... © SEPT
Actualité - 28.09.2020

Le grand week-end de Bold Eagle

Le crack deux fois au palmarès du Prix d'Amérique a tiré sa révérence des pistes il y a quelques semaines. Pourtant, on a beaucoup entendu parler de Bold Eagle ce week-end. Il a fait feu de tout bois, cette fois dans la position de père de gagnants. Trois de ses produits ont en effet remporté des épreuves importantes en Suède.

C’est la série magnifique pour Bold Eagle ces derniers jours. Brambling et Eagle Eye Sherry ont remporté samedi à Solvalla respectivement le Svenskt Trav-Kritérium (Gr.1), l’équivalent de notre Critérium des 3 Ans, et les Svenskt Trav-Oaks (Gr.1), pour les seules pouliches. Le Critérium se dispute sur 2 640 mètres (autostart) alors que les Oaks sur 2 140 mètres (autostart). D’après nos sources, c’est la première fois qu’un étalon signe ce doublé suédois la même année. Nous sommes là avec les 3 ans, la deuxième génération de Bold Eagle. Dimanche, c’est le 4 ans Aetos Kronos qui enfonce le clou en dominant la seconde éliminatoire scandinave du Grand Prix de l’UET (2 140m auto), organisée à Solvalla toujours. Il le fait à la manière des forts après avoir négocié un tournant en troisième épaisseur puis voyagé nez au vent, à la place du mort, tout en prenant le meilleur sûrement sur l’animateur Guzz Mearas. La coupe est pleine.
La réussite des produits de Bold Eagle n’est pas que suédoise dans l’espace scandinave. Le 13 septembre à Bjerke en Norvège, le 3 ans High Flyer remporte le Norsk Travkriterium (Gr.1). C’est le meilleur poulain de sa génération avec dorénavant cinq victoires et deux deuxièmes places en sept tentatives.
Mais comment expliquer de tels résultats alors qu’en France, malgré des éléments comme Green Grass (Critérium des Jeunes) et Galilea Money (3e du Critérium des 3 Ans), certains font la fine bouche sur le crack dans sa mission d’étalon ? Copropriétaire du crack et courtier, Thomas Bernereau nous apporte un éclairage de l’intérieur.

24H au Trot.- La présence et la réussite de produits de Bold Eagle en Scandinavie s’affirment de plus en plus. Déjà, comment a fonctionné votre cheval avec ces pays ?
Thomas Bernereau.- Sa première année de monte, à 4 ans, il n’a beaucoup travaillé avec les pays nordiques. Il a dû avoir une petite quarantaine de juments, ce qui donne entre quinze et vingt produits en course. Dans cette promotion, il y a Aetos Kronos, double vainqueur de Groupe 1, et Dontlooseallmoney, également gagnante de Groupe 1. Ensuite, au fur et à mesure qu’il a pris de l’envergure en tant que cheval de courses, il a eu plus de juments étrangères et scandinaves, tout en limitant leur nombre car sa carrière a toujours été prioritaire. Sa deuxième promotion inclut le vainqueur du Critérium des 3 Ans finlandais (High Flyer), le gagnant et le troisième du Critérium des 3 Ans suédois (Brambling et Henry Flyer Sisu) et la gagnante des Oaks (Eagle Eye Sherry). A partir de la génération suivante, des 2 ans, il a sailli une centaine de juments étrangères par an.

Il y aura dans un proche avenir des petits "Bold Eagle" aux Etats-Unis et en Australie.
Thomas Bernereau

Comment expliquer une telle réussite en Scandinavie ?
Je pense qu’on s’est un petit peu trompés dans nos croisements, notamment en France, parce qu’on s’est dit que c’était un cheval de type hambleur, avec du poids pour avoir un bon équilibre. Et qu’il fallait le croiser avec des juments françaises, montées, avec beaucoup d’allures. Et finalement, cela n’a pas été une réussite avec ce profil de juments. Par contre, à chaque fois qu’on a mis des juments très américanisées, avec beaucoup de vitesse et de facilité, c’est là où on a eu les meilleurs résultats. Cette année, on a mis (avec ses associés) une dizaine de juments très américanisées. Quand vous voyez sa réussite en Scandinavie avec finalement peu de produits en piste – il y a seulement deux générations en piste avec seulement 40 ou 50 produits en courses –, c’est extraordinaire.

