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Actualité - 30.01.2021

Pierre Pilarski : la pression est sur Antonio Somma

S’il existe un grand absent lors de cette 100e édition du Prix d’Amérique, c’est bien Bold Eagle qui a tiré sa révérence l’été dernier, après avoir disputé cinq fois l’épreuve reine du Trot Français. Lauréat en 2016 et 2017, 2ème en 2018 (battu par Readly Express), 6ème en 2019 et non placé l’an dernier, le champion désormais titulaire du record des gains (5 031 287 euros à ce jour, sachant que son compte en banque devrait encore s’enrichir de quelques dizaines de milliers d’euros) a changé la vie de Pierre Pilarski et de ses associés, les Bernereau père et fils, sans oublier son éleveur et co/associé Jean-Etienne Dubois.

Pour Pierre Pilarski, la romance d’amour avec le Prix d’Amérique, entamée par Bold Eagle, se décline aujourd’hui au travers de Face Time Bourbon, dont il détient une part (15%) depuis l’été de ses 3 ans. Entre le passé et le présent, la belle histoire se poursuit donc pour le propriétaire à la casaque rouge, épaulettes noires et toque jaune.

24heures au trot : Comment avez-vous fait l’acquisition d’une part de Face Time Bourbon ?
Pierre Pilarski : En 2018, après qu’il ait couru à cinq ou six reprises. Je me souviens d’ailleurs avoir acheté Bold à ce même âge, à l’été de ses 3 ans. Pour Face Time Bourbon, on avait demandé auparavant à Antonio Somma s’il était vendeur. Il nous avait répondu par la négative ou bien seulement à hauteur de 30%. Je n’étais pas monté « dans le train » à ce moment-là. Quelques mois plus tard, Antonio m’a proposé cette fois 15%, n’ayant pas oublié que mon intérêt pour le cheval. Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir offert à nouveau cette opportunité, d’autant qu’avec Face Time, je n’ai pas du tout la même pression, étant « passager clandestin ».

C’est si difficile d’être le propriétaire d’un grandissime favori de Prix d’Amérique ?
Rétrospectivement, je regrette de ne pas avoir plus profité des exploits de Bold et de toutes ses victoires (NDLR : 41 au total). Quand vous courez à chaque fois dans l’espoir de l’emporter, que vous réussissez à monter les échelons un par un, que vous êtes au départ de votre premier Prix d’Amérique, la pression du résultat sportif l’emporte : à savoir celle que le cheval ne soit pas à la hauteur de vos espoirs, qu’il y ait des incidents de course, qu’il déçoive le public et les turfistes s’il vient à décevoir.
A la fois consciemment et inconsciemment, car c’est important pour toi, pour l’entourage, pour les fans, j’ai pris sur mes épaules cette chance, cet honneur, mais aussi cette charge ! Je me suis rendu compte, au fil du temps, que c’était lourd à porter, car j’en ai peut-être aussi trop fait.
Cette fois, avec Face Time, le contexte est tout autre. La pression est sur Antonio qui, au passage, se protège beaucoup plus. Cela dit, et il l’a avoué récemment, à la veille de ce second Prix d’Amérique, Antonio est plus stressé que l’an dernier. J’avais exactement eu le même ressenti en 2017, avec Bold, car tout le monde vous espère fidèle au rendez-vous.

Malheureusement, ce sera un événement à distance cette année...
J’espère que j’aurais encore l'opportunité d'y être l’an prochain ! Je vois en effet Face Time réaliser une plus longue carrière que Bold.

Pourquoi ?
Car c’est une perfection de trotteur. Contrairement à Bold, il peut courir déferré, il est moins fantasque, il est plus professionnel, il sait s’économiser. Sébastien a beaucoup appris également, au fil des années, en croisant la route de tels champions. Pour toutes ces raisons, je pense Face Time capable d’avoir une carrière encore plus complète que Bold.

Est-ce à dire que vous estimez Face Time Bourbon meilleur que Bold Eagle, à ce même âge, soit au début de son année de 6 ans ?
Je ne veux pas établir de comparaison entre eux deux car ils sont trop différents tout comme on ne peut se contenter de juger des champions sur le seul critère des gains. Chez Bold comme Face Time, j’aime leur panache, leur « musique », leur faculté à répondre le plus souvent présent à chacune de leur sortie.
Cela dit, ce qu’a réalisé Bold au premier semestre de ses 6 ans relève de l’exceptionnel. Après l’avoir déjà tentée un an plus tôt, échouant de peu, battu par Lionel dans le GP de Paris, il a réalisé l’exploit de gagner la Triple Couronne, enchaînant GP d’Amérique, de France et de Paris. Dans l’épreuve reine, il n’avait pourtant pas bénéficié d’un bon parcours. Et puis, à Solvalla, dans la batterie de l’Elitlopp, il avait ébloui tout le monde, surclassant l’adversité dont Délicious As qui restait sur 13 succès, avant de tomber nerveux dans la finale tout en terminant 4e, sans avoir jamais reprendre un bol d’air. Bold, au premier semestre de ses 6 ans, est le meilleur cheval que j’ai vu en piste, tout comme l’avait été Varenne lors de son année de 5 ans. En revanche, après Solvalla, Bold n’a plus jamais retrouvé ce même niveau. Avoir gagné 46 courses dont 21 Groupe 1, qui plus est en étant né dans une génération exceptionnelle, est tout simplement hors normes.



