C’est l’histoire d’un cheval. Et aussi l’histoire de mecs. Face Time Bourbon est le crack du moment mais, pourtant, ne fédère pas autour lui de passions. Pas de club de supporters comme Bold Eagle en son temps. Pas de dithyrambes dans la presse généraliste comme Ourasi l’a connu à son époque. Plutôt les louanges pour un champion hors norme qui additionne les succès et records. Après une étude chiffrée, analytique et froide de Face Time Bourbon [lire notre précédente édition], voici une approche décalée avec l’aide de son éleveur et copropriétaire Rainer Engelke.
Les faits sont là. L’époque est au comptage, aux chiffres et à l’analyse quantitative. De l’examen clinique en quelque sorte, du froid en d’autres mots. La société se double d'un podomètre. La mesure du nombre de pas que l’on fait chaque heure, chaque jour, chaque semaine est un sujet. Face Time Bourbon (Ready Cash) a gagné et accumule les records mais qui est-il vraiment ? Rainer Engelke va nous guider. Et il fait d’abord le constat que son représentant n’a pas encore le statut d’icône ou d’idole comme pour Bold Eagle récemment. « J’ai trouvé le traitement des médias très engagé et très pro Bazire et Davidson du Pont. J’ai eu l’impression que tout le monde descendait Face Time Bourbon dans la dernière semaine. Vous avez vu comment est descendue la cote au PMU Davidson du Pont à la fin, dans les dernières minutes avant le départ ? De 5/1 à 3,7/1. Le jeu voulait battre Face Time Bourbon. » Même si parier contre le favori est dans le sens du jeu, il faut relever que Face Time Bourbon a généré un rapport de 1,9 pour 1 euros quand Bold Eagle faisait afficher 1,6 à 6 ans, lors de son deuxième Prix d’Amérique. Ourasi en 1987, pour son deuxième opus, rendait 1,1 pour 1 euro engagé ! Rainer Engelke ajoute encore : « J’ai vu un sondage où 67 % des sondés, non professionnels des courses, pensaient que Face Time allait gagner. Ça m’a fait plaisir car ils ajoutaient comme argument : « Il court toujours pour la victoire et mérite de gagner. » C’est essentiel à mes yeux. »
C'est du Cap-Ferrat, dans les Alpes Maritimes, que Rainer Engelke a suivi le Prix d'Amérique ZEturf (Gr.1). Devant sa télévision avec sa femme. L’homme est dans l’ambivalence des sentiments, partagé, presqu’écartelé entre des opinions contraires. Il est heureux, très heureux même : « C’est presque trop beau pour être vrai. » Et en même temps frustré par l'édition de la Covid, vécue à distance. C’est Sysiphe qui pousse son rocher et qui est heureux. Quelques minutes après la course, Rainer Engelke est avec sa femme sur la plage : « Je suis descendu à la mer pour me promener. J’avais besoin de récupérer de l’effort émotionnel des trois minutes de course. C’était prévu même si Face Time perdait. Une balade de deux heures le long de la mer. »
24H au Trot.- Quel fait de course retiendriez-vous d’abord ?
Rainer Engelke.- J’ai été inquiet en plaine quand [Björn] Goop a perdu le contrôle du cheval pendant quelques mètres, quand Face Time a commencé à tirer et qu’il l’a alors mis à l’intérieur, pour le placer derrière Bahia Quesnot. Et là, tout de suite, le cheval a retrouvé son calme. Cela a été une décision importante, même décisive.
Quel autre enseignement de cette course ?
Il faut mettre l’accent sur l’écart entre le premier et le troisième. Il y avait deux courses différentes. Il y a presque vingt mètres [19,4 mètres officiellement suivant les données tracking]. Je pense que chaque record que Face Time pourrait réaliser à l’avenir aura moins de valeur que ces vingt mètres là. Car le troisième est un très bon cheval mais pas du même monde.
Et du côté des émotions ? Un souvenir précis ?
La plus grande émotion de la journée a été quand Laurent Bruneteau est intervenu à la télé en disant : « Il fallait que je vienne, je ne pouvais pas laisser la course sans y être. Et maintenant, chez vous à la maison, levez-vous et faîtes du bruit, criez ! » Moi, j’ai crié. Ma femme aussi. Un peu trop fort même car j’ai commencé à pleurer. J’ai été submergé par tous ces sentiments d’exclusion, de ne pas pouvoir vivre l’événement au plus près. D’entendre les clameurs, de sentir les odeurs et parfums. Cela m’a donné énormément de courage. Cela a été comme une décharge d’adrénaline.
Qu’avez-vous faire après la course ?
J’ai envoyé un texto à Björn Goop, quelques minutes après la course : « Avec ce que tu as fait, Björn, tu seras élu sportif de l’année en Suède l’année prochaine. »
Et rien pour Sébastien Guarato ?
Oh si ! Il faut en parler. Faîtes-le. Je trouve que le grand mérite revient à Sébastien Guarato. C’est lui le vrai artiste. Il réussit à faire durer ses chevaux. Je n’aurais pas cru que Face Time tiendrait aussi longtemps. Cela fait maintenant trois ans et demi qu’il court. Sébastien Guarato a changé beaucoup de choses cette année. Dans sa préparation, il l’a emmené à la plage deux fois. Avant la course, il a fait son heat avec un cheval devant lui. C’est vraiment un grand entraîneur.
Face Time Bourbon est une exception dans sa famille.
Rainer Engelke
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