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Actualité - 05.09.2021

Guillaume Martin, quand le glacier devient volcan

Beaucoup parlent de lui comme d'un des professionnels les plus froids du peloton. Un jeune aux nerfs d'acier qui ne connaît pas la pression et ne précipite jamais ses décisions. L'homme de glace serait pourtant devenu volcan ces derniers temps, tant ses succès s'enchaînent avec bonheur. Il est sous le feu d'une nouvelle exposition médiatique et dispose, en Clarck Sotho, d'un partenaire candidat à la victoire dans la Finale du Trophée Vert lundi à Craon. Avec aussi, en filigrane, la possibilité de décrocher le titre général. Rencontre.

En juin, il a signé sa 200e victoire au monté à Laval. En août, il a remporté l’étape du Trophée Vert de La Gacilly avec l’un de ses chevaux de cœur, Clarck Sotho (Oiseau de Feux). Il sera encore en lice avec lui ce lundi à Craon dans la finale, avec une vraie chance de s’imposer. Vendredi dernier, il a décroché son troisième semi-classique, à Vincennes, en selle sur Girly Béco (Tiégo d'Etang). On parle bien sûr ici de Guillaume Martin. Le professionnel de 27 ans fait partie des valeurs montantes des pelotons. Incontestablement. Son plus fervent supporter, Arnaud Desmottes (et vice-versa), dit de lui à propos de sa façon de monter, de ses nerfs en course : « Il n’est pas froid, il est glacial. »
On l'a connu en Mayenne, formé par Yves Dreux , où il est resté une petite décennie. Il est dorénavant installé en Normandie. Une histoire de cœur est derrière cette décision qui permet à la carrière du jeune homme de connaître un nouvel essor.

Bio express
27 ans, installé en Normandie depuis décembre 2020
■ Débuts le 19 septembre 2010 : 1er avec Panoramix Boy
■ 253 victoires au 4 septembre
■ 206 succès au monté dont 3 Groupes 2, 41 à l’attelé
■ 57 victoires pour Arnaud Desmottes dont 47 au monté


24H au Trot. Parlez-nous de votre présent. Où travaillez-vous ? Comment s’organise votre emploi du temps ?
Guillaume Martin. Je suis en Normandie depuis un an et demi et m’y suis vraiment installé depuis décembre dernier. Tout ça, c’est un peu grâce à ma coach, ma « Normande » (rires) [N.D.L.R. : sa compagne Valentine]. Je fais de la prestation de service chez Nathalie Viel, du lundi au vendredi. Le matin, je travaille en moyenne quatre heures. Cette organisation me permet d’aller aux courses quasiment tous les jours, cinq fois par semaine en moyenne on va dire. Cela me permet aussi d’aller essayer des chevaux chez les entraîneurs de la région, notamment des poulains en vue des qualifications ou des chevaux que je vais monter par la suite. J’ai une grande liberté et je peux gérer mon emploi du temps. Je vais où je veux quand je veux. Cela me convient très bien, j’ai trouvé l’équilibre.

Pouvez-vous nous préciser votre parcours. Comment êtes-vous entré dans les courses ?
Je suis originaire de la Vienne. Ma famille est issue du milieu amateur. Mon oncle [N.D.L.R. : Loïc, propriétaire et entraîneur de Clarck Sotho] et mon père [N.D.L.R. : Jérôme] étaient amateurs dans ma jeunesse. J’ai fait mon apprentissage en Mayenne chez Yves Dreux en suivant ma formation au lycée agricole de Laval où j’ai été quatre ans avec un Bac Pro et un BEPA. Je suis ensuite resté en Mayenne tout en faisant les meetings d’hiver à Grosbois. J’ai ainsi travaillé pour Yves Dreux, Jean-Luc Dersoir, Franck Leblanc et Jarmo Niskanen.

Les courses se sont imposées naturellement ?
J’ai toujours été passionné par les courses et le foot. J’avais même tenté des sélections pour le foot mais j’étais trop petit. Au début, ma famille ne voulait pas trop que je me lance dans les chevaux mais la passion a pris le dessus. Mon oncle, Loïc, connaissait Yves Dreux. Il lui a demandé s’il ne cherchait pas un apprenti et je suis rentré directement chez lui. Je suivais mon père tous les dimanches aux courses. Mon père, c’était mon idole. Il courait en amateurs tous les dimanches et j’étais dans ses pattes à chaque fois. Aujourd’hui, il a arrêté de driver. Il se concentre sur son métier d’agriculteur et fait un petit peu d’élevage, avec une certaine réussite.
N.D.L.R. : Jérôme Martin compte actuellement sur le circuit Fine Blonde Lugui (Qualypso Jiel), laquelle s’est imposée quatre fois dont une cette année à Biarritz.