ce qu’a réalisé Bold au premier semestre de ses 6 ans relève de l’exceptionnel.
PIERRE PILARSKI

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Face Time va-t-il marcher dans ses traces, en réalisant le doublé, ce dimanche ?
En toute logique et à parcours « normal », je ne le vois pas battu, même si Davidson du Pont est un sacré client, avec Jean-Michel Bazire à son sulky, tout comme Délia du Pommereux ou bien encore Gu d’Héripré. L’avantage d’un Face Time, c’est sa capacité d’accélération à tout moment, pour se sortir d’une éventuelle situation difficile et je pressens qu’il est vraiment à 100%. Une chose est certaine : on va assister à une très belle édition, malgré l’absence très regrettable du public. Mais pouvait-on faire autrement ? Non et c’est un moindre mal que de pouvoir courir notre épreuve reine à sa date habituelle.
Enfin, je trouve la continuité -sur une décennie- entre Ready Cash (Prix d’Amérique 2011, 2012) puis ses fils Bold Eagle (2016, 2017), Readly Express (2018), et maintenant Face Time Bourbon (2020…) vraiment fabuleuse pour la popularité de notre sport.

Premier Prix Bold Eagle à Vincennes (voir page suivante)
Six mois seulement après sa fin de carrière, Bold Eagle a l'honneur d'une course à son nom et, de surcroît, lors du dernier dimanche de janvier ! Il faut dire que cette date a toujours tenu une place particulière dans son agenda sportif. Avant ces cinq participations au Prix d'Amérique, le jeune champion avait participé au Prix Charles Tiercelin 2014, qu'il avait gagné, bien sûr.

Bold Eagle : un prix de saillie revu à la baisse
Pour cette saison 2021, le prix de saillie de Bold Eagle est revenu à celui qui était le sien lors de sa première saison de monte, à savoir 12 000 euros. Une option commerciale voulue et assumée par ses principaux propriétaires. « Aujourd’hui, les ventes de semences à l’étranger de Bold représentent la majorité des recettes de l’étalon et dépassent le produit des ventes de saillies en France. Dans ces conditions, mais aussi pour tenir compte du contexte économique de l’élevage et du fait que Bold Eagle ne soit pas encore à l’origine d’un très bon mâle en France -contrairement à ce qui se passe en Scandinavie-, nous avons jugé opportun de revoir son prix à la baisse. » Cette option marketing est à souligner dans la mesure où les propriétaires d’étalons sont en général peu enclins à revoir leurs tarifs à la baisse.


Des couleurs moins en vue au trot qu’au galop ?
En cette fin janvier 2021, la casaque de l’écurie Pierre Pilarski ne compte que cinq pensionnaires sur le site de LeTrot.com alors qu’elle revendique 29 représentants au galop (15 à l’écurie Lageneste/Macaire, 9 chez Didier Guillemin, 3 chez Anastasia Wattel et 1 chez Marie-Laure Oget). Les cinq trotteurs sont Evariste du Bourg (JM Roubaud), Eagle Eyes et Festival Castelets (Nicolas Ensch), Hugo Speed (Philippe Billard) et l’inédit Icare du Vivier (Alexandre Buisson).

Faut-il interpréter cet état des lieux, comme un basculement du propriétaire du trot vers le galop ?
Pierre Pilarski n’élude pas la question. « On peut avoir cette impression, mais ce n’est pas la réalité. En fait, tous les chevaux d’obstacle courent sous mes couleurs alors que je n’en suis jamais l’unique propriétaire. A l’inverse, je ne suis plus associé dirigeant sur de nombreux trotteurs partagés avec des amis. De manière conjoncturelle, et parce que nous avions posé peu d’options avec Bold Eagle lors de ses premières années de monte, nous nous sommes souvent trouvés sous-enchérisseurs et battus lors des ventes de yearlings 2017 et 2018, ce qui m’a amené à corriger le tir avec les « K » et les « L ». J’aurais beaucoup plus de jeunes éléments à entrer dès 2022. Si je n’ai aucune jument de pur-sang, je suis associé sur une bonne demi-douzaine de poulinières trotteuses, avec la famille Bernereau notamment. Dans la réalité, j’ai donc un plus grand nombre de parts de trotteurs que de galopeurs, toujours en association avec des amis ou avec mes entraîneurs. Si je n’ai pas de compétiteur sous ma casaque actuellement à l’écurie Guarato, c’est un concours de circonstance. Sébastien reste mon entraineur numéro 1.»

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