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Actualité - 10.06.2021

Partants en berne : un signal qu’il faut prendre au sérieux

La réunion de ce vendredi à Vincennes se courra en comité réduit avec seulement 65 partants dans les sept épreuves du programme. Le première et plus spectaculaire conséquence est le transfert du Quinté+ initialement programmé lors de cette réunion sur celle de Compiègne. C’est donc le galop qui fera tourner la machine de la course à événement dans un esprit de sauvegarde de la recette. La réunion de samedi à Vincennes n’a pas non plus attiré la foule sur les pistes mais le Quinté+ y a trouvé sa place dans le Prix du Dauphiné, avec 14 partants. Que faut-il penser de ce moment ? Est-il conjoncturel ou renvoie-t-il une réalité plus profonde ? Voici des chiffres et des hypothèses sur un thème crucial pour tous : assurer la meilleure recette possible.

Vincennes ne peut donc pas proposer d’épreuve ayant réuni suffisamment de partants pour le Quinté+ de vendredi. Celui de samedi aura bien lieu à Vincennes comme prévu mais au terme du report sur une épreuve de catégorie inférieure au standard habituel, en l’occurrence le Prix du Dauphiné, pour des 6 ans n’ayant pas gagné 105 000 €. Il s’agit de la seule épreuve du programme parisien qui a réuni 14 partants. Toutes les autres sont à 13 et moins. En termes d’effectifs sur la piste, il y a pénurie à Vincennes lors des deux réunions à venir : 65 partants vendredi (soit 9,6 partants en moyenne par course) et 104 samedi (soit 11,6 en moyenne).
Le déplacement du Quinté+ de vendredi a lieu à Compiègne et a été présenté de la sorte dans le communiqué commun LeTROT et France Galop : « En raison d'un nombre de partants déclarés insuffisant sur la réunion de Paris-Vincennes, la course support des paris événementiels du vendredi 11 juin 2021 sera organisée à Compiègne dans le Prix des Futaies. L'horaire de la course support des paris événementiels reste inchangé : 20h15 ».
Ce n’est pas une première. Durant l’hiver, deux quintés programmés à Cagnes-sur-Mer au trot avaient de la sorte été déplacés. L’alternative nantaise, la seconde affiche au trot de vendredi, a été étudiée mais sans être retenue. La raison a un nom : la sauvegarde de la recette commune trot/galop générée par l’épreuve événement du jour. Et aucune épreuve nantaise n’offrait les mêmes garanties d’enjeux.

Le travail de la cellule optimisation
Ce transfert de Vincennes à Compiègne est le fruit du travail de la cellule optimisation du (des) programme(s). Il s’agit bien d’une décision concertée entre les deux sociétés-mères, selon la nouvelle doctrine de l’intérêt général. Il n’y a aucun souci à changer de discipline pour viser le meilleur chiffre d’affaires possible [le chiffre des enjeux]. Dans le cas qui nous intéresse, ce vendredi, les simulations donneraient même un avantage à la configuration finalement retenue, avec un Quinté à Compiègne, plutôt que sur le plan initial mis en place, rappelons-le, il y a plusieurs mois au moment de la construction du (des) programme(s).
Des conséquences organisationnelles pour les professionnels
Les conséquences les plus significatives sont en termes organisationnels pour la réunion la plus déplacée : changement de planning et d’organisation pour les acteurs des courses comme pour les prestataires et les indispensables à la tenue des courses. Ce vendredi, la réunion de Compiègne est déplacée (retardée) de deux heures. Les horaires de Vincennes varient peu de leurs côtés. Ces changements de dernière minute sont souvent plus faciles à faire accepter et à organiser en demandant d’arriver plus tard que d’arriver plus tôt.
Pour ce vendredi, c'est l'ensemble des horaires des réunions Premium qui se voit modifié selon les précisions du communiqué de LeTROT et France Galop :
Changements d’horaires pour les réunions de ce vendredi :
■ La première course de la réunion de Paris Vincennes, initialement programmée à 19h, aura lieu à 18h50.
■ La première course de la réunion de Compiègne, initialement programmée à 13h35, aura lieu à 15h35.
■ La première course de la réunion de Nantes, initialement programmée à 12h05, aura lieu à 11h35.
■ La première course de la réunion de Lyon-Parilly, initialement programmée à 16h15, aura lieu à 14h50.

La tendance à la baisse
Reste maintenant le constat au cœur de ce sujet : la baisse du nombre de partants à Vincennes. Il s’agit de tout sauf d’une vue de l’esprit ou d’une façon négative de vouloir éclairer la réalité. Les chiffres de ce côté-là parlent pour eux-mêmes.

