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Actualité - 18.09.2021

Le « Normandie » et ses dames

Le palmarès récent de l’Étrier Finale 5 Ans-Prix de Normandie est explicite. Les cinq dernières éditions ont été remportées par une femelle, de Bellissima France en 2016 à Flamme du Goutier l’an dernier. Elle seront majoritaires au départ dimanche, comme depuis 2016, à une exception près, et seront emmenées par leur meilleure représentante, Gladys des Plaines. Question : le dernier classique au monté de la génération va-t-il encore se conjuguer au féminin ?

Cette vague féminine, Gilles Curens est de ceux qui souhaitent ardemment qu’elle se prolonge, au moins encore cette année, avec sa « Présidente » Gladys des Plaines (Opus Viervil). Dans sa cour sur le domaine de Grosbois, il est concentré sur cet objectif. « Cela fait un an que l’on attend cette course », confie-t-il même. Le défi est de taille. Pour s’en convaincre si besoin, il faut en effet remonter onze ans en arrière pour trouver trace du dernier cheval à avoir réalisé l’enchaînement Prix du Président de la République-Prix de Normandie, à savoir Rombaldi. « On est prêts, affirme-t-il. Les deux dernières préparatoires se sont bien passées. Quand elle est battue par Gabiano, elle avait besoin de courir. Ensuite, elle n’était pas du tout sur son parcours et était ferrée lourd, avec des plaques de cuir, si bien qu’elle a eu du mal à rentrer dans sa course avant de bien enclencher à mi-ligne droite, laissant une très bonne impression. Ce jour-là, je voulais lui enlever le bonnet fermé mais, au heat, elle avait eu peur d’un cheval et on a donc revu nos plans. »
Outre le fait que le parcours est fait pour les aptitudes de la jument d'Augustin Radu, Gilles Curens compte pour relever le défi sur un atout qu’il n’a plus utilisé depuis le début de l’année : « La jument n’a pas été déferrée depuis huit mois et j’espère que cela va beaucoup l’améliorer. J’avais peut-être un peu abusé du déferrage en courant beaucoup ainsi ; on avait gagné et c’est le principal mais, la dernière fois pieds nus, elle était moins à l’aise et avait été sanctionnée après enquête. C’est pour ça que je ne l’ai plus déferrée ensuite. Les pieds ont bien poussé et elle sera parfaite dimanche. Ça va vraiment l’avantager ». Et quand il s’agit de désigner un adversaire principal, c’est au féminin que l’entraîneur l’accorde en citant immédiatement Granvillaise Bleue (Jag de Bellouet) comme pour souligner que la domination des femelles sur ce Groupe 1 pourrait bien s’inscrire encore un peu plus dans le temps. « On connaît la capacité de Pierre Levesque à préparer des chevaux pour des objectifs précis, il a su faire ça toute sa carrière. C’est notre adversaire principale, avance-t-il avant d'ajouter. Je me méfie aussi de Gangster du Wallon qui est un peu l’« X » de l'épreuve. S’il retrouve son potentiel au monté au moment du Prix de Vincennes, ce sera peut-être lui le cheval de la course. » Cette interrogation, Damien Lecroq, l'entraîneur du fils de Let's Go Along, la partage aussi (lire en pages 3 et 4).
Sur la ligne de départ, les femelles sont majoritaires (6 contre 4) et pourront donc compter sur le duo qui a dominé la Qualif #4 composé de Girly Béco, une fille de Tiego d'Etang lui-même au palmarès du « Normandie » en 2012, et donc Granvillaise Bleue. La première a pleinement rassuré Maxime Bézier, son entraîneur, qui n'est pas inquiet pour sa jument quant à l'allongement de la distance comme il nous le disait en début de semaine : « Je ne pense pas que la distance la dérange. D'ailleurs, elle a déjà trotté 1'12'' et fractions sur les 2850 mètres de la grande piste ».


