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Fakir de Mahey
Actualité - 10.12.2024

Fakir de Mahey, le joyau de Michel Soulas

Outre le fait d’avoir décroché tous les deux leur qualification pour le dernier dimanche de janvier et les deux autres finales des Amérique Races en s’emparant de la quatrième place de leur épreuve qualificative, Just Love You et Fakir de Mahey ont un autre point en commun. Ils appartiennent à des éleveurs-propriétaires qui vont courir pour la première fois un Prix d’Amérique Legend Race. Cela veut dire beaucoup pour Michel Soulas, éleveur-propriétaire du second avec son associé Bernard Soubrane.

La réflexion de Michel Soulas résume à elle seule son état d’esprit depuis dimanche après-midi et la qualification de Fakir de Mahey (Rêve de Beylev) grâce à sa 4ème place dans le Prix du Bourbonnais-Amérique Races Q#2 : "Que voulez-vous demander de mieux que d’avoir un cheval que vous avez élevé au départ d’un Prix d’Amérique ?". La réponse coule d’elle-même pour celui qui a suivi la performance de son cheval depuis… une aire d’autoroute ! "Nous ne pouvions pas être à Vincennes car nous rentrions d’Espagne avec mon épouse, raconte cet ancien chef d’entreprise dans le secteur du transport et de la gestion des stocks en région parisienne, à la retraite depuis sept ans après avoir vendu sa dernière affaire. On a donc regardé la course sur la tablette. Je n’ai pas eu la même émotion que lorsqu’il avait gagné l’étape du Grand National du Trot à Pornichet il y a deux ans par exemple car j'espérais vraiment qu'il se qualifie. J’ai quand même essuyé une larme."

Que voulez-vous demander de mieux que d’avoir un cheval que vous avez élevé au départ d’un Prix d’Amérique ? (Michel Soulas)

S'il a déjà vu sa casaque et son élevage s'illustrer dans un semi-classique à Vincennes avec Hilyrose d'Icelea (Quopeck), la performance de Fakir de Mahey avec la qualification qu'elle induit pour le dernier dimanche de janvier prochain est d'ores et déjà assurée de tenir une place à part dans son panthéon hippique. "C’est une fierté, ne cache-t-il pas. En un peu plus de vingt ans avoir réussi à sortir un cheval qui va courir le Prix d’Amérique, c’est incroyable et exceptionnel compte-tenu de mon petit effectif."
Michel Soulas mesure pleinement la chance qui est la sienne. "Combien d’éleveurs-propriétaires peuvent dire qu’ils vont courir un Prix d’Amérique ?", interroge-t-il pour rappeler la portée de cette qualification dans un parcours d'éleveur-propriétaire qui a dû s'y reprendre à deux fois avant de pouvoir vivre de tels moments.

Un second départ

Pour celui qui considère "le cheval comme le plus bel animal", la passion et l'admiration sont très intimement liées à une photo de famille. "Cette photo est celle de mon grand-père prise pendant la Première Guerre mondiale où il était trompette à cheval, partage-t-il. Depuis tout petit, je vois cette photo sur la cheminée de mes grands-parents. Ça m’a marqué. Je me suis toujours dit que j’aurai des chevaux."
Fidèle à sa promesse de petit garçon, Michel Soulas devient ainsi propriétaire au début des années 1980. Pour diverses raisons, à commencer par des résultats qui ne correspondent pas à ses attentes, l'expérience ne dure pas. "Mais je savais que je reviendrais aux chevaux à un moment ou à un autre", glisse-t-il. C'est ainsi qu'il fait l'acquisition auprès du père d'un ami de deux juments : Datcha Augenaies (Phi Phi Atout) et sa fille Mahey Storm (Dahir de Prélong). "Le père de mon ami cessait alors son activité et c'est ainsi que je me suis relancé il y a vingt-quatre ans, détaille-t-il. J’ai gagné ma première course en 2003 à Reims avec Mahey Storm. Ce sont des choses qui marquent. À l’élevage, Mahey Storm a donné cinq gagnants dont Gamin de Mahey qui a remporté un Quinté+ à Vincennes le 25 octobre pour l’entraînement de Charles Cuiller et "Fakir". Datcha Augenaies est également la grand-mère d'Hilyrose d'Icelea." À l'époque de l'achat de ces deux juments, Michel Soulas fait la connaissance d'Emmanuel Leclerc (Élevage Madrik) chez qui elles sont stationnées. "J'ai eu la chance de faire cette rencontre et pouvoir continuer à travailler avec Emmanuel. Aujourd'hui, mes quatre poulinières, dont Hilyrose d'Icelea qui va avoir son premier produit de Sévérino , sont toujours là-bas."

En association avec Bernard Soubrane
Sur la plupart de ses chevaux, à l'élevage comme en carrière de courses, Michel Soulas est associé avec Bernard Soubrane. Présent à Vincennes dimanche, ce dernier ne cachait pas sa joie : "On n’a pas gagné mais c’est tout comme ! "Fakir" était un peu le Petit Poucet de la course. Quand il est bien comme il l'est actuellement, il est capable de sacrés chronos, la preuve aujourd'hui en 1'11''7".


