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Actualité - 27.01.2022

Feydeau Seven, l’invité surprise

Les deux derniers dimanches de janvier, Feydeau Seven (Redeo Josselyn) était déjà présent à Vincennes et avait gagné par deux fois : le Prix Jean-René Gougeon en 2021 et le Prix de Montréal en 2020.
Après son succès dans le Groupe 2 Prix de Belgique, il sera, bel et bien, au départ de la plus grande course de la journée en 2022. Une participation à laquelle on ne s’attendait pas, mais qui, pour autant, est loin d’être quantité négligeable, surtout qu’elle est orchestrée par l'incontournable de Jean-Michel Bazire, au quadruple poste d’éleveur, de propriétaire, en association avec Alexandre Skowronski, d’entraîneur et de driver. Et comme depuis le forfait de Face Time Bourbon, tout semble possible...

Feydeau Seven 1’10’’ a offert, à la faveur du Prix d'Amérique Races ZEturf Qualif #6 - Prix de Belgique, sa première victoire de Groupe 2, en France, à la casaque d’Alexandre Skowronski. En dehors de nos frontières, c’était déjà chose faite, puisque, l’été dernier, sous la drive de Jos Verbeeck, le cheval avait remporté deux étapes, classées dans la catégorie des Groupes 2, du Tour Européen du Trotteur Français, aux Pays-Bas et en Suisse.
Préalablement, à ce niveau, il avait été deuxième de Féerie Wood dans le Prix Ténor de Baune. A l’échelon supérieur, on le trouve à la cinquième place du Championnat Européen des 5 Ans et à la sixième du Critérium des 5 Ans. Il lui faudra donc franchir un nouveau palier, dimanche, mais, spécialement en l’absence de Face Time Bourbon, allez savoir ce qu’il peut advenir…

Rédéo Josselyn se rappelle à notre bon souvenir
Jean-Michel Bazire est impliqué à plus d’un titre dans la réussite de Feydeau Seven –qui compte, aujourd’hui, dix-sept succès et flirte avec les 600.000 euros de gains–, car, au-delà de son habituelle fonction de metteur au point et de driver, il en est l’éleveur, comme il le fut de sa mère, Unanime Seven 1’14’’, tandis qu’il fut le mentor de son père, Rédéo Josselyn 1’12’’. Un Rédéo Josselyn, fils de Sancho Pança 1’15’’ et de la classique Déa Josselyn 1’14’’ (Armbro Goal), que « JMB » estimait et auquel il fit gagner onze de ses dix-neuf sorties. Mais Rédéo Josselyn dut interrompre sa carrière de compétiteur au printemps de ses 5 ans, restant sur sa place de troisième dans le semi-classique Prix Robert Auvray (Groupe 2), où il s’inclinait de très peu face à Rodrigo Jet et Royal, Lover, tout en précédant Renommée d’Obret. C’est là un trio de chevaux de Groupe 1 et cela situe la valeur intrinsèque de Rédéo Josselyn. Moyennant quoi, ce dernier n’est pas un étalon commercial, officiant à 1.000 euros la saillie, en 2022, sur les terres qui l’ont vu naître, au Haras du Bois-Josselyn. Il n’en a pas moins de vraies têtes de pont, au sein de chaque génération concernée, qu’il s’agisse de Cadel de Cahot 1’13’’ m. (treize victoires et près de 300.000 euros de gains), Diable Ludois 1’12’’ (treize succès et presque 200.000 euros), Ezréal Jiel 1’12’’, classique sous la selle, placé du Saint-Léger des Trotteurs (Groupe 1) et du Prix de Vincennes (Groupe 1), puis vainqueur du Prix Camille de Wazières (Groupe 2), Feydeau Seven, donc, mais également, autre « JMB », Farrell Seven 1’12’’ (onze victoires et 185.000 euros).

Unanime Seven : un profil génétique particulièrement intéressant
À l’instar de Rédéo Josselyn, Unanime Seven a dû renoncer à la compétition au printemps de ses 5 ans, se retirant forte de trois succès et d’un pécule de 50.000 euros. Elle a un profil génétique particulièrement intéressant, dans la mesure où elle est par le double gagnant de Critérium Orlando Vici 1’12’’, étalon influent et améliorateur, et une jument issue d’une trois quarts sœur de la mère de l’excellent géniteur que fut Quadrophénio 1’13’’, lui aussi, soit dit au passage, lauréat de deux Critériums ; or, Quadrophénio n’est autre que le père d’Orlando Vici, d’où un inbreeding de marque (5x4) sur Illusion 1’23’’ (1952-Québec IV), la matrone à la base de cette famille. Un inbreeding renforcé par des consanguinités sur Valiant P (4x3) et sur Chambon P (4x3), soit la classique et traditionnelle alliance Fandango-Kerjacques, dopée, ici, par l’apport de Workaholic, père de mère d’Orlando Vici, et par le côté américain du pedigree de Rédéo Josselyn, dont la mère, soulignons-le, est une propre sœur de Cézio Josselyn, retour à la clef sur le chef de race Speedy Crown (4x5), tout en ne perdant pas de vue que Sancho Pança, auteur de Rédéo Josselyn, amène un courant de sang supplémentaire de Chambon P (3x5x4). En résumé, un fort beau croisement.

Alexandre Skowronski : l’aboutissement d’une longue carrière de propriétaire
Copropriétaire, avec Jean-Michel Bazire, de Feydeau Seven, Alexandre Skowronski vit, avec son champion, une aventure hors du commun. Il commence, qui plus est, l’année 2022 en fanfare, ses couleurs y comptant trois victoires en trois sorties, deux avec Feydeau Seven et une avec Huwaga, qui lui a offert le quinté du 14 janvier, quarante-huit heures avant que son aîné « enfonce le clou ».