PARTANTS VINCENNES - Dimanche 19 Septembre
5 ETRIER 5 ANS FINALE - PX DE NORMANDIE - (15H50)
Premium - Monté - (1) - 200 000 € - 3 000m
1. GLOIRE JOYEUSEJ. Raffestin
2. GRIZZLY BEARE. Raffin
3. GANGSTER DAVANESSA. Barrier
4. GLORIA DU GERSA. Abrivard
5. GIRLY BECOG. Martin
6. GRANVILLAISE BLEUEC. Levesque
7. GOOD LUCK QUICKA. Lamy
8. GOLDY MARYM. Abrivard
9. GANGSTER DU WALLONB. Rochard
10. GLADYS DES PLAINESM. Mottier

Goldy Mary ou l'exemple Flamme du Goutier

Dans une séquence au féminin à la suite de Bellissima France (2016), Casatte (2017), Durzie (2018) et Etoile de Bruyère (2019), Flamme du Goutier a remporté l'an dernier cette épreuve. Mais, contrairement à ses aînées, elle débutait alors au trot monté. Elle est en quelque sorte l'exemple à suivre pour une autre fille de Ready Cash, Goldy Mary, douze mois plus tard sous la selle de Matthieu Abrivard. « Quitte à l'essayer au monté, je voulais le faire dans une très bonne course », justifie ce dernier.

Comme le disait Gilles Curens, Granvillaise Bleue a été minutieusement préparée depuis des mois par la famille Levesque pour arriver au top le jour J et tenter ainsi de faire aussi bien que son aîné et propre frère Vittel de Brévol vainqueur en 2014 sous la selle de David Thomain et déjà sous les couleurs de leur éleveur-propriétaire, Michel Gallier. Jugée sur sa victoire au mois de juin dans la Qualif #3 en 1'12''6 sur 2700 mètres, elle est tout à fait en droit de prétendre à la plus haute marche du podium, d'autant que pour elle aussi l'effet déferrage jouera à plein. « La jument a éclaté cette année et ne fait que progresser, a commenté Camille Levesque lors de la conférence de presse d'avant-course organisée par LeTROT. Elle arrive au top pour le jour J. Depuis qu'elle est déferrée, elle a franchi un palier. Elle a aussi un très bon caractère, ce qui joue beaucoup pour une femelle. »
Outre Gloire Joyeuse (lire ci-dessous), le plateau féminin de cette édition sera complété par Gloria du Gers (Ready Cash) qui retrouve sur son dos Alexandre Abrivard avec lequel elle a terminé 3ème de la Qualif #3 au début de l'été.


Gloire Joyeuse pour faire mieux que Forever Speed
Pour quelque 300 €, Gloire Joyeuse (Rex Normanus) est la moins riche au départ, elle dont les gains sont presque six fois moins élevés que ceux de Gladys des Plaines. Cela n'empêche pas Julien Raffestin, son entraîneur et jockey, d'avoir quelques ambitions : « Je pense qu’elle a le niveau de courir une telle épreuve. On a essayé de la préparer au mieux. Quand elle fait un parcours au trot, elle est capable d’aller avec ces chevaux-là. J’ai fait l’impasse sur la dernière préparatoire car les 2175 mètres ne sont pas du tout son truc. Ça fera un mois sans courir, j’espère que la fraîcheur va jouer dans la balance. L’an dernier, Forever Speed était quatrième de cette course derrière trois champions. J’ai l’impression que c’est un peu moins relevé cette année. J’aimerais bien être sur le podium cette année. Le fait que l’on ne soit pas beaucoup de partants va l’avantager car elle ne démarre pas vite. Maintenant il ne faudra pas qu’elle fasse de faute dans le parcours ».


Gangster du Wallon et les montagnes russes

Majoritaires, les « dames » du « Normandie » auront quand même face à elles l'un des mâles classique (doublement désormais) de la génération avec Gangster du Wallon. L’Étrier Finale 5 Ans-Prix de Normandie est en effet au programme de ce dernier depuis plusieurs mois. Rien de très anormal pour un vainqueur du Prix de Vincennes (Groupe 1). Pourtant, si le pensionnaire de Damien Lecroq aborde ce nouveau rendez-vous fort d’une excellente deuxième place dans le Critérium des 5 Ans, une interrogation demeure et pas la moindre : quel sera son comportement pour son retour au trot monté ?
Avec son triomphe dans le Prix de Vincennes, en décembre 2019, dont on a encore en tête les images de l’explosion de joie de son entourage, Gangster du Wallon (Let’s Go Along) semblait avoir devant lui un chemin tout tracé. Celui du nouveau leader de sa génération six mois après sa deuxième place dans le Prix d’Essai. C’est pourtant une tout autre voie qu’il va emprunter à son corps défendant. Quatre courses dans la spécialité au premier semestre suivant, quatre disqualifications !

