Le Label EquuRES Hippodrome : en marche vers l'avenir
Créé en 2014, le label EquuRES est devenu une véritable marque de la filière cheval. D’abord à vertu généraliste dans les domaines de l’environnement et du bien-être animal, et conçu comme un guide de bonnes pratiques à destination des entreprises de la filière, il n’a cessé de se décliner depuis. De plus en plus présent dans l’univers hippique, il propose dorénavant une variante spécifiquement adaptée aux sociétés de courses. Les premiers candidats sont désormais devenus labellisés. La communauté EquuRES Hippodrome s’agrandit au fil des mois. On compte désormais 29 hippodromes détenteurs de la marque. Focus sur ce label appelé à se développer encore et qui permet aux courses d’intégrer en mode accéléré les enjeux d’avenir de nos sociétés.
Label EquuRES. "Equu" qui vient du latin Equus et signifie cheval, et "RES" pour responsable. Ce label a fait son apparition comme une réponse au renforcement des exigences réglementaires et sociétales en matière d’environnement et de bien-être animal. Dans un souci de venir en aide aux différentes entités qui accueillent les chevaux, le respect de ce label permet à tout une filière équine de maîtriser sa qualité environnementale.
Le label EquuRES est la seule démarche spécifiquement développée pour les entités de la filière équine. En parallèle, le label EquuRES Hippodrome est la première marque de qualité spécifiquement adaptée aux hippodromes. L’environnement et le bien-être animal sont au cœur des préoccupations. Le label EquuRES permet l’anticipation et ainsi la filière équine est dotée d’un outil pour respecter sa qualité environnementale. Qu’il s’agisse d’économies, d’énergie, de maîtrise des flux, préservation des ressources et de la biodiversité, qualité des sols, de l’eau, de l’air, bien-être animal, les sujets sont tous étudiés avec l’apport de réponses claires.
Par ce label officiellement reconnu par le Ministère de l'Agriculture, les responsables s’engagent à garantir aux chevaux bien-être et sécurité, avec un comportement éthique, responsable et respectueux de normes strictes en matière environnementale.
Une démarche à plusieurs objectifs
Se lancer dans une labellisation EquuRES Hippodrome, c’est s’interroger sur toutes les actions qui font vivre une société de courses mais aussi sur tous les clients ou bénéficiaires des courses. Gérard Cazeneuve, président de la société des courses de Beaumont-de-Lomagne, nous éclaire : "Je dirais que c’est une démarche de responsabilisation et d’engagement en direction de plusieurs destinataires : le public, les socioprofessionnels, les élus locaux et les institutions des courses. Cela nous permet en fait de réfléchir à tout ce que nous faisons, de l’accueil des chevaux à celui du public. Le label est très vaste dans les sujets abordés qui incluent la restauration sur l’hippodrome, les actions environnementales, la maîtrise de nos émissions de déchets, etc. C’est une démarche vertueuse qui nous aide à mieux faire." Outil d’aide à l’organisation, le label EquuRES est aussi un levier de communication important dans une logique de progrès. Le label doit se faire connaître dans l'entourage des hippodromes. Ce sera la démarche entreprise par Gérard Cazeneuve au printemps : "Pour l’instant, on n’a pas vraiment communiqué sur notre label mais c’est prévu de le faire au début de notre saison, en avril. Cela permettra dans nos médias locaux de parler de nous."
