Impressionist : la recette magique sous le sceau du partage
L’entrée avec tambour et trompette d’Impressionist dans les rangs des vainqueurs semi-classiques des 3 ans est le fruit d’une recette magique. Celle du croisement de Ready Cash sur une mère par Love You. Mais plus encore que cela, ce succès s’intègre dans un grand projet hippique porté par Matthieu Millet, initiateur de l’Ecurie Hunter Valley, sous les couleurs de laquelle Impressionist s’est imposé dans le Prix Kalmia ce mardi. On peut parler en ce sens d’une nouvelle brique d’un édifice plus vaste, celui d’une vaste opération que l’investisseur passionné place sous le sceau du partage.
Avec Impressionist (Ready Cash), la casaque rouge de l’Ecurie Hunter Valley enregistre son premier titre dans une épreuve dite semi-classique. Voilà incontestablement une victoire qui compte encore plus dans un projet d’investissement important et inscrit d’emblée dans le long terme par Matthieu Millet. Alors comment ce dernier réagit-il à ce succès ? « On attendait cela et c’est pour nous exceptionnel d’être associés sur un tel cheval. Louis [Baudron] manage la carrière d’Impressionist de manière extraordinaire. Il prend son temps avec, il garde la tête froide. Il sait que c’est un bon cheval et il l’a amené comme un bon cheval. C’est juste parfait. La drive [d’Eric Raffin] a aussi été exceptionnelle. On voit immédiatement qu’il mène pour l’intérêt du cheval [N.D.L.R. : et non pour la seule victoire d’un jour]. »
Une qualification 3 étoiles
Qualifié le 21 juillet 2020 à Meslay-du-Maine dans un temps presque anodin (1’18’’7), Impressionist avait pourtant reçu trois étoiles (le maximum possible) dans les colonnes de Province Courses l’Hebdo pour la facilité de sa prestation.
■ La note de Province Courses l’Hebdo : « Commence à accélérer en entrant dans les 700 derniers mètres et survole son lot par la suite, laissant une très grande impression de facilité. Grosse pointure pas forcément précoce. »
■ Le commentaire de son driver du jour, Cédric Beurel : « Il possède un gros moteur et était vraiment très facile à la fin. Très bonne impression. »
Depuis le mois de décembre,
Impressionist (
Ready Cash) s’est présenté six fois en course pour un bilan de cinq succès et une disqualification. Tout cela avec le concours de son partenaire désormais désigné, le Sulky d’Or en titre Eric Raffin. Il reste sur deux victoires dans des Groupes : au niveau Groupe 3 d’abord dans le Prix de Faulquemont, le 11 mai, et au niveau encore supérieur Groupe 2 depuis ce mardi, en s’imposant dans le Prix Kalmia. Il s’agit là du dernier rendez-vous (pour les mâles) sur la route du Prix Albert Viel (Gr.1) qui se disputera sur le même parcours de 2 700 mètres, le 27 juin prochain.
Un papier de très haut vol
Elevé par Louis Baudron qui en est toujours copropriétaire, en association avec l’Ecurie Hunter Valley de Matthieu Millet et l’Ecurie Elag de Fabien Rycroft-Thiriet,
Impressionist est le cinquième produit de la bonne
Une Lady de Nappes 1’13’’, une fille de
Love You titulaire de cinq victoires à 2 ans, incluant le Prix Une de Mai (Gr.2).
Une Lady de Nappes était déjà exploitée par Louis Baudron qui l’a vite entrée au haras, dès l’âge de 4 ans.
Impressionist est son cinquième produit et tous ont été qualifiés. Avant l’émergence du fils de
Ready Cash,
Une Lady de Nappes avait donné la bonne
Famous Lady 1’11’’ (
Prodigious), titulaire de 11 victoires et de 217 810 € de gains. Son premier produit
Desert Style 1’15’’ (
Singalo) compte deux succès et affiche un compte en banque proche des 50 000 €.
