compris Mario Luraschi en ouverture de la foule et des camions professionnels en clôture de défilé.
Retrouvez les infos pratiques et organisationnelles sur la manifestation par ce LIEN. Le document comprend également des éléments de langage utiles pour ceux qui pourraient être interrogés pendant la manifestation par des médias généralistes.
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