Vous êtes de plus en plus présent à l’attelé. Cette année, pour la première fois, vous êtes presque à l’équilibre entre les deux disciplines (18 victoires au monté et 14 à l’attelé). Quel commentaire ?
C'est vrai que je prends dorénavant plus de plaisir à l’attelé. Ça va crescendo aussi dans mes résultats. On va dire que cela fait deux ans et demi que je cours plus à l’attelé et je m’y sens de plus en plus à l’aise. Ma morphologie, de type jockey et léger, m’a longtemps cantonné au monté. À l'attelé, il a fallu que je fasse mes preuves plus tard, sachant que je suis passé professionnel avec, quasiment, que des victoires au monté. On ne court pas pareil dans les deux spéciaités. Par exemple, les départs sont très différents. Au monté, vous pouvez être le dernier à la corde dans la raquette de départ et réussir à prendre « tête et corde ». Sur un sulky, il faut monter pour trouver sa place. À l'attelé, il faut courir souvent pour être performant. Mon oncle m’a aussi lancé en me faisant pas mal driver et en me confiant un cheval comme Clarck Sotho. Cela m’a fait connaître. Petit à petit, en province, j’ai eu de plus en plus de montes à l’attelé. C’est un peu plus dur dans les réunions Premium.

Arnaud Desmottes à propos de Guillaume Martin : « Il faut plus l’énerver que le calmer. »


Guillaume Martin et sa compagne Valentine

© DR

Vous semblez proche d’Arnaud Desmottes. Comment s’est construite votre histoire commune ?
Au début, j’ai monté un peu pour son père et, un jour, Arnaud m’a proposé d’être le partenaire de Vittorio de Carly [qui a conclu sa carrière avec plus de 500 000 € de gains]. Petit à petit, il m’a fait de plus en plus appel sachant que son premier jockey, Mathieu Mottier, devenait de son côté de moins en moins disponible. On s’entend à merveille. Il me fait driver et monter des très bons chevaux. Il m’a apporté beaucoup d’expérience et on s’entend très bien. Avec Arnaud, tout roule. Il passe en premier dans mes choix de monte car il m’a toujours accordé sa confiance à 100 %. En retour, il a la mienne sans problème. Il peut m’envoyer demain à Cagnes-sur-Mer, j’irai.

Comment organisez-vous vos engagements ?
J’ai un agent Anthony Grueau. Il gère mes montes sachant qu’on fait d’abord en fonction d’Arnaud [Desmottes]. Même s’il n’a qu’un partant, je vais pour lui. Je donne aussi une priorité aux chevaux de mon oncle.

Comment vous projetez-vous ? Des envies de vous installer ?
J’aimerais continuer comme cela jusqu’à 35 ans. Si je vois à ce moment-là que ma carrière n’a pas évolué au meilleur niveau, dans les Groupes, je réfléchirai à faire autre chose. J’aimerais vraiment passer à l’étape supérieure comme pilote. Ce qui me motive, ce sont les Groupes. Gagner une belle course, un Groupe 1, me motive plus que d’être dans le top des pilotes. Ça, c’est l’objectif à court terme. Quant à l’entraînement, je ne m’y intéressais pas beaucoup au départ. On m’a dit que cela venait avec le temps et je crois que c’est vrai car je prends de plus en plus de plaisir à entraîner. Je suis peut-être devenu plus patient. Préparer et qualifier un poulain me rend aussi heureux que de gagner une course.

Comment parleriez-vous de votre façon de monter ou driver ?
Je ne suis pas un fou-fou. Avec moi, un entraîneur comme Arnaud [Desmottes] a dû mal à regarder une course dans son intégralité. Il ne faut qu’il regarde que la fin. [Arnaud Desmottes ajoute sur ce point : « Le début m’énerve, la fin, ça va. Je crois que son pouls bat à 35 au repos et à 30 en course (rires). »] J’essaie de trouver l’entre-deux : d’être à la fois bien réveillé mais pas trop quand même.

Parlez-nous de la relation entre l’homme et le cheval. Ressentez-vous l’énergie de votre partenaire ?
Oui, dès l’échauffement, dès le canter, il se passe quelque chose. On sent quelque chose, en particulier si cela ne va pas aller parce que le cheval ne renvoie rien de positif. Dans ces cas-là, on se met à la corde et on serre les rangs en essayant de prendre une petite place.

Arnaud Desmottes à propos de Guillaume Martin : « Ce n’est pas un jockey pour gagner une course mais plutôt un jockey pour faire une carrière à un cheval. »

Les courses occupent toute votre vie ? Toutes vos conversations ?
Pas vraiment. J’ai des amis hors des courses et on ne parle pas énormément de chevaux. J’ai besoin de parler d’autres choses, de regarder un match de foot avec des amis ou la belle-famille.

