... (© APRH / G. Lherpinière)
Actualité - 30.06.2021

Daniel Burlin touche au but avec « Ibra »

La « Journée des Champions » dimanche à Vincennes avait très bien débuté pour l’élevage du Centre avec le succès de Hooker Berry, élevé et propriété de Michel Aladenise, dans le Groupe 3 Prix Raymond Fouard. Une demi-heure plus tard, elle s’est prolongée de manière exceptionnelle avec la victoire d’Ibra du Loisir dans le Prix d’Essai (Groupe 1) - sept ans après son père Booster Winner - qui donne à l’élevage de Daniel Burlin, l’une des figures de l'élevage régional, son premier titre classique.

Dans l’heure (au minimum) qui a suivi la victoire d’Ibra du Loisir (Booster Winner) dans le Prix d’Essai, dimanche, le téléphone de Daniel Burlin a dû chauffer à coup sûr. Les messages se sont certainement multipliés. C’est que l’éleveur de Saint-Pierre-le-Moutier dans la Nièvre est une figure du monde du trot du Centre-Est dans lequel il est très investi et jouit d’un fort capital sympathie, bien au-delà de sa région d'ailleurs, lui le natif du Nivernais. Qu’il puisse (enfin) tenir son premier Classique a ravi tous ceux qui le connaissent. « On a été plus mal, rigolait-il dimanche quand il a répondu à notre appel. Il faut vivre ces émotions là pour comprendre même si c’est difficilement explicable. C’est énorme de gagner un premier Groupe 1 ! Je pense tout de suite à Patrick Charel, le co-éleveur du poulain, avec lequel nous entretenons de vraies relations humaines. On élève dans ce but-là et, en même temps, cela semble inaccessible. »
Voilà pourquoi Daniel Burlin ne pouvait cacher une émotion certaine après la victoire du représentant de Jacques Cottel, lequel l’a acheté yearling 21 000 € sur le ring de Deauville : « Une victoire comme celle-ci est un aboutissement ».
Un tel succès est l'occasion de revenir sur le chemin qui a été celui de Daniel Burlin depuis qu’il a commencé à élever par passion à la fin des années 1980. « Dès mon plus jeune âge, j’ai eu la passion des trotteurs, sans que je puisse vraiment en donner la raison si ce n’est qu’il y avait une jument trotteuse chez les employeurs de mes parents qui étaient salariés agricoles à côté de Nevers, était revenu pour nous Daniel Burlin dans le cadre d'un portrait que lui a consacré Province Courses l’Hebdo il y a bientôt deux ans. À la fin de mes études, je suis devenu salarié agricole et je me suis intéressé aux chevaux de plus en plus. L’appellation « du Loisir » vient justement du fait que c’était un loisir à la base, c’était un à-côté. Cette idée d’élever des trotteurs ne m’a jamais quitté malgré les conseils de personnes qui me dissuadaient de le faire car c’était compliqué. »

Un loisir devenu passion, une passion devenue profession
Le premier achat, lors d'une vente du GAET sur l'hippodrome de Vincennes, sera une jument nommée Naïve Emeraude (Bellouet) et se fera par l’intermédiaire de Guy Boillereau, « quelqu’un de très abordable qui a fait partie de mon parcours. Sans lui, je ne pense pas que j’aurais acheté mon premier cheval ». Alors qu’à 33 ans, Daniel Burlin, toujours accompagné et soutenu par son épouse Marie-Laurence, reprend une exploitation sur laquelle il n’y avait que des bovins et il y introduit petit à petit des poulinières trotteuses. Sa passion va être à l'origine du développement d'une structure qui, une trentaine d'années plus tard, s'étend sur près de 300 hectares. Trotteurs et bovins y sont élevés en harmonie, alors que le Haras du Loisir s'est doté aussi depuis plusieurs saisons d'une station de monte inaugurée par le local Punchy et où ont officié cette année Picsou de Villabon, Vivaldo Bello, Coup Droit et Che Jenilou. « On arrive mieux à convaincre les propriétaires d’étalons qu’à une époque de nous les confier à la station, confiait l'homme des « Loisir ». On y arrive mieux car on a longtemps été confrontés au raisonnement suivant : « Si cet étalon vient dans le Centre-Est, c’est parce qu’il ne produit pas. Si les Normands le laissent partir, c’est parce qu’il ne produit pas ». Aujourd’hui, on est partis sur une autre démarche. »

L’appellation « du Loisir » vient justement du fait que c’était un loisir à la base.
Daniel Burlin