Une accumulation de plusieurs choses ont fait que cela n’allait plus monté.
Damien Lecroq


L'arrivée de la Qualif #4 entièrement au féminin avec la victoire de Girly Béco (à droite) devant Granvillaise Bleue (au centre) et Galla de Manche (à gauche), absente dimanche. (© ScoopDyga)
Gangster du Wallon n’est plus que l’ombre de lui-même. Mieux ou pire plutôt, il n’a recouru sous la selle que deux fois depuis cette terrible série pour deux nouveaux échecs. Dimanche, cela fera donc 618 jours que le cheval de la famille Dewaële n’a pas gagné au monté et plus de 250 sans avoir couru dans la spécialité. Pas banal pour un potentiel vainqueur de l’Étrier Finale 5 Ans-Prix de Normandie.
Dans l’histoire récente de ce Groupe 1, on se rappelle parmi ses lauréats de Lazio du Bourg (Tadzio de la Motte) en 2004 qui n’avait plus couru au monté depuis son échec (disqualifiée) dans le Prix de Vincennes vingt-et-un mois plus tôt ou de Késaco Phédo (Caballio In Blue) en 2003 de retour dans une spécialité où il n’avait pas été revu depuis sa disqualification dans le Prix du Président de la République quinze mois auparavant. « Mon cheval n’a plus retravaillé au monté, précise son jeune entraîneur Damien Lecroq. Il est monté seulement à la promenade et je pense même qu’il fera ses deux heats attelé dimanche. C’est une décision quasiment arrêtée dans ma tête. »

Les hauts et les bas
Après son succès classique, Gangster du Wallon a fait passer son entourage par des bas, voire même très bas, et des hauts, très hauts aussi comme sa récente deuxième place dans le Critérium des 5 Ans. « Avec le recul, je pense sincèrement que c’est une accumulation de plusieurs choses qui ont fait que cela n’allait plus quand il courait monté, comme la croissance, sa première saison de monte, etc. », juge Damien Lecroq. Cela ne l’a pas empêché de se poser mille et une questions. « Je me suis gratté la tête, c’est sûr, en sourit-il presque aujourd’hui. Je l’ai même proposé à deux confrères qui me l’ont refusé. Cela m’a fait m’interroger sur la qualité de mon cheval ; peut-être que je le voyais meilleur qu’il n’était finalement. J’en ai fini par douter de lui. »

Les bienfaits du travail à la plage
Cette remise en cause va lui permettre d’essayer de comprendre et surtout d’apporter des solutions. « À la fin du dernier meeting d’hiver, le cheval est parti deux mois à la mer chez Matthieu Lebrec, chez lequel je mets régulièrement des chevaux. Il fallait changer quelque chose, on avait pris de mauvaises habitudes tous les deux. Et puis, il n’y a rien de mieux que le travail à la plage. Il a fait beaucoup de fond là-bas. Matthieu a fait du très bon travail, à tel point que quand le cheval est revenu à la maison, j’ai continué à aller le travailler à la mer, presqu’uniquement, même si c’est à plus d’une heure de camion de la maison. »
Si Damien Lecroq s’est beaucoup interrogé, il a toujours gardé à l’esprit de courir le Critérium des 5 Ans et le Prix de Normandie. « À l’attelé, il avait fait une très bonne rentrée à Cholet et ça a été de mieux en mieux ensuite. Je l’ai couru régulièrement pour lui donner de la maturité en vue du Critérium, explique-t-il. Cet été à Enghien, j’ai été déçu quand il a fait la faute et je l’ai mené ensuite dans le Prix des Hêtres à Cabourg. Ce jour-là, il a eu un mauvais parcours mais j’ai trouvé qu’il avait trop manqué. Peut-être était-il défraîchi… Toujours est-il que cela m’a refroidi. » Gangster du Wallon va pourtant sortir le jour du Critérium une performance remarquable (qui lui vaut d’ailleurs d’être syndiqué dans la foulée) après avoir perdu beaucoup de terrain sur une faute au départ. « J’ai entendu que cela a été un mal pour un bien au final mais ce n’est jamais un bien de partir au galop et de concéder autant de mètres au début dans ces courses-là. » Meilleur finisseur, le partenaire d’Alexis Collette allait échouer de très peu et laisser les honneurs à Galius (Love You).