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Michel Soulas en pleine discussion avec Mathieu Mottier après un succès de sa casaque
Une déception quand même
Si Michel Soulas est tout à sa joie et à sa fierté légitime d'avoir son premier partant dans le Prix d'Amérique Legend Race, il ne cache pas un point négatif, à savoir que Fakir de Mahey est "boudé" comme étalon, lui qui fait la monte depuis 2023 au Haras de la Beunelière en Mayenne. "Tout le monde me dit que c’est un bon cheval mais qu’il n’a pas de papier. Aujourd’hui, si vous n’avez pas de Ready Cash ou de Love You, votre étalon ne vaut rien. Le problème est là. Moi, tous mes chevaux sont des sans-papiers. Des sans-papiers qui vous gagnent 150.000 €, 250.000 € et plus de 500.000 €. Moi ça me va bien. Il y a un décalage par rapport au système actuel. La réussite sur les pistes de "Fakir" montre que l'on peut faire autrement."

C'est bien la double casquette d'éleveur-propriétaire qui donne aux yeux de Michel Soulas toute la valeur à son parcours. "Je suis un petit éleveur-propriétaire. Je n’essaye pas cinquante chevaux tous les ans. Il y a des années où je n’ai pas de produits de mon élevage avec les tous les aléas que l'on peut connaître, si bien que j’achète à l’extérieur. C’est pourquoi cette qualification a tellement de valeur", rappelle-t-il. Elle en a d'autant plus que le parcours de Fakir de Mahey n'a pas toujours été linéaire.

Fakir de Mahey, entre espoirs et réalité

Entraîné en début de carrière par Séverine Raimond, chez laquelle Michel Soulas a alors l'ensemble de ses chevaux à l'entraînement, le fils de Rêve de Beylev dévoile rapidement du potentiel. "Jeune, il bataillait avec un cheval comme Fire Cracker, se souvient son éleveur-propriétaire. À 3 ans, on a failli le perdre en raison d’une arthrite du jarret. À deux ou trois heures près, il était mort. C’est le vétérinaire de Séverine Raimond qui l’a sauvé. Mais il lui a fallu bien deux ans pour retrouver son niveau. Par rapport à la plupart de ses contemporains, il a pratiquement deux ans de moins de courses."
Entre-temps, Fakir de Mahey a changé d'environnement et a rejoint les boxes de Mathieu Mottier à la fin de son année de 6 ans. "Un jour, Séverine Raimond m'a appelé pour dire honnêtement qu’elle n’y arrivait plus avec mes chevaux. Ça m’a mis un coup, raconte Michel Soulas. J’ai alors voulu répartir mon petit effectif chez différents entraîneurs dont Charles Cuiller sur les conseils de Séverine d'ailleurs." Pour Fakir de Mahey, ce sera Charley Mottier dont le propriétaire a croisé la route quand il était apprenti. Au bout d'une semaine, le jeune professionnel l'appelle pour lui dire qu'il ne dispose pas des infrastructures pour gérer un entier et lui propose de l'envoyer chez son cousin Mathieu. Un choix qui, trois ans plus tard, apporte toute satisfaction à Michel Soulas, encore plus au cours de ce meeting d'hiver. "Mathieu traverse une période exceptionnelle, il marche sur l’eau. Au monté, il est exceptionnel. Dans un peloton, on le reconnaît par sa position qui est la meilleure à mes yeux. Il fait complètement corps avec son cheval. Son entraînement est aussi très performant", se réjouit-il. La performance de Fakir de Mahey dimanche en est un nouvel exemple. "On était confiant, mais il a fallu qu’il supporte tout le poids de la course, note l'éleveur-propriétaire. C’est pourquoi je pense qu’il n’a vraiment pas volé sa qualification même s'il a accusé un peu le coup pour finir. Il n'a pas craqué pour autant. Il a un moteur terrible et un super mental. Il n’aime pas être derrière. Quand un cheval est devant lui, il faut qu’il aille le chercher."

Avec la qualification, on a le temps de le préparer pour les courses que l’on vise. (Michel Soulas)

Un programme arrêté jusqu'au Marathon

La qualification pour le Prix d'Amérique Legend Race en poche est aussi aux yeux de Michel Soulas l'assurance d'un programme établi avec en ligne de mire le Prix de Paris Marathon Race (le 23 février), dont Fakir de Mahey a terminé 7ème de la dernière édition. "La longue distance correspond à ses aptitudes, peut-être plus encore hier qu’aujourd’hui où il sait maintenant tout faire, note-t-il. L’an dernier, on s’est loupé dans cette course car on s’est cherché au niveau du programme. À partir du moment où il est qualifié pour le Prix d’Amérique, c’est beaucoup plus simple. C’est clair, c’est carré, alors que l’an dernier on a pris des options que l’on n’aurait pas dû prendre et on a couru des courses qui n'étaient pas pour lui. Avec la qualification, on a le temps de le préparer pour les courses que l’on vise." C'est ainsi que le pensionnaire de Mathieu Mottier devrait être à Bordeaux (le 27 décembre) avant d’aller directement sur le Prix d’Amérique Legend Race, puis sur le marathon de Vincennes.
© Aprh
Le podium de laQ#2

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