Aetos Kronos et Brambling proposent le même croisement avec des mères qui portent l’empreinte de Muscles Yankee (le père de Muscle Hill) et Conway Hall. Qu’est ce que cela vous inspire ?
Qu’il faut croiser Bold Eagle avec du sang américain influent. Les professionnels suédois l’ont remarqué. Je sais que Lutfi Kolgjini a une pouliche de 2 ans qu’il dit exceptionnelle. Il a d’ailleurs acheté une part de Bold Eagle à la dernière vente du Prix d’Amérique et a dû mettre huit juments l’an dernier à Bold Eagle en Suède. Maintenant, avec seulement deux promotions en piste, on n’a peut-être pas encore assez de recul pour dire si tel croisement est meilleur qu’un autre. Ce qui se dégage, c’est que Bold Eagle croise très bien avec du pur américain, qui ramène précocité, facilité et speed. On pensait que le cheval allait justement ramener ces qualités à notre sang français mais on a l’impression qu’il apporte en fait plus du moteur. Si vous regardez les courses de ses produits, ce ne sont pas des chevaux qui courent cachés et sucent les roues. Ce sont souvent des chevaux qui peuvent commencer à dérouler aux 1500 ou aux 1000 (derniers) mètres. Regardez la victoire d’Aetos Kronos dimanche (photo ci-dessous). A un tour de l’arrivée, il est en troisième épaisseur, il continue à forcer jusqu’à prendre la tête dans le dernier tournant et continue à dérouler jusqu’au poteau. Ce ne sont pas des tactiques souvent utilisées sur ces pistes suédoises avec des pur américains. Bold Eagle leur ramène de la dureté et du moteur, comme Ready Cash d’ailleurs aussi le fait, à l’image de son produit Readly Express.
Le fait d’avoir ces résultats-là, le cheval est de plus en plus demandé aux Etats-Unis et en Australie. Même si tout se fait en France, il y a un protocole de récolte de la semence exigeant avec une sorte de mise en quarantaine assez stricte. Nous n’avions jamais pu le faire avant et le cheval est actuellement récolté pour de la semence congelée pour les Etats-Unis et l’Australie pour 2021. Il y aura des petits Bold Eagle là-bas.

Comment gérez-vous les saillies de juments étrangères, sur place au haras de la Meslerie ou par sperme congelé ?
On a limité en fonction de la bonne gestion de l’étalon en France. Il est liste pleine chez nous, on a une demande importante et aussi des porteurs de parts. Il faut respecter tout cela. On a toujours veillé à ce que le cheval remplisse le maximum de juments. On ne veut pas faire trop de juments pour qu’après il y a des conséquences sur la fertilité ou le remplissage des juments françaises. La fertilité de Bold en France oscille entre 95 et 97 % de juments pleines. On arrive toujours à ajuster le nombre de juments étrangères sachant qu’elles arrivent un peu plus tard dans la saison quand on a une bonne vision des juments françaises déjà pleines.

Qu’attendez-vous maintenant en France ?
On attend en France, comme on a eu dans les pays scandinaves, des gagnants de Groupes parce que les gens attendent cela de Bold. Avec les croisements qu’on voit là-bas, on peut ramener au plus près du sang américain avec des filles ou petites filles de Workaholic ou mêmes des filles de Sam Bourbon par exemple. Je sais que Sébastien (Guarato) a deux "Bold" avec des mères par Sam Bourbon dont il est très content. Il faut vraiment ramener ce côté "américanisant". Il ne faut pas essayer de contrebalancer en disant « il était hambleur, il faut mettre des steppeuses ». C’est une erreur. Il faut ramener de l’américanisation du côté de la jument. En France, on a toujours tendance à monter des chevaux très rapidement en haut de l’affiche et après on leur demande tout la première ou la deuxième année. Il faut laisser la possibilité aux étalons de s’installer, d’avoir plusieurs productions en piste pour les juger.

A voir aussi :
...
Totale réhabilitation de Floréal

Disqualifié par deux fois lors de ses premières courses de la saison 2025, Floréal (Up And Quick) se réhabilite pleinement ce vendredi dans le Prix Pierre-Désiré Allaire (Groupe 3) à Cagnes-sur-Mer. Décalé en deuxième épaisseur au second ...

Lire la suite
...
Le créateur de Betfair
lance l'idée d'un nouveau pari

La crise existentielle que connaît le pari hippique dépasse très largement nos frontières françaises. De l'autre côté de la Manche, les Britanniques sont en proie aussi à de nombreuses questions sur l'avenir du pari et, ...

Lire la suite
...
Maitre Jacques,
au carrefour des influences

Héros du Prix Comte Pierre de Montesson (Groupe 1), Maître Jacques est, en matière de pedigree, au carrefour des influences entre le trotting moderne et celui des origines. Ainsi son « papier » est-il vivement empreint de « jeune » sang amé...

Lire la suite
...
Jacques Cottel :
"Ce que j’aime, c’est gagner"

Jacques Cottel est comme un dénominateur commun entre le Prix de France Speed Race, le Critérium des Jeunes et le Prix de Paris Marathon Race qui s’enchaînent en ces dimanches de février à Vincennes. Sa casaque ...

Lire la suite