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Actualité - 28.02.2021

Etonnant met Paris à ses pieds

Le Prix de Paris Marathon Race n’aura eu qu’un seul leader du départ à l’arrivée. Etonnant s’est tout de suite emparé de la tête et n’a jamais été dépassé au terme des deux tours de la grande piste et des 4 150 mètres associés. Le pensionnaire de Richard Westerink offre à Anthony Barrier son premier Groupe 1 à l’attelé en France.

Le verdict de la tenue a parlé. Etonnant (Timoko) en est pourvu, voire gorgé depuis toujours selon son entraîneur Richard Westerink. Mais ses derniers grands faits d’armes ont eu lieu sur plus court. Devenu le codétenteur du record général de Vincennes sous la selle en 1’10’’0, avec Bilibili l’an dernier, l’étiquette de la vitesse, au détriment de la tenue, lui était depuis collée à la casaque. C’était une erreur. Ce dimanche, Etonnant a dirigé les opérations, en chef du peloton, et n’a pas été mis sous pression durant les trois premiers kilomètres. Cela a aidé Anthony Barrier à gérer son partenaire qui s’est montré un moment trop brillant avant de se poser : « Il était un peu chaud devant. Il a l’habitude qu’on laisse dérouler et il ne sait pas encore trop se gérer devant. Il faudrait qu’il progresse là-dessus. Il a eu du mal à se décontracter et la preuve qu’il est bon car il a su faire le dernier kilomètre sur un super pied. » Mis sous pression dans le final par Flamme du Goutier (Ready Cash), il n’a jamais été approché, comme poussé par ses adversaires successifs.

Un vainqueur ferré
Il faut remonter à Prince Gédé, en 2009, pour retrouver un vainqueur du Prix de Paris ferré. C’était il y a douze ans. Une autre époque aussi. Ce meeting a ceci de particulier d’avoir consacré deux gagnants de Groupe 1 chaussés et pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de Bahia Quesnot dans le Prix de Cornulier et donc d’Etonnant dans le Prix de Paris. Il s’agit presque d’une anomalie temporelle si l’on considère que le précédent vainqueur de Groupe 1 ferré à l’attelé était Davidson du Pont dans le Prix de Sélection 2018 (on ne retient évidemment pas ici les Groupes 1 pour 3 ans). Sur ce point, Richard Westerink nous a précisé : « Il avait des petits alus sous les pieds surtout pour le protéger car il n’avait pas trop de talons. »


Une course d’attentistes, sans actions de jeu offensives
On a laissé contrôler puis dérouler Etonnant dans le Prix de Paris. Aucun de ses rivaux n’a tenté de le destabiliser durant le premier tour. Ce qui a permis à Anthony Barrier de reprendre en 1’20’’ et même plus dans le tournant des tribunes à un tour de l’arrivée. Le driver nous a expliqué cette stratégie de course qui a tourné à son avantage : « Sur 4 000 mètres, on était un peu dans l’inconnu mais Richard [Wesrerink] a toujours dit qu’il avait deux moteurs même si de l’extérieur on le jugeait plus sprinter parce qu’il avait de super performances sur 2 100 mètres. Aujourd’hui, on a vu un super cheval et un super entraîneur qui ne s’est pas trompé. Etonnant était un peu brillant lors du premier tour. J’étais content quand on est arrivé au premier passage du poteau car je savais qu’ensuite il pouvait faire le deuxième tour de piste à fond. » Pierre Vercruysse, qui conclura troisième au sulky de Moni Viking (Maharajah), expliquera pour sa part lors de la conférence de presse : « S’il n’y a pas eu d’actions de jeu, c’est que tout le monde se trouvait bien à sa place lors du premier tour. »

La clé du deuxième passage en plaine
C’est à 1 500 mètres du but que le scénario du vainqueur s’enclenchait. Davidson du Pont (Pacha du Pont), alors en queue de peloton, est légèrement repris et prend le galop. Il sera remis dans les bonnes allures mais trop tard pour ne pas subir les affres de la disqualification. Jean-Michel Bazire dira ne pas avoir de raison à invoquer pour cette faute. Dans son dos, Diable de Vauvert (Prince d’Espace) ne profite pas de l’espace libéré dans lequel se glisse Bahia Quesnot (Scipion du Goutier). Juste après, Décoloration (Prince d’Espace) est la première à lancer les hostilités à l’extérieur. Arrivée sur la ligne du leader, elle se met à la faute. Etonnant reste donc maître de la course.