Un accompagnement intégré
La démarche de labellisation ne se conduit pas seule. Les promoteurs du label sont en soutien des hippodromes. Katie Clifford, chargée de projet développement durable et bien-être animal pour le label EquuRES, nous éclaire sur le sujet : "Nous organisons en relation avec les Fédérations régionales des courses des sessions de découverte, présentation et formation. Cela se passe en général sur une journée. Cela a été le cas l’an dernier à Saint-Malo pour la Fédération Ouest et au début d’année à Angers avec la Fédération Anjou-Maine. Cela permet d’échanger sur les grands thèmes et de répondre aussi concrètement à plus points du questionnaire du label. "
Les origines
Au début des années 2010, plusieurs membres du Conseil des Chevaux de Basse-Normandie (CCBN devenu le CCN) réfléchissent à la création d’une marque qui ferait le lien entre environnement et cheval, adaptée comme il se doit. La société évolue, et la vie sociale ou économique doit répondre de plus en plus à cet enjeu. Cette action prend forme en 2014. Les institutions européennes de Bruxelles sont un gendarme intransigeant et il est important de se faire reconnaître. "Face à un risque de réglementation forcée, sans consultation des professionnels, nous avons préféré anticiper et élaborer un référentiel", avait déclaré Paul Essartial, alors Président du CCBN. "Le label sera une reconnaissance à Bruxelles, qui ne reconnait que les filières organisées. Ainsi, nous montrons que nous sommes capables de nous organiser."
"C’est une nécessité de réfléchir sur le long terme", avait ajouté Hubert Honoré, Vice-Président du Syndicat des Eleveurs des chevaux de sang. "Ce sera un bienfait pour tous. L’esprit d’EquuRES, c’est d’accompagner et d’encourager ce qui fait le cœur de notre métier : l’observation du cheval. Le bien-être animal ne se résume pas à la distribution de médicaments. Cela se construit aussi, tous les jours, par un environnement de qualité."
Des mots qui ont presque dix ans et qui sont plus que jamais au centre de l’actualité. Il est aujourd’hui le seul label national en faveur de l’environnement et du bien-être animal, développé spécifiquement pour les structures de la filière équine.
Qui est concerné par EquuRES ?
Chaque structure de la filière cheval peut être "labellisable". Qu’il s’agisse d’un centre équestre, d’une écurie de compétition, un établissement consacré à l’élevage, des hippodromes, des cliniques vétérinaires équines… Aujourd’hui, on recense plus de 200 établissements agréés.
Pour répondre aux spécificités de chaque type de structure, le label se décline en trois catégories :
• Exploitations équines (EquuRES)
• Hippodromes (EquuRES Hippodrome)
• Évènements équestres (EquuRES Event) - Parmi les événements labellisés en 2022 et 2023 : Mondial du Lion-d'Angers, Normandy Horse Meet'Up, Salon du Trot de Normandie, 5 événements Grand Prix (sport équestre)
Les thématiques intégrés dans le label EquuRES
1/ Transport
2/ Eau
3/ Exploitations
4/ Fumier, Déchets
5/ Bâtiments
6/ Energie
7/ Alimentation
8/ Paysages
9/ Soins
10/ Communication
Pour les hippodromes (EquuRES Hippodrome), les conditions sont les mêmes mais regroupées sur neuf points, dont la restauration. Un guide EquuRES avec un recueil des bonnes pratiques est édité pour aider les candidats au label à s’améliorer.
Comment obtenir le label ?
L'attribution du label repose sur 3 étapes :
• Une auto-évaluation, par le candidat
• Une évaluation sur site, par un auditeur agréé, qui vérifiera le respect de l'ensemble des critères de l'autodiagnostic autour de la règlementation environnementale, du bien-être animal et de la santé des chevaux, de l'utilisation des ressources (eau, énergie), du recyclage des déchets, de la préservation des milieux...
• La validation du rapport de l’évaluateur et la certification de l'entreprise. Le nouveau labellisé reçoit alors son certificat de labellisation, servant d'attestation officielle
Le label est ensuite décerné selon trois niveaux, avec la démarche de viser une amélioration de chaque structure : Engagement, Progression et Excellence.
TÉMOIGNAGE D'HIPPODROME : AGEN
"Une fois le pas franchi, tout se déroule aisément. Le jour de l'audit, les points de l'auto-évaluation sont repris un à un, et les conseils d'amélioration préconisés sont pour la plupart peu coûteux ou peuvent encore être uniquement d'ordre organisationnel. Quelques efforts doivent donc être consentis par les hippodromes pour répondre aux exigences du Label EquuRES mais ils sont tout à fait raisonnables par rapport à l'enjeu de cette démarche vertueuse", témoigne Jean-Philippe Semeillon, Président de la société d’Agen.