Le croisement qui marche par définition
Après
Singalo (d’où
Desert Style 1’15’’),
Sam Bourbon (d’où
Ermione de Nappes 1’15’’),
Prodigious (d’où
Famous Lady 1’11’’) et
Goetmals Wood (d’où
Gran Premio q. 1’18’’),
Une Lady de Nappes a rencontré en 2017
Ready Cash. Il s’agissait donc du premier croisement de la sorte, avec la lignée la plus en vogue de la descendance de
Viking’s Way. Il s’agit de la formule désormais bien connue de
Ready Cash sur une fille de
Love You qui a déjà donné les cracks
Bold Eagle et
Face Time Bourbon mais aussi
Cash and Go,
Atlas de Joudes,
Fabulous Wood,
Dream Cash,
Gaïa Olmenhof et d’autres encore. C’est en fait une application particulière de la recette
Ready Cash sur une fille de
Coktail Jet ou d’un de ses fils. On trouve dans ce schéma
Django Riff (mère par
Look de Star), le frère et la sœur
Eridan et
Gunilla d’Atout (mère par
Coktail Jet), la sœur et le frère
Dawana et
Gotland (mère par
Jeanbat du Vivier)
Feeling Cash (mère par
Coktail Jet),
Feliciano (mère par
Jain de Béval),
Axelle Dark (mère par
Look de Star),
Golden Bridge (mère par
Coktail Jet),
Daelia de Vandel (mère par
Coktail Jet),
Goldy Mary (mère par
Coktail Jet),
Fanina des Racques (mère par
Coktail Jet) et tant d’autres.
Matthieu Millet note de son côté sur le pedigree d’
Impressionnist :
« Le papier maternel est exceptionnel : c’est Ready Cash sur une mère Love You. Derrière, il y a [en père de mère] Cézio Josselyn et Florestan. Il n’y a qu’un cheval qui a un papier comme cela, en séquence de pères, c’est Face Time Bourbon. Evidemment, la lignée maternelle est différente mais la mère d’Impressionist, Une Lady de Nappes, a été précoce et a gagné le Prix Une de Mai. C’est une super mère. À partir de là, on sait qu’on a un papier de rêve. »
Impressionist et Face Time Bourbon : même formule sur 3 générations !
Difficile de faire croisement plus rapprochant. Impressionist propose le même croisement que Face Time Bourbon, dans sa séquence de pères de mères jusqu’à sa bisaïeule Star Gédé, une fille de Florestan.
Concrètement, cela donne :
■ Impressionist : Ready Cash et une mère (Une Lady de Nappes) par Love You, une grand-mère (Hézia Star) par Cézio Josselyn et une arrière grand-mère (Star Gédé) par Florestan
■ Face Time Bourbon : Ready Cash et une mère (Vita Bourbon) par Love You, une grand-mère (Kamera Bourbon) par Cézio Josselyn et une arrière grand-mère (Etta Extra) par Florestan
Il n’y a qu’un cheval qui a un papier comme Impressionist, en séquence de pères, c’est Face Time Bourbon.
Matthieu Millet
MATTHIEU MILLET : « HUNTER VALLEY EST LÀ POUR TRANSMETTRE LE RÊVE »
Investisseur important dans la filière trot depuis plusieurs années maintenant, Matthieu Millet a notamment acheté le Haras de la Perrière à Jean-Etienne Dubois et des éléments au très grand capital génétique, comme Hunter Valley, la sœur de Bold Eagle, ou des représentants déjà titrés comme Drôle de Jet. Avec l’Ecurie Hunter Valley, il cherche aussi à partager les bonheurs des courses en emmenant dans sa suite, avec lui, d’autres investisseurs, de tous types et profils. On en parle dans notre entretien après la victoire d’Impressionist.
Ce premier succès dans le cénacle semi-classique, de sélection par définition, doit vous combler ? De voir vos couleurs s’imposer à ce niveau, c’est important ?
Cela fait énormément plaisir de voir les couleurs Hunter Valley s’imposer dans une telle épreuve. Mais l’objectif de ces couleurs n’est pas de gagner toutes les courses, elles sont aussi là pour porter un message. On les montre dans un esprit de partage et d’accessibilité. Le fait de montrer nos couleurs de cette manière, cela permet de dire à nos associés et nos futurs associés :
« Voyez ce que l’on va essayer de construire ensemble ». C’est plus dans ce schéma qu'il faut voir nos couleurs briller. Elles permettent de transmettre le rêve qu’on cherche nous-mêmes à transmettre.
