La vente de yearlings sélectionnés d'Arqana Trot lance le bal des sessions réservées aux trotteurs âgés d'un an. L'édition ne ressemble évidemment à aucune autre, crise sanitaire oblige. Elle sera à la fois un test de résistance à la crise pour tout un secteur économique et un indicateur pour les autres rendez-vous de fin d'année à venir. Plus que d'habitude encore.
Ce sont 474 yearlings qui sont annoncés de mardi 1er au jeudi 3 septembre sur le ring deauvillais : 497 lots du catalogue soustrait des 23 déclarés absents à la veille du grand show de sélection du yearling trotteur français. C’est une deuxième édition consécutive à risque après celle de 2019 qui succédait à celle de tous les records. Les paramètres contextuels sont évidemment différents cette fois. Il y a douze mois, les raisons d’inquiétude provenaient de l’interne du business des ventes, avec une offre moins éclatante que lors de la précédente édition, celle du règne de jeunes étalons si porteurs, tous fils de la locomotive Ready Cash, comme Bold Eagle, Brillantissime, Bird Parker et Charly du Noyer. Les déclarations préalables de quelques gros investisseurs, se disant en retrait après les sommets de 2018, avaient aussi été perçus comme des motifs d’inquiétude.
Cette année, le contexte est tout autre. Les causes de l’inquiétude sont avant tout externes au secteur avec la crise sanitaire qui s’est abattue sur le monde depuis le 1er trimestre, impactant la grande majorité des secteurs économiques. Le maître mot quand on ébauche l’avenir est "incertitude". Et les dernières données ne sont toujours pas rassurantes : les chiffres de récession économique mondiale s’ajoutent les uns aux autres et la pandémie n’est absolument pas jugulée, faisant craindre dans tous les pays de l’hémisphère nord une reprise de ses effets dans les prochains mois. Dans l’univers hippique, il y a pourtant, a contrario, des raisons conjoncturelles de retrouver un peu le sourire avec des volumes d’enjeux hippiques à des niveaux exceptionnels et deux premières ventes post-Covid qui ont fait plus que de la résistance. Voilà donc le contexte de ces trois jours de ventes de yearlings sélectionnés, transformés plus que jamais en baromètre de toute la filière élevage. Voici les trois jours de vérité.
Comme le titrait Province Courses dans son dernier numéro consacré à ces ventes de yearlings sélectionnés, il y a de bonnes raisons d’y croire. D’abord parce que le catalogue répond aux mêmes critères de construction et d’exigence que lors des dernières années. Hugues Rousseau, directeur général d’Arqana Trot, nous a confié à ce sujet : « On a construit ce catalogue et organisé ces ventes dans des conditions quasiment identiques (à d’habitude). » Le catalogue 2020 concentre bien une offre de tous les meilleurs étalons de notre stud-book, à commencer par le chef de race Ready Cash (11 produits), Coktail Jet et son fils Love You (15 respectivement) mais encore par Prodigious (3 produits "seulement") et son fils Carat Williams (28). Les fils de Ready Cash sont omniprésents avec Eridan (25), Bold Eagle (22), Bird Parker (20), Brillantissime (19), Cash And Go (19), Django Riff (17), Charly du Noyer (15).
Dans la partie haute du marché, la section la plus sélective, on constate sans doute une baisse du volume d’offre. C’est notamment dû à l’effet direct de la raréfaction de Ready Cash : 11 produits cette année contre 18 l’an dernier (17 présentés et 8 vendus dont 1 à l’amiable) et 17 en 2018 (tous présentés et 13 vendus). Hugues Rousseau commente sur ce point : « Il y a un peu moins de Ready Cash cette année dans une production totale inférieure aux autres années. Il y a aussi deux paramètres à intégrer pour la vente. D’abord, il y a eu pas mal d’achats à l’amiable. Le cheval est tellement attractif que les propriétaires de ces yearlings ont été sollicités à l’amiable. Ensuite, ils étaient peut-être plus à l’écoute de ces propositions car ils se sont demandé à un moment si le marché pouvait fléchir à cause de la Covid-19. »
La qualité de la première journée de vente sélectionnée reste néanmoins très élevée, évidemment. Quant à la session consacrée aux jeunes étalons (jeudi 3), elle n’aura pas les têtes d’affiches de 2018 par exemple. Hugues Rousseau continue : « Tous les meilleurs fils de Ready Cash sont passés au rang d’étalons confirmés puisqu’ils ont plus de deux années de production inscrite dans nos catalogues. Par conséquent, on est un peu en dessous en termes d’attractivité sur les jeunes étalons. »
Mais un catalogue, y compris de sélection, renvoie aussi à la notion de moyenne et de ce point de vue, l’édition 2020 ne déroge pas la règle. Hugues Rousseau ajoute : « Sur la vente du milieu de tableau, on a le nombre et une qualité rigoureusement identiques. » Voilà pour les raisons de croire en l’offre 2020.
Du côté du terrain
L’approche positive du moment peut aussi venir des messages qui viennent de la base, celle des éleveurs et des préparateurs. Ces derniers sont plutôt rassurants, voire optimistes. Marie Touraine du Haras d'Ecouché, un des tops consignataires depuis plusieurs années, vient de nous apprendre : « En ce qui nous concerne, nous avons eu plus de visites que l’an dernier. C’est plutôt bon signe. Sincèrement, je pense que les sujets "haut de gamme" vont bien se vendre, de même que ceux qui ont un peu moins de papier, mais peuvent compter sur leur physique. Pour les autres, ce sera, sans doute, plus difficile. Notez que c’est un peu tous les ans pareil. »
Même analyse et impression chez Marc-Antoine Besnard, de l’Elevage de la Tour de Vandel, un acteur historique de ces ventes : « Du fait de la crise sanitaire et de ses conséquences, il y a de l’incertitude, mais il semble tout de même qu’il y ait un potentiel d’investissement intact, au moins pour les numéros les plus attractifs et ceux qui sont dans la bonne moyenne. Nous avons le sentiment que nos poulains ont été visités, chez nous, de la même façon que les années précédentes. C’est positif que, malgré le confinement, l’arrêt des courses et la baisse des allocations, l’intérêt des acheteurs pour les yearlings demeure. Il va falloir transformer l’essai sur le ring. »
Carine Romarie, animatrice du Haras de la Paumardière, présentera quant à elle dix-neuf numéros. Elle a changé sa manière d'aborder cette vente au cours des dernières semaines : « Franchement, en juin ou juillet, on était vraiment pessimistes en se disant que nous allions préparer dix yearlings et que ce serait compliqué. Au final, on en prépare dix-neuf et on a beaucoup plus de visites de courtiers que d’habitude. On a aussi des entraîneurs et des propriétaires qui viennent, certains ne pouvant pas se rendre aux ventes. »
Je n'ai pas eu le sentiment que les éleveurs soient plus préoccupés au regard de la situation exceptionnelle.
Hugues Rousseau, directeur genéral d'Arqana Trot
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