(© ScoopDyga)
Co-éleveur avec Daniel Burlin, Philippe Charel (à droite) sur le podium du Prix d'Essai avec la famille Abrivard et Frédéric Ferraz.
Ne croyez pas pour autant que tout a été simple, ce que Daniel Burlin rappelait d'ailleurs dimanche après le succès qui fait de lui un éleveur classique : « Si vous n’êtes pas mordu, avec les aléas que rencontre un éleveur, vous arrêtez assez rapidement. Il faut avoir un caractère bien trempé, (...) surtout qu'être éleveur-vendeur comme je le suis est une pression supplémentaire, forcément. C’est spécifique. La chaîne est longue, avec tellement d’embuches. Le marché est plus dur, plus sélectif ».
Ce tempérament de battant et d'entrepreneur l'a accompagné tout au long de ces années et lui a permis d'être à la tête d'une structure qui fait référence dans l'élevage. Une structure familiale puisque, depuis quelques années, Daniel et Marie-Laurence Burlin travaillent avec Christophe, leur fils. « Il n’aurait pas aimé ça, je n’en aurais pas fait une affaire. Mais travailler en famille est encore mieux », soulignait Daniel Burlin. Le cheptel du Haras du Loisir est composé d'une trentaine de poulinières que l'éleveur nivernais possède pour certaines en association, comme la mère du vainqueur du Prix d'Essai, avec Patrick Charel (lire ci-dessous). Tant et si bien que l'on avoisine près des cent chevaux sur le site. « C’est l’une des structures les plus importantes de la région, décrivait-il. Je fais saillir à peu près 50 % de mes poulinières sur mon site et 50 % en Normandie puisque je possède quelques parts d’étalons. Quand on envoie des poulinières en Normandie, c’est conséquent financièrement. La réflexion sur les courants de sang reste très importante d’autant plus quand on est éleveur-vendeur, car on sait que les potentiels acheteurs recherchent certains croisements. Le raisonnement d’un éleveur-vendeur n’est pas du tout le même que celui d’un éleveur. On est sujet aux modes. Aujourd’hui, c’est difficile d’aller contre Ready Cash et ses fils, mais ce sont des enjeux financiers plus conséquents. On fait donc des efforts, tout en se disant que la base reste la jument. »

De « Passion » à « Ibra »
Jusqu'à dimanche, la semi-classique Passion du Loisir (Goetmals Wood) était le fleuron de cet élevage nivernais qui s'est aussi distingué notamment avec Ugo du Loisir (Niky), titulaire de 337 070 € de gains et vendu 8 000 € au Marault où Daniel Burlin, vice-président de l'AETCE (Association des Éleveurs de Trot du Centre-Est) qui organise cette vente, présente chaque année une vingtaine de yearlings, et Taquine du Loisir (Ganymède). Celle-ci a terminé sa carrière avec 243 190 € de gains et a aussi été vendue au Marault (22 000 €) à Jacques Cottel. Quelques années plus tard, le propriétaire s'est donc également porté acquéreur (à Deauville cette fois) de son frère par Booster Winner, lequel allait lui apporter un troisième Groupe 1.

La valeur des relations humaines
Tous ces succès n'ont pourtant aucune chance de changer l'éleveur qui place l'humilité comme une valeur essentielle et pour qui les relations et les rencontres humaines sont primordiales, comme celles qu'il a faites avec Pierre Morand, l’éleveur des « Corta », « devenu un ami, une référence », mais aussi avec Jean-Pierre Dubois ou encore Joël Hallais qu'il cite régulièrement car « ils vous inculquent le respect et la valeur du travail ». « Il faut être solidaire entre nous », insistait-il encore dimanche en évoquant son associé Patrick Charel. Une association dont ce dernier, assureur en région parisienne, rappelait l'origine à Vincennes juste après être monté sur le podium pour recevoir le trophée récompensant les éleveurs du vainqueur du Prix d'Essai : « Cela fait vingt-quatre ans que l'on élève ensemble avec Daniel Burlin. Par mon père, j'avais des saillies de Podosis, ce qui m'avait déjà permis d'être co-éleveur de King du Perthois, deuxième du Prix du Président de la République. Daniel lui avait les poulinières. On s'est donc associés. La mère d'Ibra, Kaline du Loisir, est née de cette association puisque c'est une fille de Podosis ».
La consécration que constitue la victoire d'Ibra du Loisir pour Daniel Burlin, sa famille, ses associés et ceux qui lui font confiance en achetant la production de son élevage représente un formidable parcours de vie et un encouragement qui faisait dire au principal intéressé : « J'ai 65 ans et ça me relance trente ans au moins ! ».
Love You 1'10''2 Coktail Jet 1'11''2
Booster Winner 1'10''2 Guilty Of Love 1'17''1
Quille Viretaute 1'13''8 Elvis de Rossignol 1'13''0
IBRA DU LOISIR Aube Et Vire 1'23''4
Podosis 1'16''1 Florestan (US)
Kaline du Loisir 1'17''5 Civette Ii
Omarina Beau Ludois l
Etzina
(© APRH)

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