34 hippodromes labellisés
Une dernière vague de 5 hippodromes vient de rejoindre les 29 qui avaient précédemment réussi avec succès leur labellisation.
Ces cinq derniers entrants sont : Machecoul, Pornichet- La Baule, Orléans, Vannes et Loudéac.
Liste des 29 premiers labellisés :
Cabourg, Clairefontaine, Deauville-La Touques, Chantilly, Lyon-Parilly, Lyon-La Soie, Mauquenchy, Evreux, Les Andelys, Fontainebleau, Feurs, Rambouillet, La Ferté-Vidame, Agen, Saint-Galmier, Saint-Aubin-les-Elbeuf, Francheville, Argentan, Montluçon, La Capelle, Aix-les-Bains, Beaumont-de-Lomagne, Nort sur Erdre, Chartres, Tours, Ploermel, Pau, Laon et Gournay-en-Bray.
Le vivier français des hippodromes français est vaste (de l'ordre de 230) mais ce qui frappe, à la lecture de ces noms de labellisés, est leur variété. Katie Clifford confirme :
"C'est une démarche accessible à tous les hippodromes, quelle que soit leur taille ou leur catégorie. Cela ne concerne pas seulement les premières catégories avec des réunions Premium mais bien bien tous les hippodromes."
Pour les hippodromes provinciaux, véritables lieux de société avec (toujours) de fortes affluences, il est important de véhiculer les messages environnementaux du label EquuRES.
"À travers ce label, nous souhaitons démontrer notre attachement au bien-être animal et notre sensibilisation aux mesures environnementales auprès du public présent mais également envers la municipalité", affirme Jean Coustères, Président de la Société des Courses d’Evreux.
"C’est une véritable reconnaissance. Chaque jour, l’équipe travaille à fournir le meilleur environnement possible aux chevaux, aux professionnels et aux spectateurs", poursuit Clotilde Hénault, responsable promotion à la Société des Courses de Pornichet.
"Notre engagement dans cette démarche de qualité environnementale et de bien-être animal a engendré une émulation dans nos équipes et a généré de nombreuses initiatives à travers la prairie fleurie, des nichoirs, des ruches pour les abeilles ou encore la plantation d’arbres en compensation carbone", déclare de son côté Olivier Chasselout, Président de Gournay-en-Bray.
Quid des établissements de trot ?
Dès 2014, l’écurie des Corvées de Gérard et Anne Raulline, dans la Manche, est devenue un site pilote pour travailler à l’élaboration du label environnemental et du bien-être animal EquuRES. Aujourd’hui, des écoles comme l’Afasec de Graignes, de Grosbois, ou l’Atelier Hippique Lycée Laval l’ont décroché. Du côté des centres d’entraînements ou d’élevage, on peut remarquer les présences de l’Ecurie Aurmath de Stéphane Meunier, labellisée depuis 2014 et très récemment une nouvelle fois confirmée, l’Ecurie Etienne Lefranc, l’Ecurie JB Dagorn (Jean-Baptise Dagorn), l’Ecurie Fac de François Cotreuil, et le Haras d’Ecouché, site d’élevage qui fut l’un des premiers reçus sous l’impulsion de Marien Tourraine et Nicolas Menand.
Les effets d’une telle politique au quotidien
Le bien-être animal est une notion finalement assez large avec des nombreux effets. L’amélioration de la santé du cheval, du comportement, de la performance, de la sécurité des cavaliers, sans oublier des économies et un relâchement de la pression de la société. En l’espèce, chaque labellisé peut aussi bénéficier de conseils pour réduire les consommations d’eau et d’électricité, et accéder gratuitement à des journées techniques animées par des experts.