Rappel : chiffres des derniers meetings d’hiver de Vincennes
■ Courses / Partants / Moyenne de partants
2015-2016 : 793 / 10 625 / 13,40
2019-2020 : 746 / 9 643 / 12,93
2020-2021 : 778 / 9 680 / 12,44
■ Multi / Proportion des courses avec Multi
2015-2016 : 433 / 54,6 %
2019-2020 : 377 / 50,5 %
2020-2021 : 337 / 43,32 %


Nos chiffres exclusifs : les catégories B et C très impactées
Nous vous proposons une étude sur l'évolution du nombre de partants à Vincennes sur la période 1er janvier - 11 juin. Réalisée spécialement pour ce dossier, elle est, elle aussi, très éclairante [cf. graphique ci-dessous]. Le principe a été de retenir trois années : 2018, 2019 et 2021, excluant 2020 non significative en raison du confinement du premier semestre et de l'arrêt des courses pendant deux mois, de mi-mars à mi-mai. Qu'y voit-on ? Que le nombre de partants dans les catégories B et C (segment du programme important pour l'organisation du Quinté+) a fortement baissé.
Catégorie B : 1002 partants en 2018 vs 724 en 2021 / nombre moyen de partants par course de 12,2 à 11,3
Catégorie C : 1502 partants en 2018 vs 1204 en 2021 / nombre moyen de partants par course de 13,3 à 11,3
Mais croire que les deux seules catégories B et C ont été touchées serait une erreur. Hormis des phénomènes de "niches", dans les Groupes 2, dans les réclamers et les courses G, peu significatives à Vincennes, toute la gamme des courses a produit une baisse de ses effectifs. L'élément "partant à Vincennes" s'est raréfié de 6 % entre 2018 (avec 7 393 partants du 1er janvier au 11 juin) et 2021 (avec 6 963 partants sur la même période). Des chiffres qui parlent bien par eux-mêmes.

Les baisses les plus spectaculaires concernent les courses B et C.


Les raisons de cette baisse
Vouloir aborder la question de la baisse de partants revient à tenter de résoudre une équation à plusieurs inconnues. Les paramètres sont multiples et nombreux et le terme clé est bien ici le caractère multifactoriel d’un processus qui crée une baisse du nombre de partants. On peut dire que l’effet papillon s’applique très bien à cette situation. Un battement d’aile de papillon peut créer un cataclysme à l’autre bout de la terre après l’emballement d’un système complexe et interconnecté. C’est l’effet domino. Sans vouloir mettre en avant un sujet plus qu’un autre, on peut dire que la tendance baissière actuelle du nombre de partants à Vincennes se nourrit :
■ de raisons sociales intégrant la valorisation de la qualité de vie. On trouve ici la réserve grandissante de certains professionnels à se déplacer en nocturne dans la logique : la qualité de vie ne prime-t-elle pas sur le travail à tout prix ? On trouve aussi ici la difficulté de mobiliser du personnel pour des horaires en nocturne et des déplacements souvent longs en horaires décalés ;
■ de raisons sociales liées à l’environnement : les contraintes déclaratives et les contraintes d’un volume de travail hebdomadaire de plus en plus contrôlé compliquent de plus en plus l’organisation des déplacements sur des horaires décalés, notamment pour les apprentis par exemple ; la difficulté de plus en plus forte de trouver du personnel tout simplement. Pascal Launey, directeur de l’Afasec de Graignes, tire la sonnette d’alarme depuis de nombreux mois sur la capacité d’attractivité de la filière courses aux yeux de la jeunesse ;
■ de raisons économiques et financières liés à l’environnement : les coûts de déplacement apparaissent toujours plus importants (carburant, péages, etc.) ;
■ du statut spécifique de Vincennes, l’hippodrome de pilotes par excellence (un pool d’une dizaine de pilotes y « fait la loi ») qui peut refroidir certains professionnels s’ils ne disposent pas d’un des pilotes en question ;
■ de l’hypersélectivité de Vincennes où le niveau est devenu tel que chaque déplacement est un défi et obligatoirement un objectif méticuleusement préparé. Avec comme corollaire, le risque de finir « huitième, bien couru » en 1’11’’ et fractions y compris dans des catégories très basiques ;
■ des alternatives possibles en région où le différentiel d’allocations versus le différentiel d’exigences et de contraintes (cf. toutes les raisons citées précédemment) incite finalement certains professionnels à opter pour des engagements régionaux ;
■ et tellement d’autres encore.

Il est indiscutable que la question des partants de Vincennes renvoie aussi, par effet de bord, à l'ensemble du programme national dès lors que la partie rattachée à l'hippodrome parisien constitue une section importante de la pyramide des courses françaises et, par ailleurs, sa partie sommitale au trot.

Est-ce grave ?
Avant de porter un constat de gravité, on peut déjà avancer que c’est un sujet en tout cas très préoccupant. La baisse de partants à Vincennes qui contraint à annuler un Quinté+ se trouve heureusement compensée par le développement de nouvelles pratiques. Les mentalités ont changé et l’intérêt général prévaut désormais avec une recherche d’alternative au galop comme réaction automatique. Quel changement avec les « guéguerres » du passé entre les deux familles des courses. Mais, sur le fond, cela reste préoccupant tant le Quinté joue un rôle capital dans la création de ressources pour toute la filière. Si le calendrier, y compris au galop, n’avait pas été en mesure de proposer une épreuve acceptable, garantissant une recette a priori « normale », ce vendredi 11 juin aurait été défaillant en termes de recette.
Ce constat pointe du même coup la très forte dépendance du système actuel, dans ses ressources, au Quinté, qui lui-même s’essouffle d’ailleurs. Le sujet est donc en fait double : comment cesser l’hémorragie de pénurie de partants d’une part mais aussi comment adapter le financement de l’ensemble du mille-feuilles des courses en prenant en compte ce qui ressemble fortement à une nouvelle donne globale. Voilà en tout cas un vaste sujet, aux nombreuses dimensions, qui mérite un travail de fond et pourquoi pas collectif.

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