L’offensive de Flamme du Goutier, pour la gloire seulement
Dans la montée, Théo Duvaldestin et Flamme du Goutier mettent les premiers la pression à Etonnant. Lequel résiste et les contient dans le dernier tournant avant de repartir à la fin pour s’imposer de plus d’un longueur devant la 6 ans entraînée par Thierry Duvaldestin. C’est Anthony Barrier qui nous raconte la fin de course : « Dans la montée, Etonnant a repoussé les attaques de bon cœur [celle de Flamme du Goutier], dans le dernier tournant, celle de Délia qui venait aussi. Comme à son habitude quand le plat arrive, il se relance. C’est un top cheval qui devient de plus en plus agréable à driver et monter. Il est promis à une belle année s’il reste dans cette condition. Son Prix de Bourgogne était déjà très bon. Il a bien encaissé ses deux matchs montés. Je crois même que cela l’a rendu plus fort. Il a un super tempérament. »
L’effort de Flamme du Goutier pour résister, de peu à Diable de Vauvert, se verra annuler après disqualification pour ses allures dans le final. Thierry Duvaldestin nous commentera : « Je suis déçu pour la jument et Théo qu’ils soient disqualifiés sur tapis vert dans une épreuve de Groupe 1 mais il n’y a rien à redire à la décision. C’est la fin du meeting et Flamme est un peu fatiguée comme beaucoup de chevaux. Elle va aller deux ou trois semaines aux champs et deux mois à la mer ensuite. Il est probable qu’elle coure ensuite durant l’été. »


Il est promis à une belle année s’il reste dans cette condition.
Anthony Barrier

© ScoopDyga
Le 1er Groupe 1 attelé en France d'Anthony Barrier
En conférence de presse, Anthony Barrier explique savourer ce premier Groupe 1 à l'attelé en France, lui qui s'est déjà imposé à ce niveau à Mons avec Roi du Lupin. Il ajoute : « Je me considère comme gâté. J’ai connu une grande époque « Marmion » avec Roi du Lupin et Triode de Fellière par exemple. Il y a eu aussi bien sûr le Prix de Cornulier avec Olga du Biwetz. » Le jockey est titulaire d’un deuxième titre de Groupe 1 monté avec Return Money dans le Saint-Léger des Trotteurs 2008. Il est devenu le partenaire d’Etonnant en fin d’année dernière quand « Richard [Westerink] voulait un jockey pour Etonnant car Eric [Raffin] montait Feeling Cash. »


La foi de Richard Westerink dans son pensionnaire
Richard Westerink a joué sa part dans la tactique payante du jour. Il nous dévoilé : « Franck Leblanc m’avait dit avant la course « Pourquoi tu ne vas pas devant car il n’y a pas un cheval pour aller devant ? » Je l’avais répété à Anthony. Je lui avais surtout dit de démarrer pour bien se placer. Ensuite, il était tellement facile qu’il a choisi d’aller devant et de contrôler. Le driver a été très bon en emmenant la course en progressant. On m’a dit qu’il avait fait le troisième kilomètre en 1’12’’ et le quatrième et dernier en 1’11’’. Après, c’est difficile de revenir. J’y ai cru dans le dernier tournant. J’ai toujours pensé qu’il était meilleur à l’attelé qu’au monté mais il était tout simplement plus efficace car plus gérable au monté. Il est devenu plus calme, plus mûr et a plus de force. Il ne panique plus avec ses allures. »



Objectif : Prix d'Amérique 2022
Ce premier Groupe 1 d'Etonnant ne fait que concrétiser les plans de l'entraîneur qui nous apprend : « J’ai dit à Anthony qu’on prépare tout pour le Prix d’Amérique de l’an prochain. Je pense donc qu’on va le voir moins souvent au monté et qu’il va faire sa carrière à l’attelé cette année. Il ne devrait pas aller à l’étranger. Il a un programme de courses important pour lui en France. Je préférerais aller à l’étranger avec Frisbee d’Am. »

On prépare le Prix d'Amérique 2022.
Richard Westerink

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Deuxième vainqueur de Groupe 1 en France et hommage à Timoko
Quand il parle d'Etonnant, Richard Westerink ne peut pas passer sous silence le père de celui-ci, le champion Timoko dont il a géré toute la carrière : « Etonnant a quatre poumons et est très dur. Il est bon sur 2 100 mètres car il peut faire la distance à fond mais il peut tenir aussi sur longue distance. Timoko était plus facile. Etonnant est gentil comme son père mais peut-être un peu plus chaud. » Au sujet du héros du jour, Richard Westerink ajoute encore : « Le cheval est mûr maintenant. Il a longtemps été très bébé et manquait de force. » Etonnant devient le deuxième vainqueur de Groupe 1 en France de Timoko après Folelli, lauréate du Critérium des Jeunes. Il y a aussi bien sûr Dreammoko, multiple placé au top niveau, Elite du Ruel et le vainqueur du Derby finlandais (Gr.1) Hachiko de Veluwe.