Un point d'interrogation forcément
Deux semaines plus tard, Damien Lecroq est sûr de la condition de son cheval – « il n’a pas pris dur » - et va le remettre dans une configuration identique au niveau des artifices (débouches-oreilles, petits quarts d’œillères qui s’abaissent. Mais il y a une chose qu’il ne maîtrise pas : « Honnêtement, je ne sais pas comment il va réagir pour ce retour au monté. C’est un gros point d’interrogation. Je me dis et je pense que cela va aller. Si c’est le cas, il ne doit pas sortir des trois premiers mais je comprends parfaitement qu’on ne puisse pas en faire le favori. Je n’aurai la réponse que dimanche. Si ça ne devait pas aller, je serais déçu mais je ne pourrais pas être surpris. J’y vais en pensant vraiment que ça va bien se passer. C’est le message que je vais faire passer à son jockey ». Le jockey en l’occurrence est Benjamin Rochard. « Le choix a été compliqué entre Benjamin et Alexis (Collette) mais, à mes yeux, il est logique que son jockey habituel le monte », conclut l’entraîneur.

Coktail Jet 1'11''2 Quouky Williams 1'14''2
Let's Go Along 1'11''8 Armbro Glamour (US)
Go Along 1'16''7 Buvetier d'Aunou (US) 1'14''4
GANGSTER DU WALLON Cemona Josselyn
Nil du Rib 1'13''2 Viking's Way 1'15''6
Umeda du Wallon 1'15''6 Fleur du Rib 1'15''4
Neige des Hameaux 1'17''6 Blason Clayettois 1'15''3
Vasaloppet 1'22''2
©Scoopdyga
ILS ONT DÉCLARÉ EN CONFÉRENCE DE PRESSE

Comme pour la majorité des événements au Trot, une conférence de presse avait réuni plusieurs acteurs de la grande course vendredi à Vincennes, avant le lancement des opérations de la réunion et diffusée en direct sur la page Facebook de LeTROT.

Ayant interviewé par ailleurs Gilles Curens et Julien Raffestin, nous avons sélectionné les propos de Camille Levesque, Matthieu Abrivard et Alexandre Abrivard.

Matthieu Abrivard - Entraîneur et jockey de Goldy Mary
"C'est une course qui peut sourire aux débutants et comme la mienne a les aptitudes pour, ça se tente. On l'a essayée au monté à plusieurs reprises et cela s'était plutôt bien passé. Elle a de la classe à l'attelage mais elle est également un peu délicate et un peu fragile aussi. Quitte à essayer autant le faire dans une grande course."

Camille Levesque - Jockey de Granvillaise Bleue
"Ma jument est en forme ascendante, ne cesse de progresser et arrive sur la course de dimanche à son top. Il y a des clients mais ma jument est vraiment bien. Les Jag de Bellouet viennent souvent à l'âge comme l'a prouvé notamment son frère Vittel de Brévol. Elle nous a toujours fait bonne impression depuis le début de sa carrière et elle a franchi un cap depuis qu'on peut la déferrer. Elle a aussi un super mental, ce qui est un atout majeur pour une jument. Ses dernières courses lui ont été profitables et sa dernière course était excellente car elle était ferrée et n'était pas sur sa distance. Ma jument sait tout faire et si elle manque un peu de vitesse, je sais qu'il faut la lancer de loin : elle a beaucoup d'atouts dans son jeu."

Alexandre Abrivard - Jockey de Gloria du Gers
"Le cheval à battre ? C'est Gladys des Plaines. Notez bien qu'elle n'a pas été déferrée depuis un moment. Le rythme risque d'être élevé avec des chevaux qui aiment bien aller de l'avant entre Gladys et le cheval d'Éric Raffin (Grizzly Bear). Vous pouvez m'installer la caméra GoPro car vous serez au coeur du peloton, quatrième ligne côté corde. J'ai une chance pour les places et il me faudra la provoquer et à moi de faire au mieux avec une course à l'économie. Selon moi, Goldy Mary est celle qui a le plus de classe à l'attelage."

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