À quelques jour du Prix d'Amérique Legend Race, l’éleveur et co-propriétaire de Face Time Bourbon, Rainer Engelke a bien du mal à s’enflammer quand on évoque le grand rendez-vous de dimanche. Confiné dans le Sud-Est de la France depuis quatorze mois, soucieux de prendre toutes les précautions sanitaires possibles, l’homme des « Bourbon » n’a pas mis les pieds dans son haras de Saint-Martin à Echauffour depuis tout ce temps. Il suivra en conséquence la course devant sa télévision et Equidia. Pas de quoi entrer en transe, en quelque sorte.
Nous avons l'habitude d'apprécier ses sorties souvent lyriques, toujours passionnées. L'ambiance en cet hiver 2021 est tout autre. C'est un Rainer Engelke en proie au vague à l'âme que nous avons contacté. La confiance qu'il nous témoigne depuis plusieurs années lui permet de livrer ses sentiments sans réel tabou, avec élégance : il traduit aussi bien ce que ressentent nombre de passionnés des courses au trot et plus particulièrement nombre d'éleveurs. Et c'est comme si ce spleen l'envahissait presque totalement jusqu'à douter de la victoire de son élève Face Time Bourbon.
24heures au trot : L'an passé, après le succès de Face Time Bourbon pour sa première tentative dans notre épreuve reine, vous évoquiez le bonheur et la satisfaction d’avoir réalisé un rêve. Mais aussitôt, vous vous projetiez vers l’avenir, en disant « quand ton rêve se réalise, cherches-en un deuxième tout de suite… » Vous l’avez trouvé, à présent ?
Rainer Engelke : Mon second rêve est de retrouver au plus vite l’hippodrome de Vincennes comme il était fin janvier 2020, avec plus de 40 000 spectateurs, vivant et vibrant au rythme des exploits de nos trotteurs. Le Prix d’Amérique 2021 privé de son public, privé de son animateur Laurent Bruneteau chauffeur de foule, privé de ses drapeaux et en particulier de celui des Etats-Unis, pays nous ayant délivré à deux reprises, privé de ses Harley Davidson, privé de sa parade et de son défilé, privé de Garde Républicaine, aura un goût bien fade. Sans les émotions du terrain, sans la rencontre entre le public et ses acteurs, sans cette alchimie, le spectacle des courses perd une grande partie de son intérêt.
Il reste seulement l’aspect économique comme point positif, mais c’est bien peu par rapport à tout l’ensemble. Je regrette vraiment que cette édition du Centenaire, se passe de cette façon à cause de ce terrible virus dont on n’a pas fini de ressentir les effets. J’aurais aimé que l’on puisse offrir un minimum d’animations. Malheureusement, ce ne sera pas le cas. Alors je me dis qu’il faut vite courir ce Prix d’Amérique pour tout aussi rapidement l’oublier et passer à autre chose. A la veille de cet événement, faute de prémices, il n’y a pas de plaisir pour moi.
Et pourtant, vous avez des sérieux intérêts dans la course, puisque Face Time en sera le grandissime favori ?
C’est vrai mais je n’aborde pas du tout la course comme l’an dernier, pour les raisons que viens d’évoquer plus haut, et parce que l’exploit du cheval est derrière nous. En janvier 2020, Face Time relevait son plus grand défi sportif, celui de remporter à 5 ans le Prix d’Amérique face à ses aînés sans avoir l’expérience des « vieux » chevaux. Il a répondu à nos attentes, et dès lors, n’a plus rien à prouver à mes yeux.
Vous semble-t-il aussi fort cette saison qu’il y a douze mois ?
A mon sens, sa tâche s’annonce plus ardue. Le cheval vient en effet de réaliser trois saisons complètes au plus haut niveau, ayant réalisé un quasi sans faute, avec une seule disqualification à 3 ans (NDLR : pour ses allures après avoir passé le poteau en tête), quatre secondes places et vingt-huit succès, dont onze Groupe I et neuf Groupe II. A chaque fois, Face Time a donné le meilleur de lui-même, après avoir été préparé en conséquence par Sébastien Guarato. Peut-il encore franchir un palier ? Non, puisqu’il est déjà depuis un moment au sommet de son art. Dans ces conditions, la question est de savoir combien de temps il peut encore y rester.
Vous êtes donc moins confiant que l’an passé ?
Le contexte est également différent pour une autre raison : Face Time est devenu le cheval que tout le monde veut battre. Il est la cible à atteindre, sur lequel les adversaires calquent leur course. L’an dernier, n’oubliez pas qu’il était parti à un peu plus de 4/1 car on lui préférait Davidson du Pont. Ce dernier retrouve Jean-Michel Bazire à son sulky et ce n’est pas faire offense à Franck Ouvrie que de voir Davidson prendre sa revanche, tant le tandem entraîneur/driver joue un grand rôle dans les plus grandes épreuves. Cet aîné de 2 ans va être bel et bien l’adversaire direct de Face Time avec sa contemporaine Délia du Pommereux, capable d’un exploit si elle a le bon parcours, mais encore le second « Bivans », Vivid Wide As auteur d’une fin de course remarquable dans le Prix de Bourgogne mais n’ayant jamais encore concrétisé son talent sur les 2 700 mètres de la Grande Piste.
En janvier 2020, Face Time relevait son plus grand défi sportif, celui de remporter à 5 ans le Prix d’Amérique face à ses aînés
Rainer Engelke
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