Parlez-nous d’Impressionist.
Impressionist représente par lui-même aussi le rêve dont je viens de parler. Je sais que j’ai beaucoup de chance parce que beaucoup de personnes aimeraient avoir dans leur vie un cheval comme cela. Et que je l’ai un peu vite diront certains. Ce que j’aime avec
Impressionist, c’est qu’il dépense peu d’énergie pour aller vite. Il va doucement. On a du mal à imaginer sa vitesse quand on le voit trotter.
Vous parlez de transmettre le rêve. N’est-ce pas compliqué de transmettre dans une discipline de compétition et de rivalité ?
C’est pourtant ce que l’on cherche à faire avec notre opération
« Part de rêve ». Ce qu’on vit aujourd’hui à trois, on veut le vivre à cinquante ! On veut permettre à tout le monde de connaître ces moments-là. D’avoir l’espoir de rencontrer ce genre de talent. Être propriétaire de ce genre de talent, cela fait partie du rêve. C’est pour cela qu’on va aux courses et qu’on a des chevaux.
Dans votre démarche et vos investissements, la dimension élevage semble primordiale. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est effectivement ma démarche. Moi, je viens par l’élevage. Personnellement, je trouve que c’est très compliqué d’acheter des bons chevaux. Mais, par contre, ce qui me semble possible, c’est les faire naître avec les bons pedigrees. Cela peut se faire. Je passe par cette case-là quelque part. C’est évidemment une passion : faire naître des poulains, aller aux courses avec des poulains qu’on a fait naître. Quand on fait naître, comme Louis, un poulain comme
Impressionist, qu’il devient une graine de crack qui doit évidemment encore confirmer, et que tout cela se fait en étant nature, avec du poids, un bonnet et du coton, pas d’artifice, tous les rêves sont permis.
Du coup, la valeur d’étalon d’Impressionist prend aussi beaucoup d’importance ?
Très clairement, il sera accompagné comme étalon. Pour nous, c’est très important. On est associés et les [deux autres] associés ont deux super cheptels. On est déjà en train de travailler le plan de monte de l’année prochaine. Il va être super soutenu.
Comment fonctionne votre association avec Louis Baudron ? Qu’en dire ?
C’est important d’être raccord dans une association et en confiance. Je ne permettrais même pas de donner un conseil à Louis. Il a travaillé comme cela avec
Impressionist pour en arriver où nous en sommes aujourd’hui et c’est aussi pour cela que nous nous sommes associés. C’est un professionnel avec qui on peut s’appuyer dans le travail. On avance avec les bons tout simplement. Louis a mis un poulain dans
Part de Rêve [lire par ailleurs] et nous soutient aussi de son côté dans notre démarche.
Part de Rêve : partageons la victoire
L’Ecurie Hunter Valley, c’est aussi la mise sur le marché d’une syndication d’une nouvelle forme. Il s’agit de poulains de très grandes origines, foals, sur lesquels chacun peut devenir associé en achetant une part. Cet achat donne droit à une part d’étalon gratuite et cessible annuelle si le poulain devient étalon, à des royalties de l’ordre de 0,5 % des gains sur la carrière de course, en France comme à l’étranger, à 0,5 % des bénéfices des ventes des saillies en monte étrangère. Sept poulains ont été proposés cette année à cette syndication d’un nouveau genre sous le slogan
« Partageons la victoire ». Matthieu Miller nous apprend sur Part de Rêve (site accessible par
ce lien) :
« On a mis le meilleur du meilleur de ce que l’on a. Il y a vraiment du « lourd ». » La syndication du propre-frère de
Bold Eagle,
Light My Fire, est désormais bouclée. La part était proposée à 7 200 € HT. Les cinq poulains toujours ouverts à la syndication sont deux fils de
Face Time Bourbon, un de
Charly du Noyer et deux de
Ready Cash. Les prix des parts vont de 2.999 € à 5.999 € TTC.
Ludwig Van Cash
Un poulain proposé dans Part de Rêve
© Part de Reve