Comment gérez-vous les déceptions des courses, inévitablement nombreuses ?
Cela va mieux. Avant, je pouvais faire la tête pendant plusieurs heures ou même plus sur le coup d’une déception. Maintenant, je gère mieux les défaites. Mais je me dis que c’est normal de prendre à cœur les performances de nos chevaux dans ce métier. Il faut savoir analyser et aussi se remettre en cause. C’est important de s’impliquer totalement.


Succès semi-classique avec Girly Béco
Vincennes - vendredi 3 septembre 2021


Une finale à enjeux

Le décor est immuable depuis la création du Trophée Vert il y a vingt ans. Après avoir disputé une douzaine d’étapes durant la belle saison, les meilleurs spécialistes des pistes en herbe se retrouvent sur celle de l’hippodrome de Craon pour la finale dans la seule course labellisée Groupe 3 sur cette surface. Cette année, le rendez-vous est fixé non plus le dimanche mais le lundi des Trois Glorieuses et redevient de ce fait support des enjeux du Quinté+.
Les treize points d’avance de By and By (Niky) à la veille de cette finale vont-ils suffire au pensionnaire de Mathieu Varin pour remporter le circuit et permette ainsi à son entraîneur de faire aussi bien que son père, Emmanuel, vainqueur en 2016 avec Tagada Tagada (Meaulnes du Corta) ? Rien n'est moins sûr car les points sont doublés lors de la finale et Clarck Sotho (Oiseau de Feux), double vainqueur d'étapes en rendant 50m., voit son handicap initial réduit de moitié. « Le cheval est en forme et a repris un peu de fraîcheur. Il a fait un petit travail public dimanche dernier à Royan. Il s’agissait de le ressortir avant le rendez-vous de lundi, explique Guillaume Martin. Il y a des sacrés clients dans cette finale, il ne court pas tout seul. On aura besoin de la bonne course. Le cheval est en forme, l’entraîneur est en forme, tout va bien. » Concernant le classement général et la possibilité d’un titre, le driver ajoute : « On se concentre pour l’instant sur la seule course. Si cela doit arriver, tant mieux. Ce serait la cerise sur le gâteau. » Cash de l'Alba (Offshore Dream), El Tigre Segah (Mourotais) et Duel du Gers (lire ci-contre) peuvent aussi encore prétendre mathématiquement à la première place du du classement général. Freyja du Pont (Quinoa du Gers), lauréate d'étape à Royan, et Elvis du Vallon (Rêve de Beylev) auront eux clairement des ambitions pour la victoire dans cette finale. « Sa course à Montier-en-Der était essentiellement pour la qualifier pour cette finale qui est plus ou moins un objectif, revient son entraîneur Charles Cuiller, car c'est une super course pour lui. Contrairement à sa dernière course, il sera déferré des postérieurs et plaqué aux antérieurs et sera muni d'artifices dont des œillères descendantes. » Au premier échelon, Diego de Cahot (Uniclove) dispose d'une bonne chance mais « il y a deux ou trois meilleurs que lui », souligne Thierry Duvaldestin.
PARTANTS CRAON - Lundi 06 Septembre
5 PX V AND B - (13H50)
Premium - Att. - (3) - 70 000 € - 2 775m
1. EASTON OF MY LIFEA. Barrier
2. CARLITA GIRLA. Ph. Grimault
3. EL TIGRE SEGAHS. Houyvet
4. DEDE DE MONTAURANCh. Corbineau
5. DIEGO DE CAHOTT. Duvaldestin
6. CLYDE DE LA ROCHEA. Thomas
7. DEESSE DE GUERONF. Lagadeuc
8. DIADEME BLUEJ. Ph. Mary
9. CASH DE L'ALBAE. Raffin
10. BY AND BYR. le Creps
11. FREYJA DU PONTJ-M Bazire
12. CE RETOUR D'OSCARJ-P Monclin
13. DUEL DU GERSM. Abrivard
14. BRILLANT MADRIKA. Abrivard
15. ELVIS DU VALLOND. Thomain
16. CLARCK SOTHOG. Martin

Duel du Gers pour une première

Depuis la création du Trophée Vert en 2001, la finale n'a encore jamais été remportée deux fois par le même cheval. C'est le défi de Duel du Gers (Quaker Jet) après son éclatant succès de l'an dernier, au cours d'une édition où il n'avait pas connu la défiate. Cette année, il a dû se contenter de places alors qu'il devait systématiquement rendre 50m., ce qui ne sera pas le cas dans cette finale. « Depuis Granville, j'ai préféré attendre cette course plutôt que de recourir 50m., car ce sont à chaque fois des courses dures. Mon cheval est bien et même très bien », annonce Matthieu Abrivard.

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