24H – Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques jours du grand rendez-vous ?
Alexandre Skowronski – Je ne me mets aucune pression. Vous m’auriez demandé, en début de meeting, si je pouvais avoir un cheval au départ du Prix d’Amérique, je vous aurais répondu : « Même pas en rêve ! » Alors, là, évidemment, je suis comblé ! On verra bien ce qu’il adviendra. Cela étant, le cheval gagne vraiment bien, l’autre jour, après la faute de Davidson du Pont. Sa fin de course est très belle. Aussi, je me dis que, dimanche, il est capable d’aller en chercher quelques-uns dans la ligne droite !

j’ai connu Jean-Michel tout gamin, alors qu’il avait 5 ou 6 ans
Alain Skowronski

©Aprh
Depuis combien de temps avez-vous des chevaux de course ?
Depuis près de cinquante ans. J’y suis arrivé par l’entremise d’un ami, qui m’a vendu la moitié d’un cheval, puis d’une poulinière. C’était, de mémoire, en 1973. Mon premier très bon sujet a été Polanska, chez Philippe Lemétayer, qui a gagné, montée, le même hiver, les Prix Reynolds, de l’Ile-d’Oléron et de la Camargue. On avait couru le « Cornulier » avec elle, mais elle y a été disqualifiée. C’est une jument que j’avais élevée. Aujourd’hui encore, je fais de l’élevage. J’ai deux poulinières chez l’habitant, comme j’aime à le dire, à l’Elevage des Trois Rivières, près de Caen.

Quels sont les autres principaux chevaux qui ont balisé votre carrière de propriétaire ?
Depuis le temps, il y en a un certain nombre ! A l’époque où je travaillais avec Jean-Claude Hallais, il y a Quasida du Pont, que nous avions réclamée aux Rayon. Un hiver, elle nous a gagné quatre courses du niveau des quintés et s’est classée deuxième, entre Quiton du Coral et Rénoso, du Prix Marcel Laurent. Cette année-là, nous l’avions même alignée dans le Prix de France. Sinon, plus récemment, je citerai Illys Way, Kasida, Uwaga, la mère d’Huwaga, Aupiquaria

Vous aviez déjà Unanime Seven, la mère de Feydeau Seven, en partenariat avec Jean-Michel Bazire ?
Oui. Elle a gagné trois courses, deux à Caen et une à Vincennes, mais elle a dû arrêter sa carrière prématurément. Lorsqu’elle a jeté l’éponge, Jean-Michel m’a demandé de la lui laisser à l’élevage en me disant qu’il me céderait la moitié de ses produits à la qualification de ceux-ci. C’est ce qu’il a fait avec Feydeau Seven, le premier et, hélas, le seul d’entre eux, car la jument n’a pas pu en avoir un autre. « Feydeau » est par Rédéo Josselyn, un cheval qu’entraînait également Jean-Michel et qui avait de la qualité, mais n’a pu l’exprimer complètement, en raison d’ennuis de santé. En outre, c’est un fils de Sancho Pança, le crack de mon regretté ami, Eric Beyersdorf.

On sent que vous attachez beaucoup d’importance à l’amitié, y compris au travers de votre parcours dans le monde des courses…
C’est vrai. Eric Beyersdorf a été mon ami et associé. Pour la petite histoire, c’est lui qui m’a procuré la saillie de Haut de Bellouet, grâce à laquelle j’ai fait naître Polanska. Il a participé aussi de l’aventure du Syndicat des Propriétaires, dont j’ai été l’un des fondateurs, avec Didier Van Themsche et Jacques de Saint-Sauveur, avant d’en être le président pendant plusieurs années. Michel Bazire, le père de Jean-Michel, était, pareillement, un grand ami. De la sorte, j’ai connu Jean-Michel tout gamin, alors qu’il avait 5 ou 6 ans. Cela crée des liens.


Jean-Michel Bazire : Monsieur « Qualif » !

Jean-Michel Bazire est décidément passé maître dans l’art de qualifier ses chevaux pour le Prix d’Amérique. Dès la première épreuve qualificative, le Prix de Bretagne, le 21 novembre, il obtenait son droit d’entrée avec Ganay de Banville, troisième de Face Time Bourbon et Etonnant. Certes, victime d’un problème, Ganay de Banville ne sera finalement pas là, mais il n’empêche que, d’emblée, il était qualifié. Dans le deuxième tournoi qualificatif, le Prix du Bourbonnais, le 12 décembre, c’était au tour de Rebella Matters de décrocher sa place en se classant troisième des mêmes Etonnant et Face Time Bourbon, arrivés, cependant, cette fois, dans l’ordre inverse. Une Rebella Matters qui confirmait, un mois plus tard, dans le Prix de Belgique, la dernière course qualificative, à la même troisième place, tandis que son compagnon d’entraînement, Feydeau Seven, gagnait son billet en franchissant le poteau en tête. Dans l’intervalle, seul le Prix de Bourgogne n’aura pas souri aux protégés de « JMB », Davidson du Pont et Zacon Gio s’y montrant fautifs, mais, qualifiés par les gains, ils seront tout de même au départ le jour J.

Sancho Panca 1'15''2 Chambon P
Redeo Josselyn 1'12''3 Dulcinee
Dea Josselyn (US) 1'14''5 Armbro Goal (US)
FEYDEAU SEVEN Quezira 1'17''3
Orlando Vici 1'12''7 Quadrophenio 1'13''9
Unanime Seven 1'14''8 Irlande du Nord
Elegante Biche Kepi Vert 1'16''2
Hotesse Biche
©Aprh

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