Les regrets du côté de Diable de Vauvert, le "gagnant moral"
Il a encore produit une fin de course dont il a le secret. Diable de Vauvert signe tous les meilleurs temps partiels de fin de course dont le meilleur dernier kilomètre en 1'09''7 et les meilleurs 200 derniers mètres en 1'10''5. Il a refait 11 mètres sur Etonnant dans les 400 derniers mètres. C'est en plaine quand Davidson du Pont a fait la faute [lire en page 2] que la chance n'a pas souri au partenaire de Gabriele Gelormini, lequel s'est exprimé comme tenaillé entre satisfaction et déception : « J’aurais gagné sans doute. On a été malheureux dans la plaine sur la faute de Davidson du Pont quand Bahia Quesnot se glisse entre Délia du Pommereux et nous. Ensuite, il a montré ce qu’il savait faire. Il ne faut pas être trop gourmand et le résultat brut, deuxième, est très bon mais, quand on revoit la course, on peut dire que c’est le gagnant moral. » Le driver rajoutera lors de la conférence de presse : « Si j’avais pu suivre Délia du Pommereux, cela aurait tout changé et il aurait pu gagner. On a bien voyagé pendant un tour et demi. Où on s’est retrouvés quand la course s’est jouée, c’était infaisable. »

On peut dire que Diable de Vauvert est le gagnant moral.
Gabriele Gelormini


La conférence de presse
Richard Westerink a évoqué la force de cette victoire : « C’était un grand moment d’émotion et j’étais mal au passage du poteau. Un moment magnifique, avec une sensation très forte, pas très loin du malaise. La première chose qu’Anthony m’a dite : « C’est fait. » »
De son côté, Anthony Barrier a parlé de sa course. Florilège : « On sait que dans le dernier virage, Etonnant peut se coucher et il fallait que je reste concentré. Dans la ligne d’arrivée, il est reparti de lui-même. »
« J’ai pensé à Diable de Vauvert à mi-ligne droite mais comme je ne le voyais pas, cela m’allait très bien. Je ne l’ai vu apparaître que dans les cinquante derniers mètres. »
« Il a fallu qu’il se tempère un petit peu car il est habitué aux courses très rythmées. Je me suis battu avec pendant quasiment deux kilomètres. Richard est quelqu’un confiant de nature. C’est un cheval que j’aime beaucoup et Richard me laisse carte blanche. »


Moni Viking répond à l'objectif
C'est un Pierre Vercuysse heureux de la performance de son représentant Moni Viking, troisième (après la disqualification de Flamme du Goutier) que nous avons rencontré : « On était satisfait de la quatrième place encore plus de sa troisième. Le cheval a fait une course magnifique et a répondu à toutes nos attentes. Je pense que j’ai eu la bonne inspiration à la sortie de la volte en laissant filer pour prendre une bonne position. Je pensais qu’Etonnant irait devant, c’est ce qu’il s’est passé. On a super bien voyagé jusque dans le dernier tournant où les concurrents de l’extérieur se sont couchés sur nous, ce qui nous a fait perdre du temps. Mais de toute façon, on n’aurait pas été mieux que troisième. » Quant à l'avenir, il nous a appris : « Il devrait maintenant courir le Prix du Bois de Vincennes le 27 mars où il s’élancera en tête. Ensuite, peut-être le Prix Jamin avant de retourner en Suède pour refaire son programme de l’an dernier avec notamment le Harper Hanovers. »

Délia du Pommereux, sans réaction dans le final
Un moment venue à l'extérieur de Flamme du Goutier dans le tournant final, Délia du Pommereux a vite abdiqué. Son pilote Eric Raffin nous a appris : « Quand Flamme du Goutier s’est rabattue devant nous, ma jument est restée là. Je pense tout simplement qu’elle n’est pas faite pour cette distance-là. La jument était souple mais 4 200 mètres, ce n’est pas son truc. »

Page suivante : photos © ScoopDyga

Etonnant maîtrise Flamme du Goutier (disqualifiée après enquête) et Diable de Vauvert à l'extérieur - © ScoopDyga
4e | PX D'AMERIQUE RACES ZETURF PX DE PARIS
Att - 4150 m - Groupe 1 - 400 000 €
ETONNANT 1'14"7
Timoko x Migraine (Alligator)
Driver : A. Barrier - Entraîneur : R. Westerink
Propriétaire : R. Westerink - Eleveur : Ch. G. Vigier
2e Diable de Vauvert 1'14"8 Prince d'Espace x Pop Star
3e Moni Viking 1'14"9 Maharajah x Jeunesse Doree
4e : Carat Williams - 5e : Chica de Joudes - 6e : Delia du Pommereux - 7e : Bahia Quesnot

D'où vient-il ?

C’est l’élevage, gersois, de Guy Vigier et la progéniture de la championne de celui-ci, Migraine 1’13’’ (Alligator), lauréate d’un Prix du Président de la République (Gr. 1), sous la férule de Bernard Desmontils et les couleurs de Guy Grugeaux. Si Étonnant est le chef-d’œuvre de Migraine, celle-ci a également engendré les bons Auch 1’11’’ et Douloureuse. Après avoir été le premier à rejoindre son père au palmarès de l'Elitloppet, il le rejoint aussi dans celui du Prix de Washington, dix ans après la première des deux victoires de Timoko.

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