Moments intenses ce dimanche à Vincennes. Ce sera même le jour le plus long du trot. Pour certains, c’est le plus beau dimanche de l'année. Quatre Groupes 1, deux Groupes 3 aux allures de Groupes 2, vont jouer la mélodie du bonheur. Les affiches sont riches et denses et ne laissent pas, peu, et de toutes les façons de manière marginale, de champions sur le bord du chemin. Tous sont là pour transformer le grand banquet du début d'été en festin sportif, avec des clashs, des défis, des exploits. La journée des champions porte décidemment bien son nom. Journée de plaisir, de défi(s) pour beaucoup, passionnés, turfistes et bien sûr les entourages des participants. La pression sera aussi sur les épaules de certains. Comment vit-on de telles rencontres ? Qu’est-ce que cela change d’être dans la peau d’un favori ?
To be or not to be… un favori ? Le statut de favori catalyse-t-il les plaisirs, sublime-t-il les bonheurs et les joies à venir ou, au contraire, ne se transforme-t-il pas en fardeau à l’approche de événements dominicaux ? Libère-t-il par la toute puissance et la forme de logique qu’il représente – le favori doit gagner en théorie – ou n’écrase-t-il pas par le poids des obligations ? C’est un peu l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein.
Pierre Pilarski connaît la question. Et pour cause. Il est copropriétaire de Face Time Bourbon (Ready Cash), par définition archi-favori du Prix René Ballière. Et il a été le propriétaire majoritaire de Bold Eagle (Ready Cash), celui qui a justement le record de victoires dans le même René Ballière (quatre). Et il nous apprend que la position de grand favori n’est pas toujours facile à vivre : « Les courses de Bold Eagle, cela n’a jamais été des moments de plaisir pendant la course. On était souvent tendus car on savait que, si il ne gagnait pas, il allait avoir beaucoup de déçus. Nous, évidemment, son premier entourage, mais pas que nous. Cela ne laisse pas que des grands souvenirs. Après oui avec la joie entre amis. Avec les supporters, cela a toujours été très agréable mais, quand on a la victoire presque obligatoire, il y a un poids qui s’installe. »
Cette sensation d'oppression, que Baudelaire a disséquée dans son spleen des Fleurs du Mal avec un vers comme « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle », Pierre Pilarski l’a retrouvée récemment : « J’ai revécu cela dimanche dernier avec un cheval d’obstacle qui courait de façon très déclassée et cela m’a fait penser à ce que je vivais, et ce qu’on partageait à plusieurs parce que je n’étais pas seul, à l’époque avec Bold. »
Une plus grande exposition avec ses propres couleurs
Pour vivre sereinement la pression de l’ultra favori, mieux vaut être dans l’ombre, comme copropriétaire invisible sur les programmes, que comme le propriétaire exposé, celui sous les couleurs duquel court le favori. Pierre Pilarski continue à ce sujet : « Quand je suis associé sans que ce soit ma casaque, c’est complètement différent parce que le regard des supporters et des journalistes n’est pas le même. On n’a pas du tout la même pression. Ce qui met la pression en vérité, c’est tout ce qu’il y autour de la course, ce qu’il y a avant, les supporters, les joueurs, les journalistes. Les couleurs donnent la légitimité, le droit d’en parler. On est toujours exposé et en première ligne. »
Moins de pression avec Face Time qu’avec Bold Eagle pour Pierre Pilarski
Copropriétaire minoritaire de Face Time Bourbon, Pierre Pilarski la pression est moins forte, plus légère en quelque sorte, que ce qu’il a connu avec la sage Bold Eagle : « Avec Face Time Bourbon, cela n’a rien à voir. Avec Bold, j’avais l’impression d’avoir le poids de mes propres interrogations et tout le poids du monde sur les épaules. Je me souviens quand il a été battu à 5 ans dans le Prix de Paris pour la Triple Couronne. Tout Vincennes attendait l’exploit. Je pense que j’étais un des moins déçus mais j’ai été affecté et touché par cette déception collective. Je n’avais pas envie de revivre cela. Avec Face Time, quand il est battu dans les Prix de France, cela fait mal mais c’est différent parce que j’ai appris avec Bold. Je sais aussi que la déception d’un jour, ce n’est pas la déception de toujours. C’est déjà une tellement grande joie d’être associé à des chevaux de ce niveau là qu’on n’a pas le droit de se plaindre. »
Ne pas montrer la pression pour Franck Nivard
Franck Nivard fait partie de ces drivers les plus exposés aux grands enjeux. Ses grandes et glorieuses campagnes avec Ready Cash et Bold Eagle notamment ont bien sûr nourri plus qu'à son tour son expérience des échéances et de la pression qui va avec. Il nous a confié à ce sujet : « Quand on a le très bon cheval, cela donne un peu plus de pression. Avec des chevaux comme Ready Cash ou Bold Eagle, je n’avais pas trop droit de me louper. J’étais un peu plus tendu évidemment. Pour moi, c’était vraiment à l’approche de la course que cela pouvait se manifester avec une tension intérieure qui montait. Mais j’essayais de ne pas le faire voir. »
Avec Face Time Bourbon, la pression n'est pas la même pour moi qu'avec Bold Eagle.
Pierre Pilarski
Je suis serein. C’est de la bonne pression.
Christopher Corbineau
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